Terrain de sport et vol à corps armé...

[Parc => Rencontre...Fracassante]

Oh ouiiii, Ayame connaissait Kureno, ça, pas de problème... Enfin, pour le coup, elle avait presque pris cette réplique de travers, cette dernière seyant tellement bien à d'autres considérations. Bref. Ils se mirent en route, Kureno pas contrariant pour un sou, enore heureux... Un sourire satisfait s'étala sur ses lèvres, et elle se mit à réfléchir. Hmmm... Voyons. Où pourraient-ils bien aller, pour trouver un imbécile heureux à pigeonner/voler? Peut-être sur ce vieux terrain de sport, pas très loin d'ici, peu fréquenté le soir si ce n'est par quelques jeunes, soucieux d'être laissés tranquilles pour s'entraîner, se la couler douce et... Bref! Voilà. C'était parfait. En plus, Ayame avait vraiment envie de se payer un petit moment de tranquillité dans l'ambiance "soir paisible à l'ombre d'un panier de basket". Ca lui permettrait de faire d'une pierre deux coups. Puis Kureno prévint qu'il allait appeller quelqu'un. Ayame tourna un regard vaguement interrogatif sur lui, et sans cesser de marcher, acquièsça. Qui pouvait-il donc appeller à cette heure en fait? La réponse lui vint rapidement, tandis que le correspondant de son très cher ami répondait. Ah! Son colocataire. Ayame laissa un sourire amusé gagner ses lèvres, puis elle tourna la tête pour regarder devant-elle, secouant la tête avec condescendance. Ce gars de première année était complètement cinglé... A quoi bon appeller cet énergumène? Lorsqu'on voyait des tétards à crète rouge et des perroquets à roulettes partout, on ne s'étonnait pas du simple retard de son coloc pour rentrer, tout de même... Quoiqu'avec Andrei, on ne savait jamais, mais bon. La jeune femme laissa un rire moqueur lui échapper, à entendre parler des... trolls des poubelles, puis elle laissa Kureno achever cette courte mais suffisante discussion, avant de commenter à ce sujet:

"Des trolls des poubelles... Ce gosse est irrécupérable, je sais pas comment tu fais pour le supporter tous les soirs vieux..."

Sans s'étonner de ce geste, elle laissa Kureno passer un bras au dessus de son épaule, et alla jusqu'à sourire avec plus de contentement encore. Ils allaient passer un bon moment... dans le genre castagne certes, mais un bon moment. La suite des évenements, demandait-il? Eh bien... Coup de chance qu'elle en ait déjà décidé, sans même ne seconde de réflexion, elle pu lui répondre à ce sujet:

"Le vieux terrain de sport, pas loin... Il y a toujours un crétin pour y traîner, puis c'est plutôt sympa comme coin, pour se reposer..."

Elle continua donc d'avancer... Pour bientôt sortir du parc, puis de l'université. Vint le temps de passer dans les rues de la ville, avec insouciance, et tandis que peu à peu, le crépuscule rougeoyait de ses dernières forces vitales, pour que le ciel commence à s'assombrir, signe que la nuit arrivait à grand pas. Lorsque Kuro et elle-même arrivèrent au stade... On y voyait déjà tout en contre-jour. Et il ne semblait pas y avoir grand monde, aussi. Elle laissa une moue contrariée la gagner, puis elle retira la main de Kureno de son épaule si elle y était toujours, pour s'avancer un peu, et balayer le coin des yeux. Personne? Ah nan hein! Ce soir, elle devait avoir de la chance! Puis elle avait la flemme d'aller aill... Ah. Retournement de situation agréable, et qui la fit sourire à pleines dents, et échapper un ricanement plutôt méchant. Là-bas... Près du grillage. La silhouette d'un ado se détachait. Il semblait faire les cents pas, genre il attendait quelqu'un. Ca tombait bien, Ayame aussi! Et elle se faisait déjà une joie de prendre la place de celui pour qui le gamin patientait... Elle tourna donc, et commença sans attendre à s'approcher. Le gosse ne comprit pas de suite... A vrai dire, Ayame n'avait pas tenu à l'effrayer d'office, n'ayant pas envie de le voir se sauver. Elle avait pris l'air avenant, pour deux secondes seulement. Son physique aidait à amadouer ses victimes, il fallait bien avouer... Elle n'allait pas gâcher cet avantage en prenant une mine patibulaire dès le début de l'affrontement, hein? Bientôt, elle fut devant lui, l'air comme d'avoir besoin de demander un renseignement. Le gosse pour sa part semblait ne pas vraiment se méfier, et malgré sa gueule d'innocent, il la regardait bien plus souvent en dessous de la tête que dans les yeux... Ouais bah comme d'hab quoi, vive les premières rencontres... Puis elle passa une main dans ses cheveux, pour remettre une délicââââte mèche derrière son oreille et... Soudain laissa le masque s'effondrer. Ses traits se durcirent, dans un rictus méchant, sa main s'abattit contre le jeune homme, qui avant même d'avoir compris ce qu'il lui arrivait était déjà à moitié soulevé par le col, et plaqué contre le grillage peu confortable, utilisé comme matelas, du terrain de sport... Elle le dépassait d'une tête, et c'était un poid léger... Une cible facile quoi, elle n'en revenait pas de sa chance. Avant même que le pauvre bougre ait le temps de comprendre ce qu'il lui arrivait, ou de sortir quoi que ce soit, Ayame lui indiqua la couleur... qui le fit d'ailleurs pâlir méchamment:

"Bon ok, t'es bien mignon, mais on mate pas gratuitement..."

Prenant une moue indifférente, voire blasée, elle se baissa, pour regarder la gueule du sac qu'il portait en bandoulière... Mouais. Pas top, mais potable. Ca lui irait bien le temps de pouvoir en racheter un à son goût...

".... Mouais. Bon je t'explique, en deux mots; vide ton sac, file le moi avec ton porte monnaie, et je laisse ta petite gueule de fils à papa en état, sinon je te relooke, et au prochain halooween tu n'auras même pas besoin de te déguiser... C'est compris?"

Ayame était peut-être une fille, mais elle en avait assez fait pour que le p'tit gars comprenne que ses menaces n'étaient pas du vent, et qu'elle avait les compétences necessaires pour le renvoyer chez lui les pieds devant, si elle l'avait souhaité... Elle le poussa un grand coup contre la grille de fer, histoire de donner plus de poids à son dicours, puis elle le lâcha, sans pour autant baisser sa garde... Pas question de se faire trouer par un canif, ou de le laisser se sauver comme ça...

[ post disparu pour des raisons techniques et stupides '_' ]

Satisfaction intense... Le gosse allait pisser dans son froc, si ça continuait comme ça. Surtout qu'il semblait avoir un peu de mal à s'exécuter, et qu'Ayame sentait qu'elle allait devoir le menacer un peu plus encore pour le décider à lui donner sac et porte-monnaie. Qu'attendait-il l'abruti, franchement? Que quelqu'un lui vienne en aide? C'est bien ce que semblaient dire les coups d'oeil qu'il jetait ici et là, à droite à gauche, comme autant d'appels au secours couinants... Tss. Une véritable lopette. Ayame soupira, impatiente. Le gosse n'allait pas la faire attendre longtemps.

Et en effet, elle n'attendit pas longtemps, pour d'autres raisons que celles qu'elle aurait imaginé. Alors qu'elle n' s'y attendait pas, Kureno prit la parole. Visiblement, ce n'était pas à son encontre... Sans lâcher le gosse ni baisser sa garde elle tourna donc un regard vif en direction de son ami... Pour le trouver en proie avec trois espèces d'abrutis. Raaah... Non mais merde, elle qui avait pensé à un coup facile... Voilà que ça finissait en deux contre quatre. Fort peu impressionnée, elle se contenta de prendre un air blasé, et une moue ennuyée. Bon. Au moins, ils allaient avoir de quoi se défouler... Ca faisait longtemps qu'elle avait pas démonté de machoire. C'est bête, mais c'est vrai que ça lui manquait. Ce qui était dommage tout de même, c'est que Kureno se soit trouvé dans cette situation délicate, de départ... Ayame n'aimait pas devoir gérer des "otages". C'était toujours assez casse-tête. Elle regarda monsieur Grosse Brute sortir son canif. Mouais... Armés, hein? Il allait falloir faire attention, mais au final, ça ne l'inquiètait pas plus que ça. Elle avait un niveau suffisant pour gérer ce type de situation, et les adversaires quant à eux n'avaient pas bien l'air malin, ni doué. Elle plongea donc un regard plus que provocateur voire méprisant dans celui du gars qui tenait Kureno en respect... Ca, elle allait pas leur donner le plaisir de faire style de les prendre au sérieux. Si ils s'avéraient moins craignos que leur gueule l'annonçait, on verrait, mais pas habitude, Ayame savait qu'il n'y avait pas 10% de chances que cela n'arrive... Si bien qu'elle décida de profiter à fond de ce petit moment conflictuel, comme elle les aimait:

"Oh j'ai trop peur... Tu comptes peut-être m'intimider avec ton cure-dent, l'athlète?"

Elle ne lâcha pas le gamin... Au contraire, elle raffermit sa prise sur son col, et le rapprocha d'elle, avant de se tourner face aux trois clampins, et d'avancer en forçant mister Mauviette à en faire autant. C'était définitif... Celui-ci était innoffensif. Si il tentait quoi que ce soit, elle le verrait venir à 3km... Un large sourire moqueur se dessina sur ses lèvres, ce avant qu'elle n'échappe un ricanement méchant, et continue sur cette lignée:

"Franchement...Vous êtes nuls les gars. Attaquer les gens quand ils ont le dos tourné; utiliser des otages histoire de pas avoir à vous battre, c'est ça vos méthodes? Pi-toy-able."

Son sourire s'élargit encore. Elle adorait remettre ce genre de pseudo-caids à leur place, et leur mettre leur couardise sous le nez... Ils voulaient les emmerdes? Ok. Ils les auraient. Mais dans les formes alors... Ayame allait leur lancer un défi. Ca serait déjà nettement plus estimable... Et surtout, ce serait nettement plus marrant. Violemment, elle jeta le gosse en avant, comme pour le rendre à ses amis. Celui-ci se ramassa donc par terre avec violence, mais complètement affolé se releva bien vite, pour rejoindre ses abrutis de potes. Voilà... Ca, c'était fait. Maintenant, on posait les règles du jeu. Elle plaça une main sur sa hanche, et de l'autre, ramena ses cheveux en arrière:

"Je vous propose un truc... Quitte à se friter, autant se friter dans les règles."

