Fuite nécessaire...

Il était tard. Il faisait froid. Enishi marchait dans la rue, les pieds nus. Il marchait droit devant lui, ne tenant pas compte du regard des passants sur lui mais surtout sur sa tenue. Il avait la lèvre en sang, mais pas que la lèvre. Son kimono était à moitié défais, ne cachant pas vraiment son corps. Il avait aussi des marques de liens à ses poignets et à ses chevilles, ainsi que des traces de doigts autour du cou. Il s’était enfuit du club d’hôte après avoir frappé des clients. Mais il n’avait pas eu le choix, il avait été obligé de frapper ces clients. Pour la fuite, c’était ça ou il aurait eu des ennuis avec ses patrons. Quoi que le fait de s’être enfui aller sans doute lui attirer des ennuis aussi. Enishi s’arrêta un instant lorsqu’il sentit des goûtes d’eaux. Il leva la tête vers le ciel et ferma les yeux lorsque la pluie tomba. Ce n’était vraiment pas son soir. Il était épuisé, il fallait qu’il trouve un endroit où dormir.

"………"

Enishi reprit sa marche vers l’inconnu, toujours les pieds nus, mais complètement trempé maintenant, le maquillage coulant encore plus avec l’effet de l’eau. Est-ce que les mecs du club étaient en train de le chercher pour le punir d’avoir oser frapper des clients ? Alors qu’il était perdu dans ses pensées, une personne l’interpella et lui demanda s’il n’avait pas besoin d’aides. Enishi le regarda, le regard un peu vide et lui répondit que non. Pourquoi est-ce qu’il avait dit non alors que c’était oui ? Qui sait… Le jeune homme continua sa route jusqu’à un banc où il s’assit, attendant dieu sait quoi. Il ne pouvait s’empêcher de regarder autour de lui, recroqueviller sur le banc. Pourquoi est-ce qu’il devait avoir une telle vie ? Les clients allaient sans aucun doute tout lui mettre sur le dos, ne disant pas tout ce qui s’était réellement passé.

Enishi était monté avec deux clients mais en fait, il ne devait coucher qu’avec l’un deux, l’autre étant là juste pour regarder. Ils avaient payé pour ça. Il ne pu donc pas les droguer et les saouler. Il laissa donc un des clients lui passer dessus alors que l’autre les reluquer en se tripotant. Les mecs étaient vraiment des porcs. Enishi faisait donc ce pour quoi il était payé avant de se figer en entendant les deux parler comme s’il n’était pas là. Ils voulaient quoi ? Non non non ! L’autre n’avait pas payé pour coucher avec lui. Il le fit donc remarquer et pour toute réponse, il se reçu une baffe dans la figure. Profitant que le mec s’était retiré, il se dirigea vers la porte pour appeler un des employés mais ils le rattrapèrent et le plaquèrent sur le sol en le tirant par les cheveux.

Pour empêcher l’hôte de s’enfuir, ils lui avaient attaché avec leurs ceintures ses chevilles et ses poignets. Enishi ne cria pas, ne pleura pas lorsque le tripoteur le viola alors que son ami le forçait à lui faire une fellation. Pourquoi est-ce qu’ils ne mettaient pas des caméras dans les chambres ? Ca pourrait éviter ce genre de problème. Mais non… Enishi pensait qu’ils en avaient enfin finit avec lui, loin de là. L’un d’eux s’allongea sur le sol, faisant s’empaler Enishi sur son membre et l’allongeant sur lui. Le jeune homme se débattait comme il pouvait, se doutant bien de ce qui allait se passer mais il n’était pas assez fort. Une violente douleur se fit sentir et il hurla. L’autre sale pervers venait d’entrer en lui à son tour. L’hôte hurlait de douleur.

C’était la première fois qu’on le prenait à deux et il n’aimait vraiment, mais vraiment pas ça, les larmes lui venaient aux yeux et il saignait. Mais ça, ils s’en fichaient. Par contre, ils n’aimaient pas trop que leur joujou hurle ainsi et lui serrèrent la gorge jusqu’à ce qu’il se taise enfin. Combien de temps cela dura-t-il ? Il ne savait pas… Tout ce qu’il savait c’est qu’il avait été violé, qu’on était venu en lui sans protection et qu’il avait plusieurs blessures. L’hôte se releva comme il pouvait et quand un des clients voulut remettre ça, Enishi attrapa la première chose qu’il trouva et frappa les deux hommes avant de s’enfuir pieds nus et de se retrouver au final recroquevillé sur un banc sous la pluie.