Elle s'avança en direction du petit groupe, et défia chacun de ses membres du regard, tout à fait confiante. Elle allait les ridiculiser...

"Lâchez mon pote et que le meilleur gagne... Si vous perdez, je prend tous vos fringues... Et le sac, et le porte monnaie du gosse aussi. Notons que vous pouvez aussi vous barrer en courant, mais si vous n'avez même pas les couilles de vous battre en face à face contre moi, je propose d'aller de suite vous suicider..."

Ce qu'elle ne disait pas, dans l'histoire, c'est qu'elle avait une expérience au combat qu'eux n'avaient certainement pas. Mais ça ne changeait rien, et ce serait nettement plus drôle de voir leur tête lorsqu'ils le découvriraient en plein dans le feu de l'action.

Evidemment, ce n’était pas trois rigolos qui allaient impressionner quelqu’un comme Ayame. Elle en avait vu d’autres, la yankee. Kureno, de son côté, était sûrement moins bien expérimenté. Après tout, il tenait plus du coureur de jupons que du racketteur délinquant. Aussi, il préféra ne pas agir tout de suite, laissant l’initiative à son amie. Il était habitué à prendre des baffes, mais pas de la part de brutes épaisses, comme l’individu qui le tenait par le col. Il resta tranquille, gesticulant le moins possible, et tournant le regard à maintes reprises pour ne rien rater de la scène qui allait suivre. Ayame, de son côté, affichait surtout une expression blasée sur son visage. La situation avait l’air de l’ennuyer plutôt que de la déstabiliser. Sans lâcher sa victime, elle se retourna vers les trois imbéciles, et leur répliqua avec arrogance. De toutes évidences, elle n'avait pas pris leurs menaces au sérieux.

Kureno s’était douté d’une réaction de ce genre, de la part de son amie. Ayame n’était pas le genre de personne à devenir obéissante à la moindre provocation. Et le tatoué s’en était visiblement rendu compte, fronçant les sourcils sans lâcher son coupe-papier. La fille continuait de mâcher inlassablement son chewing-gum, et la brute laissa s’échapper un grognement. Tandis qu’Ayame s’avançait vers le trio, Kureno cherchait à s’en éloigner progressivement, malgré la poigne du lourdaud. Le ricanement de son amie le stoppa net, tandis qu’il se retourna en direction de celle-ci. Elle se mit, à son tour, à provoquer le petit groupe, surtout en ce qui concernait leurs méthodes. Attaquer dans le dos en prenant des otages, hein ? C’est vrai qu’il y avait mieux dans le genre ! Kureno aurait sans aucun doute validé ce point, si la grande brute ne l’avait pas subitement tiré vers elle après avoir remarqué son manège. Une moue s’afficha sur le visage du tatoué, qui secoua vaguement la main qui tenait le canif.

"Hé, voilà ce qui arrive quand on s’attaque à deux contre un."

Mais Ayame enchaîna aussitôt. D’un geste violent, elle jeta sa proie en avant, peu avant qu’elle ne se ramasse méchamment. Ses compagnons jetèrent un vague coup d’oeil à son égard, sans pour autant l’aider à se relever. Kureno, lui, ne put s’empêcher d’éclater de rire quand le môme se retrouva par terre, malgré sa situation. Mais la brute qui le tenait ne chercha même pas à le faire taire, trop occupée à observer les différents protagonistes de la scène. Une fois que le quatuor était au complet, Ayame en profita pour faire une proposition au lot : un combat dans les règles. Elle paraissait on-ne-peut-plus confiante. Cela n’inquiéta pas Kureno, qui avait cessé de rire entre temps, mais il avait l’air tout de même moins sûr de lui. Suite à cette provocation, la brute serrait les dents et le tatoué levait un sourcil. Puis, la bulle de la punk éclata, peu avant qu’elle ne prenne la parole, l’air austère.

"Un défi ?"

Ayame s’avança et proposa les règles. Eux quatre contre elle et Kureno. Si ces derniers l’emportaient, la jeune femme récupérerait le porte-monnaie, le sac, et... leurs vêtements ? Son ami ne comprit pas où elle voulait en venir, levant simplement les deux sourcils, l’air surpris. Il semblait plus intrigué par la subite envie d’Ayame d’avoir les vêtements de ces imbéciles, qu’intéressé par le défi qu’elle leur avait lancé. Il en arriva à la conclusion qu’elle ne voulait pas les vêtements de ces individus pour elle, mais juste pour les obliger à se retrouver en sous-vêtements. Voire sans sous-vêtements. Scène qui fit sourire le jeune homme, changeant alors subitement d’expression.

Du côté du quatuor, la punk pencha légèrement la tête sur le côté, tandis que le tatoué grommela un moment. Après quelques secondes de réflexion, ce dernier se retourna vers la brute et hocha légèrement la tête comme pour lui dire de lâcher Kureno. Ce qu’il fit, plutôt brusquement d’ailleurs. Le jeune homme tituba et manqua de tomber par terre, à l’instar de la tête-à-claques. Une fois arrivé à quelques centimètres de son amie, il se redressa en époussetant légèrement ses vêtements. Il jeta ensuite un regard arrogant en direction des quatre imbéciles qui ne tardèrent pas à se mettre en cercle. Kureno se retourna alors vers son amie, un large sourire sur les lèvres, et s’adressa à elle tout en posant son bras sur ses épaules.

"Ben dis donc ma grande, je t’avais jamais connue sous cet angle ! Génial le coup des fringues, je les imagine bien rentrer chez leurs mères en slip !"

Un rire franc, tandis qu’il secoua légèrement Ayame. Mais il reprit bien vite son sérieux. Profitant du contact qu’il avait avec la yankee, il rapprocha cette dernière de lui afin que leurs visages ne soient plus qu’à une vingtaine de centimètres l’un de l’autre. L’air confiant et intéressé, il s’adressa à elle d’une voix moins forte que précédemment.

"Alors ? T’as un plan d’attaque ?"

Peu après lui avoir posé la question, il tourna la tête en direction du groupe, avant de s’intéresser à nouveau à son amie. Il aimerait bien savoir quelles étaient les intentions d’Ayame, pour savoir comment il devrait réagir face à leurs ennemis. Ennemis qui, eux, avaient finalement décidé de répondre au défi de la jeune femme. Tandis que la brute fit craquer ses doigts, le tatoué s’avança de deux pas vers le duo d’Hokubu. Un sourire sur le coin de ses lèvres, il cracha à sa droite avant de prendre la parole.

"Okay, si vous voulez vous battre, on accepte ! Quand on vous aura rétamé, vous nous donnerez vos possessions, votre fric, et vos fringues ! Y compris ce qui se porte en dessous."

Ils avaient l’air bien sûrs d’eux. Du moins, pour le trio qui s’en était pris à Kureno, le môme ayant l’air un peu stressé. Mais d’un autre côté, on aurait pu s’y attendre : des personnes civilisées auraient réglé le problème autrement qu’en se tapant dessus. Et comme ils n’étaient pas plus honnêtes qu’Ayame, autant qu’ils se mettent aussi à jouer les durs. Kureno, de son côté, ne se mit pas à paniquer pour autant. Il pensait très bien qu’il avait de bonnes chances de leur donner une bonne leçon, avec l’aide de son amie.

Les provocations de la bande d'abrutis? Enerver Ayame? Nan. Franchement nan... tout simplement parce qu'ils étaient loin de taper juste. S'attaquer à deux contre un, n'est-ce pas? Moui... Evidemment Ayame et Kureno avaient un instant eu l'avantage du nombre... et alors? La différence avec les actes des débiles résidait dans un fait, un simple fait: Ayame, elle, aurait tout à fait pu attaquer seule. Elle ne s'était pas posée de questions, et ne s'en serait pas posé une seconde même dans ce cas. Eux, déjà ils étaient arrivés en surnombre, ce qui était une chose, et n'était pas bien grave, car après tout on pouvait jamais prévoir le nombre d'opposants exacts dans une bataille de rue... mais en plus de ça, ils avaient essayé d'intimider Ayame histoire de pouvoir règler les choses comme les couards qu'elle les voyait déjà être... Rapidement, et sans bobos. Sauf pour leur fierté inexistante, quoi.

Enfin... Peut-être pas si inexistante que ça finalement. Le grand costaud remonta de quelques points dans son estime lorsqu'il lâcha Kureno. Elle sourit donc avec satisfaction... Puis échappa un éclat de rire amusé à la remarque de son ami. Il ne n'avait jamais été confronté à cette facette de son identité, hein? Eh bien! Comme qui dirait, il semblerait qu'elle avait omis de faire ses preuves à l'égard de Kuro... Qu'à cela ne tienne! Cette erreur serait rapidement corrigée. Expression roublarde, regard malicieux, du coin de l'oeil elle chercha son regard à lui, avant de lui adresser quelques mots amusés... Sans pour autant baisser sa garde, hein! Les trois ploucs les avaient déjà attaqué une fois par surprise, elle les soupçonnait encore d'être capable de recommencer:

"Tu me connais pas encore assez alors! Quant à ce qu'ils rentrent chez leur mère en slip, c'est exactement ce que je veux vois-tu..."

Son visage se métamorphosa un peu, le temps de prendre un air un peu plus moqueur, voire cruel. Concentrée cela dit, elle tourna la tête à droite, à gauche... Bien entendu, les quatre n'avaient pas manqué de les encercler! Ca leur donnait confiance en eux ça, hein? Ca leur donnait l'impression d'avoir l'avantage sans doute... Les bougres. Ils avaient plein d'ouvertures, à un point tel que si ces dernières avaient été fluorescentes, Ayame en aurait été aveuglée! Kureno se rapprocha d'elle, pour lui poser une question qui fut une nouvelle fois pour l'amuser... Avant de penser à répondre, elle se colla dos à lui, puis tourna un peu la tête de manière à ce que le son lui parvienne bien, et sans qu'elle ait à parler trop fort... Bon. Sa stratégie n'avait rien de spécialement secret, mais quand même. Ca le faisait mieux si Kureno était seul à entendre ce qu'elle lui chuchotait:

"Oh oui bien entendu... On esquive, on les désarme, et on les frappe jusqu'à ce qu'il y en ai plus un debout... Pas trop dur à retenir? J'espère que tu t'es bien entraîné ces derniers temps!"

Ayame était dans les sports de combat depuis qu'elle était toute gosse, et avait donc un très bon niveau ainsi que pas mal d'expérience et de la rue, et des combats plus subtils qu'on pouvait mener en compet, mais elle espérait tout de même que Kureno tiendrait le coup malgré le nombre des opposants... Un contre quatre ça commençait quand même à devenir un peu limite, avec des brutes et des armes blanches dans le lot... Boarf. Elle aurait sans doute réussi à s'en sortir quand même, mais ça aurait risqué d'être un peu plus complexe, et elle n'était pas extrèmement motivée. Elle écouta enfin les conditions du tatoué, qui se révélait être un sacré pervers, au final... Leur argent, tous leurs fringues... et leurs sous-vêtements, hein? Moue dubitative, un bref instant, puis Ayame se fichant au final des conditions des futurs perdants, elle répondit, toujours blasée:

"Mouais... Comme tu voudras mec, si ça peut te faire rêver... Te fait pas trop d'idées, tu serais frustré."

Bon. Cette fois... Il fallait être sérieux. Personne n'avait donné le signal de départ, mais les attitudes de chacun finirent par montrer qu'il était grand tant de commencer. Ayame se prépara donc à l'attaque, pensant à son premier mouvement... En premier lieu, mettre hors d'état de nuire le tatoué, et surtout lui enlever son arme. Les autres en possèdaient peut-être une, aussi, mais du moins n'était-elle pas encore dégainée, donc moins dangereuse du moment qu'on faisait attention au moindre de leurs gestes. Elle s'adressa une dernière fois à Kureno, ayant une petite idée de ce que lui pourrait faire en premier lieu, pour l'aider:

"Ok... Je m'occupe du mec au couteau, toi assomme le gosse, ça devrait être rapide, et ça en fera toujours un de moins."

Et... Go!! Tout s'enclencha d'un coup, et soudain, elle eut l'impression que ses sens s'étaient accrus... Effet de la concentration quoi. La fille au chewing-gum fut la première à essayer de lui en foutre une... Le truc, c'est que c'était prévisible, et qu'Ayame n'eut aucun mal à contrer avec son avant-bras, à se baisser vivement, pour happer son pied et lui faire perdre l'équilibre... La fille se rétama, et Ayame, remarqua que l'angle selon lequel elle était penchée était parfait. Sourire vicieux, et tout en préparant un coup de pied magistral, elle se releva. Le dit pied atterrit en plein dans la main armée de Pervers-kun, qui vit alors son cure-dent s'envoler dans les cieux en un magnifique éclat de métal foudroyant... Et comme il était con, surpris, il leva les yeux un instant de trop. Ayame en profita pour attaquer... Vlan!! Grand coup de boule sous la machoire, et direct son poing dans l'estomac. Le tatoué échappa donc un gargouillement endolori, avant de chanceler, prêt à s'effondrer... Pas le temps de s'amuser à garder les assaillants conscients. Ayame leva une nouvelle fois la jambe pour avec violence abattre cette dernière contre la base du crâne de sa victime, dans un mémorable coup de pied circulaire... Dong dong dong, round gagné. Le gars devait dors et déjà voir des petites étoiles. Il s'effondra au sol... Juste au moment où du coin de l'oeil, Ayame voyait un pied s'approcher un peu trop près d'elle. Elle se baissa, fit un pas sur le côté avant de se redresser, et évita ainsi le coup qu'on avait essayé de lui donner. Tout sourire, elle ne put s'empêcher de commenter:

"C'est du plagiat ça..."

Et de s'élancer, tout en lançant un coup d'oeil rapide en direction de Kureno, voir où celui-ci en était. Sauf que, comme il fallait bien entendu que les emmerdes arrivent... Quelque chose d'innattendu arriva. Soudain, son épaule lui parut bien légère. TROP légère... Elle sentit quelque chose tomber à côté d'elle, tandis qu'un "SCHPOF" stressant retentissait. Elle posa les yeux au sol... Merde!! La sangle de son sac avait ENCORE lâché! Bien entendu... Rien d'étonnant à ça, vu qu'elle n'avait fait que la réparer vite fait. Mais ce qui était chiant là... C'était que tout son contenu s'était renversé au sol, genre on voyait tout, mais alors exactement TOUT ce qu'elle avait essayé de cacher! Ses affaires de rechanges étaient exposées aux yeux de tous... Et par définition de Kureno, donc. Ayame écarquilla les yeux, avant de pâlir d'un coup:

"Et merde!"

Et du fait de cet accident regrettable, elle s'était déconcentrée, ce coup-ci... Résultat, elle ne vit pas le crochet du droit qu'on lui avait réservé arriver. Et résultat du résultat... Elle se le prit bien comme il faut, de pleine force... Emportée par l'élan elle chancela un bref instant, tout en échappant un cri de douleur. Elle vit blanc, et le paysage lui sembla tanguer, ses fonctions cognitives s'évaporer comme par magie... Heureusement, cela ne dura qu'une seconde. Un pas en arrière lui permit d'esquiver le coup d'après, tandis qu'elle fronçait les sourcils, et portait une main à sa lèvre, blessée, et de laquelle commença sans attendre à s'écouler un mince filet de sang. Et merde! A tous les coups elle allait se payer un hématome sur la tronche, avec tout ça! Ca allait pas être sexy du tout... Là... Là... Mais alors LA ça l'énervait vraiment. Ca le mettait même hors d'elle, ce pourquoi, contenant difficilement sa colère toute neuve, poings serrés, elle insulta son adversaire, s'apprêtant à lui faire passer le PIRE quart d'heure de toute son existence:

"Grognasse... Je vais t'éclater..."

Entre ça et les fringues qui trônaient par terre, elle qui avait été de très très bonne humeur deux minutes plutôt se sentait tourner en mode orage avec tempête force 4 plus grelons à une vitesse plutôt effarante, voire effrayante... Ca allait saigner.

Tant qu'Ayame était d'attaque, ils avaient de bonnes chances de tenir le coup face à leurs quatre adversaires. Elle savait plutôt bien se défendre face aux ahuris de ce genre. Kureno, de son côté, était sûrement moins expérimenté, mais il savait tout de même se débrouiller. Il était inscrit au club de sport de l'université, après tout. Quand son amie lui annonça sa "stratégie", le jeune homme ne put s'empêcher de sourire. Esquiver, désarmer, puis cogner. Après tout, il n'en fallait pas beaucoup pour se défendre face à ce genre d'adversaires. Il suffisait surtout de bien prévoir leurs coups, et d'agir en fonction. Ce n'était même pas nécessaire de faire de coups bas pour les avoir. Du moins, pour l'instant. Se tapotant le front de l'index, il répondit à Ayame d'un ton très tranquille, toujours dos à elle.

"C'est bon, c'est retenu !"

Après quoi, sans attendre, il se retroussa les manches, observant chacun de ses ennemis du regard. Un sourire était toujours dessiné sur le coin de ses lèvres. Hé, s'il faisait preuve de rapidité et de vigilance, il pourrait peut-être en avoir un ou deux. Bien sûr, il ne devait pas se comporter bêtement, au risque de perdre rapidement la face. La partie n'était pas gagnée d'avance, mais ils avaient leur chance. C'était du moins l'opinion de Kureno, optimiste. Aussi, il s'adressa à nouveau à Ayame, d'un air plaisantin, sans quitter des yeux les quatre ahuris.

"Bah ! J'espère ne pas avoir trop rouillé !"

Il pourrait toujours se débrouiller sans gêner son amie. C'était du moins ce qu'il souhaitait. Il aurait pu attaquer le même ennemi avec elle, mais elle préféra lui laisser le dessert tandis qu'elle se chargerait du plat de résistance. Kureno était un peu déçu de cette décision, mais comprenait très bien son choix : il ne serait sûrement pas de taille face à un individu armé, et Ayame dépenserait inutilement de l'énergie avec le sale môme. Et puis... ce dernier était peut-être armé. La punk et la brute aussi, d'ailleurs. Il n'y avait qu'un seul moyen de le vérifier. Kureno répondit donc une nouvelle fois avec le sourire...

"C'est toi le patron !"

... avant de se jeter dans la mêlée. Kureno chercha d'abord du regard le plus petit de la bande, et le retrouva rapidement. Les genoux tremblants, la sueur sur la tempe. Aucun obstacle entre eux deux. Ca allait être du gâteau ! Sans réfléchir davantage, Kureno fonça directement vers lui. Le môme ne tarda pas à le remarquer foncer sur lui, reculant de quelques pas par réflexe. Le jeune homme était bon coureur, il se déplaçait assez rapidement vers sa cible. Presque trop rapidement. Car il ne pensa pas un instant qu'un autre de ses adversaires s'interposerait entre deux. Et pourtant, c'est ce que la brute fit. Kureno le remarqua suffisamment tôt pour ne pas se prendre son coup de coude en pleine tête, reculant subitement la cadence. Après quoi, il s'appuya sur une jambe, et fit un saut en avant en bloquant le coup de l'autre jambe.

Aucun dégât des deux côtés, mais ça ne faisait que commencer. Kureno n'eut pas le temps de se réceptionner que son adversaire tenta de le frapper en plein visage. Heureusement, ayant prévu une riposte de ce genre, il se déporta vite sur le côté, et en profita pour le frapper violemment au ventre du pied. Mais la grande brute ne vacilla pas pour autant. Au contraire, elle en profita pour attraper le pied avec lequel le jeune homme avait attaqué. Ce dernier serra les dents, ayant espéré un meilleur résultat. Mais dès le moment où son ennemi le tira vers lui, Kureno en profita pour s'appuyer sur sa jambe encore libre. Après quoi, il plaça le pied de cette jambe contre la poitrine de la brute, et s'appuya dessus pour le repousser en arrière tout en se libérant. L'adversaire recula de quelques pas, manquant de bousculer le môme derrière, tandis que Kureno retomba tant bien que mal sur ses deux jambes. Il se redressa assez rapidement, pour faire face à ses deux adversaires. Un rapide coup d'oeil sur le côté pour s'assurer qu'Ayame s'en sortait bien avec les deux autres, avant de plonger son regard dans celui de la grande brute, le sourire revenu à la charge.

"Hé bien mon gros, t'es jaloux ?"

La personne concernée laissa le silence répondre à sa place, abaissant simplement ses deux sourcils. De son côté, le jeune homme fit glisser sa jambe droite pour la placer en retrait, et en profita pour remettre une mèche de cheveux derrière son oreille. Il se courba légèrement, plaça un bras en retrait, l'autre devant lui au niveau de la poitrine, les poings ouverts. Ainsi, fixant toujours ses ennemis du regard, il leur adressa à nouveau la parole avant d'attaquer à nouveau.