Antarès avait passé une sacré soirée! D'abord tranquillement dans quelques bars pas trop mouvementés puis il avait écumé les boîtes de nuit les plus chaudes de la ville, sans considération par l'argent qu'il y dépensait. Il avait prévu combien d'argent il pourrait jeter par les fenêtres sans être dans la merde, et était resté bien au-dessus du plafond. Voilà une belle soirée Antaresque à danser et flirter. Mais rien de plus, bien sûr, il avait Andrei maintenant!

Ah, quel dommage que son petit lapinou en sucre roux ne puisse dormir chez lui! Il logeait à la résidence universitaire, et puis, il devait être mieux avec ses camarades qu'avec un professeur, même s'il s'agissait de son petit ami, en réalité. Que les gens sachent ou pas, Anta s'en fichait bien! Tout comme il se fichait d'embrasser un mec en pleine rue, alors que dans ce pays c'était considéré comme très indécent. Bref, Antarès n'avait aucune tenue, et encore moins lorsqu'il avait un coup dans le nez comme c'était le cas à présent, alors qu'il rentrait chez lui, fatigué.

La vue de ce corps avachi sur un banc le fit dessouler en une seconde. Il le connaissait... c'était... ENISHI??? Antarès s'avança précipitemment, se jetant presque sur le pauvre hôte. Avec de grands yeux bleus écarquillés et un air tellement ahuri qu'il en aurait pu être comique, si ce n'était la situation, il lui lança:

" Enishi? Que s'est-il passé? Qu'est-ce que tu fais tout seul sous la pluie? "

Ca devait être l'alcool qui ralentissait les pensées d'Antarès. Bah oui, que pouvait donc bien faire Eni-kun dehors à moitié à poil et avec des traces de lutte??? Il s'était enfui, pas de doutes, et il était dans le devoir de Super Antarès de lui donner un abri, même provisoire.

" Viens, tu vas me raconter ça au chaud, à la maison! J'habite pas loin! "

Et sans attendre une quelconque réponse d'Enishi, Antarès lui empoigna le bras, pas trop violemment non plus, et l'emmena avec lui. Il était prêt à le porter s'il le fallait, mais le pauvre Eni devait absolument être soigné et se caler bien au chaud dans une couverture!

Enishi regardait le bitume sans rien dire, étant de plus en plus trempé. S’il restait trop longtemps sous la pluie, il allait finir par tomber malade ou pire être emmené dieu sait où par un type louche. Quoi que question type louche, il en côtoyait depuis un long moment et en côtoierait sans doute juste qu’à sa mort ou jusqu’à ce qu’on n’ait plus besoin de lui. Le jeune homme commença à frissonner. Il devait penser à autre chose, à quelque chose de chaud et de confortable. Il ferma les yeux et pensa à son passé, quand son père était encore vivant et qu’il le câlinait, s’occupait de lui et lui lisait des histoires. Ce que cette époque pouvait lui manquer. Oh et il aimait bien aussi passer des heures à regarder son père s’entraîner avec son katana. Il était si doué, si fort, si, si, si… Bref, il était fan de son père. Alors qu’il était plongé dans ses pensées, quelqu’un l’en tira. Il regarda l’inconnu et le reconnu.

"An…ta…rès ?"

Il fronça les sourcils pour essayer de comprendre ce qu’il lui demandait. Mais le temps que les informations arrivent à son cerveau il se retrouva debout, entraînait par le rouquin sous la pluie. Il l’emmenait où ? A la maison ? Quelle maison ? Le club d’hôte ? Son ancienne maison ? La maison du professeur ? C’était trop de truc à réfléchir pour son petit cerveau ce soir mais il se laissa traîner, sans rien dire. Par contre, il commençait à avoir mal aux pieds et fini par glisser et tomber sur le sol, se faisant un peu plus mal. Enishi resta assit sur le sol et commença à pleurer comme un enfant. Ses nerfs étaient en train de lâcher et il n’avait plus aucune force. Antarès n’avait qu’à le laisser ici et faire comme s’il n’avait rien vu. Les gens du club finiraient par le trouver… Peut-être…

"Fa…ti…gué…"

[=> Ville/Demeures/Appartement d'Antarès Brown]