"On peut le faire à trois si vous voulez..."

Ses ennemis n'eurent pas le temps de répondre que Kureno avait déjà commencé à foncer dans leur direction. Tandis que le môme recula sur le côté pour préparer une attaque, la grande brute écarta légèrement les jambes et leva les bras jusqu'au niveau des épaules. Sa pose en disait long sur ses intentions : il comptait interrompre le mouvement de Kureno pour ensuite lui faire une prise. Mais le jeune homme avait autre chose de prévu. Au moment où l'adversaire commença à abattre ses bras en avant, Kureno se jeta devant lui. Il passa sans grand mal devant les bras ennemis, et se réceptionna sur une main, pour ensuite envoyer son pied au niveau des hanches. La brute comprit trop vite son erreur, mais n'eut pas le temps de riposter. Kureno s'appuya sur la main et le pied avec lequel il venait d'attaquer, dos au sol, pour ensuite envoyer l'autre entre les cuisses de son ennemi. Ce dernier prit plutôt mal le coup, serrant les dents en reculant de quelques pas. Se réceptionnant sur ses quatre pattes, Kureno tenta de se relever rapidement pour attaquer de nouveau. Mais c'était sans compter sur le môme qui se décida enfin à agir, en donnant un coup de pied au ventre du jeune homme qui ne put pas se défendre comme il l'aurait souhaité. Mais le coup était tout de même peu agressif. Aussi, Kureno parvint enfin à se relever pour lancer un regard noir au gosse qui ne trouva rien de mieux à faire que de se protéger avec son sac.

Le jeune homme aurait bien tenté de cogner dedans si Ayame ne le convoitait pas. Aussi, profitant du moment de faiblesse de la brute, Kureno avança rapidement, se baissa, et balaya du pied la jambe de son ennemi. Déstabilisé, le môme lâcha son sac, et se prit de plein fouet l'autre pied de Kureno, au niveau du ventre. Il se retrouva par terre, tordu de douleur. C'était décidemment un adversaire plus faible que ses comparses, et le jeune homme regretta presque d'avoir dû l'attaquer. Presque. Tandis que Kureno se retrouva les jambes écartées, une main appuyée sur le sol, à la suite du coup qu'il venait de donner, la grande brute en profita pour revenir à la charge. Il attrapa une jambe du jeune homme, qui ne put réellement réagir, afin de le tirer vers lui et de lui donner un bon coup de poing au niveau de la poitrine. Kureno fut projeté en arrière, son adversaire étant plus musclé que lui, mais ne s'écroula pas pour autant. Il cracha simplement par terre, serrant les dents, sans quitter son adversaire du regard. Ce dernier eut un sourire, satisfait de ce retournement de situation, et dégaina un couteau à l'instar du tatoué. Cela eut pour effet de dessiner une moue sur le visage du jeune homme. Un combat à mains nues ne suffisait-il pas pour régler leurs comptes ? Soit ! Il utiliserait ses propres armes...

Il porta la main à sa poche, mais sa bouteille d'eau avait disparu. Evidemment, à force de remuer, il avait dû la faire tomber. Il s'inquiéterait bien du reste de ses affaires sur le coup, mais seule sa bouteille lui importait pour le moment. Alors il ne tarda pas à détourner le regard pour chercher la dite bouteille... et la trouva à proximité d'affaires éparpillées au sol. Des vêtements, visiblement. Est-ce que c'était dans le sac d'Ayame ? Kureno ne se posa même pas la question, trop préoccupé par son ennemi. Il fonça directement sur la bouteille afin de la ramasser, mais la brute s'interposa aussitôt. Cet individu n'avait sûrement pas compris où il voulait en venir, mais une chose était sûre, il n'était pas prêt de lui pardonner les dommages causés au niveau de ses sous-vêtements. Aussi, chercha-t-il à poignarder Kureno, mais ce dernier eut le réflexe de bloquer la main de la brute avec son pied. Le jeune homme força pour le faire basculer sur le côté, et en profita pour lui foncer dessus comme un nain le ferait si bien. Malheureusement, ce ne fut pas très efficace : la brute ne recula que de quelques centimètres, et eut presque le temps de le tailler au niveau des hanches. Mais là encore, Kureno eut le réflexe de se jeter en arrière pour se retrouver à droite de son ennemi, repoussant le couteau de ses pieds.

La brute lâcha son arme qui tomba à ses pieds, et chercha tout de suite à la ramasser pour pouvoir riposter. Mais Kureno en profita pour récupérer sa bouteille, et sans prendre la peine de viser, la lança en direction de son ennemi. Ce dernier se prit la bouteille en plein visage. Oh, bien sûr, elle était en plastique, et elle l'avait tout juste un peu sonné. Mais le jeune homme a pu en profiter pour lui foncer dessus, et à la manière d'un adepte de la Capoeira, tourner sur lui-même avant de lui envoyer violemment son pied. La brute se prit le coup en plein ventre, recula de plusieurs pas... et s'écroula enfin d'épuisement. Kureno inspira, et expira. Le môme essayait encore de se relever, pour continuer à se battre, mais il avait encore les bras noués autour du ventre. Ca n'avait vraiment pas été un très bon adversaire. Kureno serait bien allé récupérer le sac destiné à Ayame, et en aurait bien profité pour narguer le môme. Mais il préféra s'inquiéter au sujet de son amie, plutôt que de se précipiter d'aller chercher sa récompense. Il se retourna donc en direction de son alliée, après avoir soufflé deux secondes, afin de voir où elle en était.

"Hé Ayame ? Tu t'en sors ?"

En cas de problème, il pourrait toujours essayer de lui venir en aide. Elle était meilleure combattante que lui, mais il en était peut-être de même pour ses adversaires. Et Kureno était démoralisé à l'idée qu'il puisse arriver malheur à son "capitaine"...

(euh... j'espère que ça ira, c'est posté en version "coupure toutes les 5 secondes X_x)

Malgré son état d'énervement avancé, Ayame avait pu constater que Kureno s'était très bien débrouillé face au gamin et à la grosse brute. Rien à dire, il ne pourrait pas lui en vouloir d'avoir pris des initiatives, c'était involontaire, certes, mais elle lui avait laissé un morceau de choix... En vue de ce dont son ami était capable, elle lui faisait plutôt confiance. Alors elle ne resta pas trop longtemps concentrée sur ses faits et gestes, tout simplement parce qu'elle avait toujours du pain sur la planche, entre autre mettre hors d'état de nuire cette poufiasse qui avait profité de son moment d'absence pour la frapper... La foudroyant du regard, elle commença donc à s'avancer vers elle, laissa doucement un rictus s'afficher sur ses lèvres... La fille reculait. Avait-elle peur? En tous cas, si c'était le cas, elle tentait de ne pas le montrer. On n'aurait pas pu lui en vouloir porutant, vu la manière dont Ayame avait latté son compagnon, et vu la manière tout simplement meurtrière, méchante, cruelle, dont elle l'observait... Ouip. Ayame avait envie de s'acharner sur elle, tout à fait injustement, rien que parce que cette pimbèche avait réussi à lui gâcher sa soirée. Alors, elle imaginait déjà les coups qu'elle pourrait lui infliger... Des coups qui ne la ferait pas perdre conscience, mais lui ferait comprendre sa douleur... Enfin. Déjà: se défendre. La fille ne comptait pas rester les bras ballants a priori, mais attaquer tant qu'elle le pourrait. Et c'est ainsi qu'elle fondit sur elle, de manière fort peu intelligente cela dit. Ayame laissa son sourire éclater, et n'eut qu'à étaler un peu plus de son savoir faire pour prendre l'avantage dans cette situation. Un bond élégant... Et VLAN! La fille n'eut pas le temps d'esquiver. Elle se prit le pied d'Ayame en pleine tronche, de telle sorte à ce qu'elle fut sonnée, et s'étala au sol lamentablement. Mais... Ce n'était pas fini. Dans son saut, Ayame avait tout prévu. Mouvement rotatif du corps qui la fit atterir dos à son ennemie à terre, et avant que cette dernière ne parvienne à se redresser, Ayame fit quelques cabrioles utiles... Se laissant tomber en arrière sur les mains, et passant du pont à l'équilibre plusieurs fois, rapidement, elle passa au dessus de la jeune femme, et se redressa ainsi dos à elle, parfaitement prête à sa prochaine attaque, qu'elle avait décidé de donner au moment où l'ennemie tenterait de se relever... Car elle était toujours consciente bien entendu. Ayame avait fait ce qu'elle pouvait pour... Ne pas taper trop fort. Même i c'était plutôt difficile de jauger dans ce genre de cas, et qu'elle se rendait bien compte qu'un peu plus, et elle l'aurait assommée.

Bientôt, la fille chancelante retrouva ses esprits, et tenta de se relever, en effet... Ayame s'élança... Mais soudain perdit pied. Elle se souvenait juste d'avoir sauté, puis c'est comme si son cerveau était tombé tout seul à terre, en un dixième de seconde qui lui avait paru vingt fois plus long... Elle ne voyait plus rien, et eut bien du mal à comprendre ce qu'il lui arrivait. Elle n'aurait pas eu tant de réflexes, sans doute se serait-elle écroulée, cela dit ses jambes agirent sans rien demander à son cerveau et à l'aide de quelques pas savants parvinrent à la faire tenir debout, même chancelante... Le temps qu'elle se rende compte qu'elle était en train d'avoir un malaise, ou plutôt qu'elle venait d'en avoir un, car c'était passé bien vite. Pas assez cela dit... Pas le temps de réfléchir, car la fille était sur elle. Elle grogna, gorge nouée, se baissa; s'appuya sur une main, et réitera son croche pied, doublement plus violent. L'autre esquiva, mais c'était sans compter sa vitesse de réaction à ELLE, doublée d'une hâte nouvelle de terminer ce combat. Car soudain non, Ayame ne faisait plus la maligne, ni ne souriait. Sa belle soirée tournait au cauchemar pour de bon... Elle devait terminer ce combat, ses vêtements trônaient au sol, et elle ne pourrait pas les ramasser, pour la raison qu'elle avait grand maximum une minute pour achever la fille, vérifier que Kureno avait terminé les siens, se sauver à toutes jambes et trouver une cachette décente en chemin... Et que penserait Kureno, hein? Il était l'un des dernières personnes qu'elle voulait savoir au courant de ses "particularités"... Voire la dernière, allez savoir pourquoi. Rien que de lui mettre lui puce à l'oreille comme elle allait bien être forcée de faire par les évements la tuait. Elle n'en revenait pas de sa malchance... En fait, elle se sentait tant ahurie qu'elle en était blasée, et alla jusqu'à grimacer de mécontentement en prenant appui sur sa jambe bien posée à terre, et en initiant un autre saut-salto bourrin ce coup-ci, qui lui permit de foutre une énorme trempe à son adversaire, qui bien heureusement peu préparé à tel retournement de situation ne put rien faire, et fut ce coup-ci bel et bien assommé... Au moment même ou du moins peu après seulement que Kureno lui posa sa question de la mort, à laquelle elle ne pouvait que répondre en lui mentant à moitié. Combien de temps avait passé? Combien de temps lui faudrait-il pour fuir? Elle ne savait pas. Elle jeta un coup d'oeil vif quoique lointain aux alentours... Elle n'y pouvait rien, lorsqu'elle répondit, c'est comme si elle n'était plus concernée... Elle ne pensait plus qu'à un truc là: se barrer. Se tirer à toute jambe... Avant que ce ne soit trop tard, et qu Kureno en apprenne bien plus que ce que lui enseignerait le contenu de son sac répandu au sol:

"Ouais j'ai fini... Je... Peux pas rester..."

Comment expliquer ça mieux que ça hein? Elle serra les dents. Elle n'avait aucune excuse bidon en tête, et même se ce qu'elle venait de trouver à dire était complètement nul, elle n'avait pas mieux. Préférant zapper ce détail gênant elle secoua la tête de droite à gauche, puis fit volte-face. Ne restait plus que la gamin qui fut à peu près debout... Ou presque. Kureno pouvait s'en occuper... Quant à elle...

"Je suis désolée..."

... Elle n'avait pourtant pas l'habitude de parler sur ce ton à moitié coincé, et surtout de trop sérieux et douloureux. Pas douée sur le coup certes, mais elle n'avait pas l'habitude des fuites imprévues, humiliantes et plutôt aliénantes, si l'on prenait en compte son caractère. Pourtant... Pas le temps d'y penser. Elle s'élança pour rejoindre la rue, coeur battant... Pourvu que Kureno ne la suive pas! Elle ne savait pas si elle aurait le temps de trouver un lieu clos où se fourrer...

(c'est impec' :3)

Kureno avait tout juste eu le temps de terminer sa question qu'Ayame venait de terminer le combat. Elle s'en était plutôt bien tirée, ayant réussi à mettre les deux imbéciles restants hors d'état de nuire. Visiblement, elle n'avait pas eu beaucoup de problèmes avec le tatoué, rapidement mis K.O. malgré son coupe-papier. Son second adversaire, celle qui mâchouillait constamment du chewing-gum, avait sûrement tenu plus longtemps que le précédent. Mais qu'importe, tous deux étaient à terre désormais ! Les ennemis de Kureno également ! Et aussi le contenu du sac de la yankee. Au fond, le jeune homme n'y avait prêté pas grande attention, plus préoccupé par la ténacité de leurs ennemis. Aussi, quand Ayame assomma une bonne fois pour toutes la punk, son ami se contenta de lui sourire d'un air victorieux, tout en levant le poing et le pouce. Mais elle ne partageait pas sa joie. C'était un peu comme si quelque chose la perturbait. Mais quoi ? Le jeune homme n'en savait rien. Ils venaient d'avoir les quatre imbéciles sans grande difficulté, et Ayame allait obtenir ce qu'elle avait souhaité. Pourquoi n'était-elle pas plus enthousiaste que ça ? Ce n'était sûrement pas le remord qui la faisait réagir ainsi, non. Kureno l'avait connue définitivement plus vive, plus fière.

Le sourire du jeune homme se fit de moins en moins large. Jusqu'à disparaître complètement dès le moment où il entendit la réponse de son amie. A la place, il leva les sourcils. Elle ne pouvait pas rester ? Pourquoi pas ? Avait-elle était blessée ? S'était-elle rappelée de quelque chose qu'elle aurait dû faire ? Ou y avait-il quelque chose qui ne s'était pas passé comme prévu ? Kureno avait beau chercher une explication, il ne savait pas ce qu'il se passait dans la tête de la jeune femme. Oh, bien sûr, il aurait pu l'harceler de "Ouais mais pourquoi tu peux pas rester ? Heeeiiin ?". Mais il préféra lui épargner ce genre de traitement. Aussi, se contenta-t-il de sourire en haussant les épaules.

"Bon... pas de problème !"

Il en profita pour vérifier qu'il n'avait pas perdu ses affaires dans la mêlée. Portefeuille, portable... manga... il ne manquait rien, tout était dans ses poches. A l'exception de sa bouteille, mais il n'y tenait pas énormément, au fond. Ce faisant, il jeta un coup d'oeil en direction des affaires éparpillées au sol. Des vêtements. Principalement des vêtements masculins. Kureno se demanda tout d'abord d'où pouvait bien venir cette garde-robe. Et il remarqua bien vite le sac de son amie. Et seulement ce sac. Il était plutôt surpris de cette découverte, mais il se doutait bien qu'Ayame avait une bonne explication à fournir. Hé, elle pouvait très bien avoir déshabillé tous les imbéciles qui s'étaient mis en travers de son chemin, comme elle allait se faire avec les quatre qu'ils venaient de battre ! Et elle pouvait collectionner les vêtements de ses victimes ! Ou faire de la contrebande !...

Non, sérieusement, Kureno ne savait pas pourquoi son amie transportait des vêtements masculins. Peut-être fréquentait-elle des individus bien formés qui ne s'étaient pas priés pour lui faire des "cadeaux" ... cette seconde hypothèse embêtait le jeune homme qui préféra la rayer aussitôt. Enfin. Il pourrait toujours lui poser la question, un de ces jours. Car au fond, même si ça paraissait étrange au premier abord, le contenu de son sac n'inquiétait pas tant Kureno. Ce qui l'inquiéta, c'était la "fuite" d'Ayame. Tout du moins, ça ressemblait vraiment à une fuite : elle avait laissé ses affaires traîner par terre, elle n'avait pas récupérer sa "récompense", et surtout elle s'était excusée auprès de Kureno. Pourquoi s'excuser ? Y avait-il quelque chose qui pressait à ce point ? Ou pensait-elle avoir mal réagi à son égard ? Le jeune homme n'y comprenait rien. Ca pouvait être lié au contenu du sac, mais ça pouvait tout aussi bien ne pas concerner Kureno. Aussi, ce dernier n'y réfléchit pas à deux fois, et se lança tout de suite dans la poursuite de son amie.

"Ayame !"

Il se doutait bien que son amie n'allait pas s'arrêter parce qu'il venait de crier son nom. Mais il fallait au moins s'assurer que tout allait bien. Tout en courant, il passa à côté du morpion, le seul encore réveillé, et attrapa son sac par la sangle. Et sans s'arrêter, il retourna la tête en direction du dit morpion, pour s'adresser à lui d'un ton peu amical.

"Commence à virer tes fringues, on revient de suite !"

Mais il ne se soucia pas plus longtemps du môme, préférant se concentrer sur Ayame. Décidemment, ça ne la ressemblait pas ! Elle s'était enfuie rapidement, comme si sa vie en dépendait. Et Kureno ne savait même pas s'il était concerné ou non. Mais si c'était le cas, il voulait au moins le savoir. Comme s'il allait la laisser filer sans réagir !

Un instant durant, Ayame eut l'espoir fou que Kureno ne suivrait pas l'idée de découvrir pourquoi elle avait réagi si bizarrement, en se sauvant comme ça, soudainement, sans raison... Bien entendu, il ne pouvait en être ainsi. Sortie aussi vite que possible du terrain de sport, elle s'était dirigée vers la première rue un peu sombre venue, et déjà presque soulagée avait continué de fuir à toute berzingue. Kureno avait juste dit d'accord, et n'avait pas fait mine de la suivre... Elle avait alors pu se concentrer sur les détails, presque aussi gênants que le reste en la situation. Franchement... Qu'allait-elle lui raconter, pour les vêtements qui s'étaient échappés de son sac en tombant? Qu'elle les ramenait du pressing pour un ami?? Haha très drôle, c'était vachement son genre... Qu'elle les avait piqué sur une autre de ses victimes? Pour ça, il aurait fallu que Kureno ne vérifie pas de trop près l'état des fringues dont il était question, sans quoi il aurait tout de suite remarqué qu'ils étaient propres, fraichement lavés; ce qui enlevait à son excuse toute crédibilité. Elle réfléchit encore un peu, vitesse grand V, mais rien ne lui vint de plus intelligent... Rien de crédible, si ce n'est cette excuse à la noix, sur laquelle il lui faudrait bien miser... Ses pensées lui échappèrent aussi sûrement qu'une château de sable se serait effondré soumis à une forte rafale de vent... Raison à cela? Kureno qui venait de crier son nom. Elle écarquilla les yeux en jurant. Non... Il n'allait pas s'y mettre hein?! Pas quand elle se croyait sauvée tout de même! Prise d'un doute terrible, sans cesser de courir elle se retourna... Pour voir Kureno, sac volé en main, qui s'élançait à sa poursuite. Pas de quartier... Elle regarda à nouveau droit devant elle, serra les dents, et sous le coup d'une peur presque panique qui, contenue, évacuait sous forme d'énervement, elle ne trouva rien de mieux à faire que de lui hurler dessus:

"Kureno, ABRUTI!! Qui t'as dit de me suivre hein? Laisse-moi!!"

Mais comme cela devait toujours sonner très faux aux oreilles de son ami, qui ne devait pas être moins intrigué ni inquiet, elle se douta bien que ses protestation n'auraient d'autre effet que de lui faire perdre du temps inutilement, temps plus que précieux, dont elle dépendait maintenant de façon critique. Bientôt arriva le couvert de la rue. Combien de secondes s'étaient-elles écoulées? 20? 30?? Plus??? Ayame commençait à vraiment prendre peur, car il lui semblait plus qu'improbable de trouver une cachette potable ici, en pleine rue, dans les temps requis... Elle siffla entre ses dents et regarda à droite, à gauche, à la recherche de LA planque qui lui sauverait la vie. Mais rien, bien entendu... Strictement rien, si ce n'est quelques poubelles et quelques recoins bien incapable de la protéger efficacement de l'inéluctable. 45? 50? Elle allait bientôt se transformer, dans ses vêtements actuels en plus. Elle allait être découverte, et en plus, elle allait se payer la honte... Deux ultimes désagréments pour le prix d'un!

"Merde... Merde et MERDE!!"

Elle bifurqua au premier tournant venu, accèlera le pas et... décelera très soudainement, tandis qu'un cri de soulagement incontrôlé retentissait. Elle dérapa un grand coup, mais s'accrocha bien vite à la porte des toilettes publiques qu'elle venait par un coup de bol phénomènal de dénicher. Quoique. En fait, elle était déjà venue ici, et avait déjà vu les dites toilettes... Elle n'y avait juste jamais pris garde. Quelques vagues souvenirs, mêlés àun bon panel de réflexes, l'avait menée jusqu'ici au bon moment... Quoiqu'au dernier. Elle s'enfonça à l'intérieur de la petite pièce sordide, ferma la porte dans un grand BANG sonore, et aussi vite que possible tourna le cadena de cette dernière... Pour enfin avoir la garantie d'être laissée seule le temps qu'il faudrait. Il était temps, car il ne fallut qu'une dizaine de secondes supplémentaires pour que la sensation glaciale habituelle la gagne, et pour que dans un schrack vêtementesque mémorable, elle se transforme en son autre elle... Celui qu'elle aurait voulu pouvoir bannir de son existence. Colée dos à la porte, elle soupira, puis baissa les yeux sur elle, pour remarquer que son aut était totalement foutu. Enervée elle grogna, retira sa chemise; tout ce qui ne lui servait plus à rien, puis fit en sorte de réenfiler la dite chemise, seul vêtement adapté qu'elle avait alors sur elle. Elle ne pouvait voir ce qu'il se passait dehors, mais elle fronça les sourcils, et lança un regard derrière elle, un peu comme si elle avait essayé de voir Kureno arriver à travers la cloison qui le séparait d'elle. Elle ne serait pas découverte spontanément, cela dit, tout n'était pas fini, non... Il lui fallait encore réussir à convaincre son ami de partir; de la laisser, sans trop l'inquièter, et sans se trahir, malgré sa voix dorénevant modifée. Ca risquait de ne pas être la chose la plus enfantine au monde...

Comme Kureno l'avait bel et bien pressenti, son amie n'allait pas s'arrêter uniquement parce qu'il venait de crier son nom. Elle ne tourna la tête qu'un bref instant pour regarder derrière elle, mais recentra bien vite son regard sur ce qui se trouvait devant elle. C'était évident, Ayame tenait vraiment à quitter les lieux vite fait, bien fait. Ce n'était pas une simple précipitation, il y avait quelque chose qui n'allait pas. Et le jeune homme n'arrivait pas à mettre la main dessus. Malgré tout, si Kureno ne savait pas de quel problème il pouvait s'agir, il souhaitait tout de même venir en aide à son amie, d'une façon ou d'une autre. Qui sait ? Le jeune homme pourrait peut-être réussir à régler son problème, ou au moins à lui remonter le moral. Tout de même ! Il n'était pas resté avec elle pour la laisser filer sans rien dire !

Il continua donc de la suivre, aussi vite que possible, afin de pouvoir la rattraper. Il hésita à lui demander s'il y avait un problème. Mais Ayame lui répondit avant même qu'il n'eut le temps d'ouvrir la bouche, lui demandant gentiment de la laisser tranquille. Cela jeta un froid au jeune homme, qui ralentit inconsciemment la cadence. "Abruti" ? Kureno avait beau être habitué aux insultes d'Ayame, il ne comprenait pas pourquoi cette dernière l'avait traité d'abruti. Ni pourquoi elle lui avait défendu de l'accompagner. Etait-elle en train de le fuir ? Ca ne lui ressemblait pas, mais c'était probable. Durant un instant, le jeune homme pensa qu'il pouvait être la cause de sa précipitation. Ou du moins, qu'il en était lié.

Après tout, juste avant de quitter le terrain de sport en courant, Ayame avait dit à Kureno qu'elle était... désolée. Mais désolée de quoi ? Désolée de devoir le laisser aussi précipitamment ? Et pour quelles raisons ? Si Ayame avait autre chose de prévu ce soir-là, elle ne serait pas allée au terrain de sport. Non, c'était sûrement lié au contenu de son sac. Ou peut-être pas ? La raison pour laquelle Ayame transportait ces vêtements était obscure, mais Kureno n'allait pas la soupçonner de quoi que ce soit à cette simple découverte ! Et d'un autre côté, Ayame pouvait être préoccupée par quelque chose qui n'avait rien à voir avec Kureno, tout en s'adressant à lui sèchement. Après tout, on a parfois tendance à s'en prendre aux autres quand les choses vont mal, même quand ils n'ont rien fait. Cette réflexion faite, le jeune homme fronça les sourcils, et courut de plus en plus vite.

"Hé ! C'est pas à toi de me dire ce que je dois faire !"

Après tout, que Kureno soit ou non lié à la réaction d'Ayame, il tenait quand même à savoir ce qui n'allait pas. Il la considérait comme une de ses meilleures amies, alors il n'avait sûrement pas l'intention de la laisser tomber. Même s'il la laissait s'enfuir, cela le perturberait au point de lui faire passer une mauvaise nuit. Depuis quelques instants, il ne cessait de se demander ce qui pouvait bien lui passer par la tête. Et il avait bien l'intention de le demander à Ayame. Aussi, il fit de son mieux pour ne pas perdre sa trace. Il continua de la suivre, espérant la rattraper au bout de quelques minutes. Il aurait pu prendre d'autres rues en guise de raccourcis, mais n'ayant aucune idée du chemin qu'elle allait emprunter, il préféra s'abstenir. Ainsi, il ne tourna qu'après qu'Ayame eut elle-même choisit une autre direction. Et ce fut bientôt la fin de la course : le jeune homme eut tout juste le temps de voir son amie s'enfermer dans des toilettes publiques. Il décéléra progressivement, jusqu'à s'arrêter pour de bon une fois arrivé devant la porte qui le séparait d'Ayame.

Inspiration, expiration. Kureno était aussi bien essoufflé que perplexe. De deux choses l'une, ou son amie s'était retenue depuis longtemps, ou elle souhaitait éviter tout contact physique ou visuel avec lui. Il ne voyait pas d'autres explications pour relier les toilettes à sa fuite précipitée. Pourtant, la seconde était peu réaliste aux yeux de Kureno. Ayame avait peut-être été blessée durant la mêlée, mais il n'avait rien remarqué de tel. Et si ça avait été grave, elle n'aurait pas eu assez de souffle pour arriver jusqu'ici. Et si elle se portait comme un charme, pourquoi se cacherait-elle ? Kureno ne voyait vraiment aucune raison. D'autant plus qu'Ayame restait silencieuse depuis qu'elle s'était retrouvée entre quatre murs. Le jeune homme opta donc pour la première solution, et s'adressa à son amie comme s'il lui faisait un reproche.

"Si c'était juste pour un besoin pressant, tu aurais pu me le dire tout de suite !"

Au fond, il ne savait pas si c'était vraiment pour ça. Il s'inquiétait toujours au sujet de son amie. Mais il n'avait pas l'intention de rester silencieux devant la porte des toilettes en attendant que son amie en sorte. Si quelque chose n'allait pas, Kureno ferait de son mieux pour régler le problème. Il ne resterait sûrement pas les bras croisés à attendre que tout s'arrange. Il tenait réellement à Ayame, et ne supportait pas l'idée de ne pouvoir rien faire pour l'aider. Enfin. Il devait déjà attendre que son amie lui réponde. Aussi, il remarqua très vite qu'il tenait encore le sac du morpion. C'était pour ça qu'ils étaient allés au terrain de sport, après tout. Le simple fait qu'Ayame soit partie sans ça montrait bien qu'il y avait un problème. Et si Kureno voulait croire qu'elle avait juste eu un "besoin pressant", cela sonnait faux. Et il le savait très bien. Quand bien même, il reprit la parole d'un ton plus amical.

"Ah sinon, j'ai le sac que tu voulais ! Tu veux que j'aille récupérer le reste, ou... ?"

Ce que contenait le sac d'Ayame était toujours éparpillé sur le terrain de sport, et laissé tel quel. Et si Kureno avait "demandé" au gamin de faire la collecte des vêtements, celui-ci aurait très bien pu en profiter pour fuir le plus loin possible du terrain. Mais cela n'avait peut-être plus d'importance pour Ayame. Car après tout, c'est bien elle qui avait proposé aux perdants de se déshabiller si elle l'emportait avec Kureno. Au fond, ce dernier en arriva à se demander si cette idée n'était pas liée au fait qu'elle transportait des vêtements masculins. Mais il préféra tout de même ne pas se poser trop de questions à ce sujet, préférant que son amie réponde déjà à celle qu'il venait de lui poser.

Ayame tentait de reprendre son souffle le plus silencieusement possible. La raison à cela était plutôt claire... Le moindre bruit de trop paraîtrait suspect à Kureno, tout simplement parce qu'elle n'était plus la même, physiquement... C'était le moins que l'on puisse dire. La réponse de son ami la laissa perplexe. Elle releva la tête un instant, entrouvrit la bouche, et se mit à réfléchir activement. Voyons... C'était con, c'était évident, et pourtant elle n'y avait pas pensé. Kureno pourrait-il vraiment croire qu'elle avait fait tout ce chahut, et avait fuit de la sorte, rien que pour aller au toilette? C'était vrai qu'il y avait plus élégant comme activité, mais Kureno était bien placé pour savoir qu'elle n'était pas du genre à minauder, et à cacher ce genre de "besoin pressant" aux autres rien que pour épargner sa "classe naturelle"...

Elle posa une main sur son menton. Non. Plus elle y pensait, plus cette excuse lui semblait bidon. C'était dommage, mais elle n'allait pas pouvoir se permettre de l'utiliser. Kureno devait dors et déjà se douter que ce n'était pas ça, et à l'heure actuelle si elle lui répondait, cela sonnerait si faux qu'il ne pourrait que se poser encore plus de questions. Mauvais plan donc... Mais y en avait-il un bon? Elle évita de s'exprimer pour le moment. Elle savait qu'elle ne pourrait pas rester définitivement silencieuse, sous peine que Kureno croye qu'elle avait fait un malaise, et enfonce la porte sans plus de manières, mais mieux valait retarder le moment fatidique. Même modifiée, sa voix ne serait pas assez proche de la sienne à l'habitude pour que la différence ne s'entende pas méchamment. Et attrapper un rhume en moins d'une minute, c'était quand même chose plutôt rare quoi...

Elle ne bougea pas d'un poil. Kureno avait récuperé le sac qu'elle avait prévu de voler... C'était plutôt sympa de sa part, même si c'était maintenant la dernière de ses préoccupations. Quant à récupérer le reste de ses affaires... Mouais. Ca aurait pu le faire, si elle avait su où se sauver, dans cet accoutrement, tandis que Kureno innocemment ramasserait sac cassé, vêtements divers et variés et... Découvrirait la propreté totale de ceux qui étaient tombés du sac d'Ayame, signe qu'elle ne les avait sans doute pas volé sur quelque victime. Mais là en l'occurrence, justement, Ayame ne pouvant décemment pas se sauver vêtue de la sorte, elle n'aurait aucun des avantages, et tout les inconvénients. Mieux valait que Kureno laisse tout en place, là-bas. Ce qu'elle avait dans son sac n'avait pas grande valeur. Quelques fringues, quelques cours... Elle n'avait même pas laissé dedans ses papiers, ni sa carte bleue, qui de toutes façons n'aurait servi à rien au voleur vu l'état apocalyptique de son compte en banque, et vu qu'elle avait fait en sorte de ne pas avoir droit au découvert... Bon. En tous cas... C'était l'heure de répondre. Elle prit une inspiration discrète, se prépara à modifier sa voix... Elle posa une main devant sa bouche histoire de brouiller un peu le son et s'essaya donc à parler, à voix assez basse pour ne pas se trahir totalement:

"Merci... Et non c'est pas la peine d'aller récupérer le reste, je le ferai un peu plus tard... Tu peux rentrer à l'université, tu sais? C'est pas la peine de m'attendre..."

Elle grimaça. Elle en avait dit aussi peu que possible... Mais ça ne changeait rien au fait que sa voix n'avait strictement ressemblé... à rien. Voix de crécelle version Dark Vador, c'est sûr qu'il y avait mieux. Mais elle, elle ne pouvait à l'instant PAS faire mieux. Elle n'avait jamais pensé à enregistrer sa voix sur un microphone, pour pallier à ce genre de situations, malheureusement... Mais sérieusement là, elle y pensait. Ca aurait pu lui sauver la mise, même si il lui aurait fallu avoir autant de cassettes que de phrases à sortir possibles, et que ça aurait risqué de ne pas être super discret.

Elle aurait bien voulu continuer à s'exprimer, argumenter, trouver des excuses à la con... Mais elle qui était habituellement si bavarde lorsqu'il s'agissait de défendre sa position se retrouvait forcée au silence, crispée dos à la superbe porte toute pleine de graffitis obscènes des toilettes publiques, aussi crades que le toilette publique moyen, et où elle aurait préferé éviter de crècher.

Kureno n’avait pas du tout l’intention de faire quoi que ce soit avant qu’Ayame ne lui réponde. Certes, elle était restée silencieuse suite à sa première remarque. Ca pouvait être rassurant comme ça pouvait ne pas l’être. Mais il ne pensa pas tout de suite qu’elle avait fait un quelconque malaise, étant donné qu’elle avait encore eu la force de courir jusqu’ici. Le silence n’était pas pour lui une raison suffisante pour défoncer la porte, ou se faufiler en dessous grâce à ses... aptitudes aqueuses. Aussi, se contenta-t-il d’attendre la réponse de son amie, sa main libre sur la hanche, l’autre bras pendant avec nonchalance. Et quand elle vint... Kureno fut plutôt surpris. Non pas par la réponse en elle-même, mais par le ton qu’elle venait d’employer. Elle s’était adressée à lui à voix basse, à tel point que Kureno arriva tout juste à comprendre ce qu’elle a voulu dire. Elle récupérerait le reste... et ce n’était pas la peine de l’attendre ? Comment ça ? Cherchait-elle vraiment à le fuir ?

Non, il y avait quelque chose de bizarre là-dedans. Sa voix n’était pas naturelle. On aurait dit quelqu’un d’autre. Kureno s’était peut-être trompé de personne après avoir tourné, lors de la poursuite, mais... non, vraiment, il était sûr qu’il s’agissait d’Ayame ! Il l’avait bien vue entrer, si ce n’était pas elle, c’était un sosie ! Et si ce n’était pas elle, pourquoi lui aurait-elle répondu, à moins de le confondre avec quelqu’un d’autre ? Ca ne pouvait pas être ça, non. Lui qui était perplexe précédemment, il n’avait pas fini de se poser des questions ! Déjà, à la base, il y avait peu de chances pour qu’Ayame ait réagi ainsi dans l’unique but d’aller aux toilettes. Mais là, cette option était définitivement à rayer. Ca ne lui prendrait pas plus de quelques minutes, et Kureno pourrait très bien patienter, et aller chercher ses affaires en attendant. Elle n’aurait pas agi si brusquement en quittant les lieux. Et surtout, elle n’aurait pas une voix de faussaire. Non, tout cela avait forcément un lien. Mais lequel ? Le jeune homme n’arrivait vraiment pas à mettre la main dessus. Jusqu’à ce qu’elle arrive aux toilettes, elle s’était exprimé comme d’habitude. A part... à part quand elle s’est excusée auprès de Kureno. Cela lui revint à l’esprit. Pourquoi diable s’était-elle excusée ?

Les questions trottaient dans son esprit. Mais même Kureno n’était pas assez indiscret pour les étaler telles quels. Même s’il y avait vraiment un problème, Ayame ne lui répondrait pas comme ça. Surtout dans un lieu public, séparés par une cloison. Mais il ne pouvait pas s’empêcher de s’inquiéter. Peut-être un peu trop... cela faisait quelques instants qu’il était resté devant les toilettes, muet et immobile, à réfléchir à tout ce qui avait pu se passer. Son amie avait peut-être un soucis. En temps normal, quand quelque chose perturbe son amie, il a tendance à plaisanter et à faire l’imbécile pour lui faire oublier ses tracas. Ca marchait comme ça pouvait échouer. Et là, visiblement, Ayame voulait vraiment être seule. Kureno pourrait donc la laisser après lui avoir souhaité une bonne nuit, libre pour le reste de la soirée, sans devoir s’inquiéter davantage. Remuer le couteau dans la plaie n’arrangerait sûrement rien. Aussi, Kureno s’apprêta, enfin, à répondre à son amie.

"Bon. Comme tu veux. Mais..."

Parce qu’il y eut un "mais". Non, Kureno ne voulait pas jouer les nonchalants, et laisser Ayame seule avec ses problèmes. Il ne savait pas ce qui avait pu se passer, et alors ? Justement, il voulait le savoir ! Il était bien trop attaché à la yankee pour rentrer dans sa chambre et penser à autre chose ! Certes, il avait prévu de prolonger la soirée avec elle, et ça n’arriverait sûrement pas. Mais c’était bien le cadet de ses soucis, il voulait vraiment lui remonter le moral. Ou au moins, comprendre ce qui n’allait pas. Il en était persuadé, il se passait vraiment quelque chose. Ne serait-ce que pour sa voix ! Si elle avait simplement répondu "Je le récupérerai moi-même, t’inquiète !" sur un ton naturel, Kureno aurait peut-être cessé de s’en faire pour son amie. Mais là... non, ça ne lui ressemblait pas. Tout ce qu’elle avait pu faire depuis tout à l’heure, ce n’était pas son genre. Qu’elle couve quelque chose, ou qu’il ait fait quelque chose de mal, il voulait au moins savoir ce qui lui arrivait. Mais il fallait tout de même aborder le sujet avec finesse. Et la finesse n’était pas le point fort du jeune homme. Dans le doute... il allait au moins aborder le point le plus marquant. Alias, sa voix vaguement enrouée.

"On dirait que tu as un chat dans la gorge... Ayame. Tu es sûre que tout va bien ?"

Kureno s’était adressé à elle d’un ton assez sérieux. Pas inquiet, mais tout de même consciencieux. Oh, ça aussi, ça ne lui ressemblait pas. Lui qui était plutôt du genre plaisantin. Mais il ne pouvait pas cacher complètement qu’il s’en faisait pour elle. Et de toutes évidences, il n’en avait pas l’intention. Kureno n’était pas du genre à dire aux autres "S’il te plaît, dis-moi ce qui va pas, je m’inquiète pour toi !". Et c’est vrai qu’il était du genre égoïste par moments. Mais il n’était pas pour autant quelqu’un d’insensible ou de nombriliste. Et il tenait réellement à Ayame. Pas seulement pour ses charmes féminins ou son caractère, mais pour ce qu’elle était. Aussi, il n’avait pas l’intention de s’en aller tant que son amie ne lui réponde pas. Quite à devoir attendre des heures toilettes pour cela, ou à défoncer pour de bon la porte des toilettes. Il posa le sac dérobé à côté de lui, et croisa les bras, sans quitter du regard la dite porte.

Allaient-ils s'en sortir un jour? On se le demandait bien... En tous cas, Ayame ne cèderait pas. Ce n'était pas non plus comme si elle pouvait se le permettre... Ah! Ca, ça voudrait être drôle, si elle déverouillait la porte et sortait dans cet état pour lancer à un Kureno abasourdi quelque chose comme: "Bon puisque tu insistes! Mais si j'essayais de t'épargner ça c'était pas pour rien, hein...". Non. C'était plutôt cauchemardesque. Elle eut une vague, très soudaine appréhension. Et si Kureno se mettait en tête de l'obliger à sortir, hein? Quoi qu'il en coûte elle le dissuaderait. Elle resterait ici, plantée fermement derrière cette porte, ce jusqu'à ce qu'elle retrouve son physique habituel. Après ça seulement elle sortirait, et Kureno pouvait bien choisir de coucher dehors à moin d'un mètre d'elle qu rien n'y changerait! Exasperée, elle se retint d'émettre un soupir bruyant... Puis à contrecoeur elle recommença à parler en modifiant sa voix. Kureno avait bien entendu calé que quelque chose n'allait pas avec sa voix... C'était doublement imprudent pour elle de s'epxrimer, donc, mais que pouvait-elle faire d'autre?

"Oui oui! Tout va bien, j'ai juste la crève, j'ai crié trop fort et du coup j'ai plus de voix..." (=> )

C'était franchement peu crédible mais... Mais rien n'aurait pu être crédible, en la situation. Son ami devait être perplexe.. Sa seule consolation était qu'au moins, il ne pouvait absolument pas deviner ce qui se tramait. Elle complèta tout de même, préférant voir Kureno partir rapidement, car nerveuse à le asvoir si près d'elle, alors qu'elle ne pouvait absolument pas se montrer:

"Y a pas de soucis à se faire, ça va passer... Mais tu sais je préfèrerais qu'on se voit demain. Je peux plus... a... ad...t.."

Dans la famille j'ai pas de bol, je voudrais la soeur... Enfin, le frère... Enfin. Le truc. Elle ne l'avait pas vu venir, et trop occupée à parler n'avait pas pris l'initiative de se retenir à temps... Résultat elle manque de se trahir, tandis qu'un magnifique éternuement retentissait. Elle se raidit de tout son être et se mordit la lèvre presque jusqu'au sang, tout en écarquillant les yeux. Il n'y avait plus qu'à espérer que Kureno n'ait pas trop d'imagination et ne soit pas trop perspicace, car pour le coup, elle n'avait rien pu faire pour masquer sa voix. Seul avantage à tout ça: au moins, son histoire de crève semblait plus crédible. Jusqu'à là après tout elle n'avait pas reniflé, et ne s'était pas non plus mouchée... Bref. Mentalement, elle croisait les doigts. Il n'y avait plus que ça à faire.

Kureno s'y était attendu. Même si Ayame n'était pas au mieux de sa forme, elle lui avait tout de même répondu que tout allait bien. Enfin, si l'on peut dire. Mais le jeune homme n'était pas tout à fait convaincu des dires de la demoiselle. Avait-elle perdu la voix à force de crier ? Et parce qu'elle avait la crève ? Kureno avait certes pensé à cette hypothèse, il avait tout de même du mal à y croire. Elle se portait plutôt bien, quelques minutes plus tôt. Et depuis le moment où elle lui est tombée dessus, il n'avait pas le souvenir de l'avoir entendue éternuer. Mais au fond, le jeune homme n'avait vraiment aucune autre hypothèse quant à l'explication de sa voix peu naturelle. A moins qu'il ne s'agisse de quelqu'un d'autre, et qu'on ait droit au quiproquo du siècle ! Non, vraiment. Il s'efforça de croire ce qu'Ayame voulait bien lui dire. De toutes façons, il s'imaginait mal la yankee lui mentir sans raison... et s'il y avait une raison à cela, Kureno ne la voyait pas du tout.

Mais il ne cessa pas de s'interroger pour autant. Pourquoi Ayame était-elle partie sans crier gare ? Pourquoi s'était-elle excusée auprès de son ami pour ensuite le laisser derrière elle ? Et pourquoi s'était-elle enfermée dans les toilettes publiques ? Kureno n'en avait pas la moindre idée. Même pas une hypothèse invraisemblable qui rendrait le tout plus ou moins cohérent. Il y avait sûrement une raison, oui, mais laquelle ? Il hésita encore à lui demander des précisions... mais il préféra finalement ne pas en rajouter. Il était resté silencieux, suite à la réponse d'Ayame, tandis que celle-ci lui affirma qu'il n'y avait pas de soucis à se faire. Ce à quoi elle rajouta qu'elle préférait qu'ils se revoient le lendemain... peu avant d'éternuer subitement. Et quel éternuement ! Kureno n'en avait jamais entendu un de tel ! Pour un peu, il aurait cru que c'était un homme qui venait d'éternuer. Mais en y réfléchissant, ça collait très bien avec sa voix enrouée... et ça prouvait qu'elle avait vraiment attrapé froid. Quand bien même, le jeune homme ne savait plus quoi penser. Il aimerait bien que ce ne soit pas plus grave qu'une petite crève, mais cela cachait forcément quelque chose. Mais tout de même... il savait pertinemment que même si Ayame cachait vraiment quelque chose, son ami n'en apprendrait pas plus en l'harcelant ce soir-là. A moins de se rapprocher d'elle ? Juste histoire de voir comment elle se porte, au final ? Kureno était toujours les bras croisés, devant la porte qui le séparait d'Ayame, silencieux. Un petit soupir. Puis, un pas en avant...

"... Comme tu voudras."

Il jeta un coup d'oeil en direction du sac qui était destiné à son amie, histoire de voir qu'il était encore là. Mais il ne s'y attarda pas davantage, se retournant en direction de la porte. Il posa sa main dessus... et afficha un sourire, tout en sachant pertinemment que son amie ne le verrait pas.

"T'as intérêt à être en forme demain !"

Il s'était adressé à elle d'un ton amical, comme il le faisait si bien. Certes, il aurait pu se glisser sous la porte, mais cela n'aurait peut-être pas arrangé la situation. Même si Kureno ne savait pas ce qu'il se passait, et malgré son habituelle impatience, il préféra laisser Ayame comme elle l'avait souhaité. Il tourna le talon, prêt à partir pour de bon, s'adressant une dernière fois à la demoiselle.

"Je t'ai laissé le sac devant la porte. On se revoit demain... capitaine !"

Il avait bien insisté sur ce dernier terme, prononcé d'un ton taquin comme toujours. Même s'il s'inquiétait réellement pour elle, il n'avait pas l'intention de se mettre à pleurer toutes les larmes de son corps pour la pousser à sortir. Ce n'était pas son genre. Alors il s'éloigna enfin des toilettes, sans chercher à se retourner pour voir si Ayame allait quitter les lieux à son tour. Il ne savait toujours pas ce qu'il se passait, et il risquerait fort de ne pas en dormir de la nuit... mais au moins, il pourrait toujours en reparler dès lundi matin. En attendant, il allait retrouver Andrei à l'appartement. Mais en chemin... il repensa aux affaires d'Ayame, qui devaient toujours traîner dans le stade, si personne ne les avait volées. Elle lui avait demandé de les laisser là où ils étaient... mais tout de même. Il était curieux de savoir ce qu'il y avait eu dedans. Et d'où sortaient ces vêtements masculins. Les questions concernant le contenu de ce sac revinrent au galop. Mais quand bien même, Kureno ne voulait pas abuser de la confiance de son amie. Elle lui avait dit de ne pas s'en occuper... et aussi curieux soit-il, il n'y toucherait pas. Au pire, il pourrait toujours la charrier le lendemain au sujet des vêtements masculins. Mais en attendant, il préféra retourner dans sa chambre, et se changer les idées. Ayame pouvait avoir ses petits secrets, après tout. Et cela ne concernait pas Kureno. Ou du moins, pas encore...

Suspens, suspens... Comment Kureno allait-il réagir aux bruits ayamesques que la dite Ayame avait lâché sans prendre garde? Elle redoutait la réponse, et restait crispée derrière sa porte, l'air alerté, voire hagard... Puis il sembla qu'il abandonnait toute résistance, et choisissait de ne se méfier de rien. Bon. Peut-être qu'il se doutait de quelque chose, quand même, au moins un minimum... Mais le fait était qu'il n'aurait pas l'occasion d'en apprendre plus, maintenant qu'il acceptait de la laisser... à ses "occupations". Ayame manqua bien de s'effondre de soulagement. Elle glissa un peu contre la porte des toilettes, et laissa échapper un souffle long, et silencieux. Et de fermer les yeux brièvement. Rien de fâcheux ne se produirait aujourd'hui... Ne lui restait plus qu'un dernier petit effort à faire, et tout serait bon. Enfin... Si l'on ne prenait pas en compte le fait qu'elle allait devoir rentrer à l'université avec des fringues déchirés... Car il semblait assez évident que les 4 péquenauds se seraient barrés vitesse grand V à son retour, plutôt que de se déshabiller, et de lui filer ce qu'ils portaient. Elle ne pourrait même pas piquer les vêtements de la garce histoire de paraître un peu plus présentable, enfin... Etant donné sa réputation, on croirait sans doute qu'elle avait été actrice d'un combat un peu hardcore, et voilà.

Le dernier effort, donc... Elle eut le courage de sourire pour elle-même, à la fois amusée et remise un peu d'aplomb par la sympathie que laissait transparaître la voix de Kureno. Cela dit, elle ne pouvait rester muette. Elle modifia donc sa voix, bien décidée à ne pas réitérer l'opération cette fois:

"Ok merci...! A demain vieux!"

En temps normal elle aurait rajouté une plaisanterie au bout de sa phrase, mais là, elle n'espérait qu'une seule chose, et c'était de pouvoir enfin se taire... Elle avait bien trop peur d'attiser une curiosité très malvenue chez son ami, et qui pourrait lui poser de gros problèmes. Elle n'avait pas besoin de ça, déjà que ses transformations étaient nombreuses, bien trop nombreuses à son goût, ces derniers temps... Ca en devenait alarmant. Bref... Kureno parti, Ayame pu enfin souffler pour de bon. Elle soupira un grand coup, sans se retenir ce coup-ci, puis se mit à faire les cent pas dans la pièce pour s'occuper... Enfin, les cent pas. Comme elle le pouvait du moins, vu la petitesse des lieux. Bien heureusement, elle n'eut pas à attendre longtemps. Bien heureusement oui car elle commençait à en avoir marre, d'avoir laissé ses affaires sur le terrain la stressait... Comme quoi ses transformations n'étaient pas tout le temps immondémet longues, celle-ci ne dura donc que trente minutes. Elle put donc sortir de la cabine, regarder à gauche, à droite, puis après avoir attrappé le sac que Kureno lui avait laissé s'élancer à l'extérieur, dans un frisson désagréable. L'air de rien entre temps la nuit était tombée, ainsi que la température... Elle échappa un grognement entre ses dents puis courut en direction du terrain de sport, soucieuse d'en finir vite avec cette soirée. Bien sûr, plus personne n'était là... Cela dit par chance son sac avait été laissé en place, avec toutes ses affaires. Sans doute les quatre autres avaient-ils retenus la leçon, et avaient préferé filer le plus rapidement possible, plutôt que de jouer avec le feu, de risquer d'être encore là à son retour et potentiellement d'éveiller sa colère en abîmant ou volant fringues et affaires de cours. Elle soupira d'humeur, puis se baissa, pour attrapper tout ce qui lui appratenait, et le refourguer dans son nouveau sac, par chance orné d'un joli porte monnaie... Porte monnaie dont, d'un geste vif, elle retira l'argent. Indifférente elle laissa retomber le reste au sol... Elle n'en avait rien à faire. Y avait même pas de carte bleue. A voir si son propriétaire penserait à repasser d'ici peu par ici... Ce n'était pas ses affaires. N'allant pas chercher plus loin elle rebroussa chemin. Elle n'avait envie de voir qu'une seule chose, et c'était sa chambre... Comme d'hab, sa transformation l'avait tué psychologiquement.