A la banque

D’accord, Enishi allait arrêter de lui poser des tonnes de questions mais il n’avait toujours pas compris pourquoi cela n’allait plus le regarder. Oh, il le saurait bien un jour ou l’autre. Quand Seishirô lui demanda de plus ample explication sur son père et sa famille, le jeune homme les lui donna. Il demanda au passage s’il pouvait récupérer le katana de son paternel. Son patron se mit à rire. Il y avait quoi de drôle dans l’histoire ? Et puis… Ca faisait peur de l’entendre rire… Attendez ! Il venait de dire quoi ? Que le gérant n’aurait plus son arme ??? Mais où est-ce qu’elle pouvait bien être alors ? S’il tenait ce connard, il lui en collerait une dans la figure, même s’il ne pourrait le frapper qu’une fois. Une fois habillé et un peu morose, Enishi décrit le kanata. Une belle lame qui datait au moins de 1800 avec une inscription sur la lame. Bon l’inscription il n’était plus trop sûr de ce qu’elle disait alors il n’en dit pas plus. Oh quand au reste de l’arme c’était tout en noir.

"Vous êtes sûr que c’est plus lui qui ait mon arme ?"

Son quoi ? Enveloppe ? Oups ! Enishi se dépêcha comme il put pour aller la chercher et rejoignit Seishirô. Il avait tout de même un peu peur que les employés de la banque ne trouvent cela bizarre et pose des questions. Ca l’ennuyait tout de même de causer des ennuis à son patron. Pourquoi ça l’ennuyait ? Parce qu’ensuite c’est lui qui risquait d’avoir des ennuis, enfin peut-être… Il suivit donc son patron jusqu’à sa voiture et s’installa, regardant par la fenêtre, muet. Il resta donc dans son coin de la voiture. On aurait presque dit qu’il faisait partie du décor. Il somnola même un court instant. La voiture s’arrêta et Enishi suivit Seishirô, un pas derrière lui, serrant bien son enveloppe. Ca serait un peu embêtant qu’il vienne à la perdre ou à se la faire voler. Ca lui faisait vraiment bizarre de se balader avec une telle somme d’argent sur lui. Il pourrait d’ailleurs en profiter pour s’enfuir mais non, il continuait à suivre son patron tel un gentil petit toutou.

Enishi resta un peu sur le cul en voyant la taille de la banque. Ca devait être gigantesque à l’intérieur. Il se rapprocha de Seishirô et ne le quitta pas d’une semelle. L’intérieur était des plus luxueux… peut-être un peu trop pour une banque non ? Bizarrement, le jeune homme ne se sentait vraiment pas à l’aise ici. Il avait l’impression que tout le monde le regardait, se demandant ce qu’il pouvait bien faire ici. Il préférait mille fois d’être à poils dans le club plutôt qu’ici. Oui, il n’aimait pas se retrouver dans des endroits qu’il ne connaissait pas. Et la présence des gardes de la sécurité le mettait aussi mal à l’aise. C’était vraiment une banque pour riches. Seishirô alla directement dans un bureau, Enishi le suivant toujours à la trace. Il demanda à la personne qui se trouvait à l’intérieur qu’il souhaitait ouvrir un compte en banque ici. L’employer lui demanda alors si c’était pour lui ou son fils. L’hôte ne put s’empêcher de pouffer de rire en entendant cela. Non mais franchement, comment est-ce qu’ils pouvaient être de la même famille ? Ils ne se ressemblaient absolument pas.

Seishirô et Enishi se préparèrent pour aller à la banque, mais évidemment, l'hôte ne put s'empêcher de poser davantage de questions concernant le katana de son père. Sei avait percuté, depuis le temps, et savait qu'il était en sa possession. Maintenant faudrait voir s'il était assez sympa pour le lui rendre. C'était qu'il était beau et précieux ce katana! Alors à la question d'Eni, Sei ne put que répondre:

" Oui. "

Et t'avises pas de poser plus de questions, voulait dire son regard. Maintenant, ils pouvaient y aller? Apparemment oui, puisqu'ils montèrent dans la voiture de Sei, direction le centre-ville et la banque. Heureusement, Eni n'avait pas oublié d'emporter l'enveloppe contenant son capital de départ - appelons ça comme ça, on verra plus tard. Ils entrèrent donc dans la luxueuse - et douteuse - banque. Seishirô observait Enishi du coin de l'oeil, et ne put s'empêcher de sourire intérieurement en voyant son expression surprise. Ca t'en bouche un coin, hein?

Seishirô alla donc directement dans un des bureaux qu'il connaissait bien, et son nom suffit à imposer le respect. Bah c'était qu'il venait souvent, et même ici, on le connaissait bien. Après tout, il avait fait un gros virement à son fils biologique il n'y avait pas si longtemps, ça avait pas mal marqué les esprits. Et le voilà avec un autre fils? Eh bien... l'employé fit une drôle de tête et demanda à quel nom serait le compte, si c'était pour lui ou... son fils justement. Seishirô faillit faire comme Eni et pouffer, mais il garda tout son sérieux pour dire sur un ton tranchant:

" Le titulaire se nomme Mikage Enishi. "

Non seulement ils ne se ressemblaient pas physiquement mais ils n'avaient pas le même nom. Certes, Mugen n'avait pas non plus le même patronyme, mais les voir ensemble suffisait à comprendre leur lien de parenté: ils étaient comme deux gouttes d'eau ! Tandis que là, Sei et Eni... c'est le jour et la nuit, le soleil et la lune, le Yin et le Yang !

L'employé sembla enfin tilter et demanda de plus amples informations. Il donna également un formulaire à Enishi pour que ce dernier le remplisse. Après tout, c'était lui le titulaire non ? Seishirô attendait sagement, se contentant de superviser le tout. Puis l'employé demanda combien ils verseraient pour l'ouverture de ce compte. Sei fit un signe de la tête à Enishi pour que ce dernier sorte l'enveloppe. A vrai dire, Mitsurugi attendait avec impatience de voir la tête que ferait l'employé en voyant la liasse de billets qu'elle contenait.

Oulà ! Seishirô semblait en savoir plus qu’il ne voulait le dire à propos du katana de son père. Il allait lui poser d’autres questions quand il croisa le regarde de son patron. D’accord ! Enishi avait compris. Ils ne parlèrent pas durant le trajet à la banque. Ils étaient arrivés à destination. Le jeune homme suivit sans dire un seul mot son patron à la banque. Et quelle banque ! Elle était vraiment immense. Il préféra alors suivre son patron comme un poussin suivait sa mère. Il n’avait pas du tout envie de se retrouver ici tout seul. Seishirô devait être un gros client pour qu’on lui fasse de telles courbettes. Il le suivait donc, se surprenant au passage en train de reluquer les fesses de l’homme. Qu’est-ce qu’il lui prenait ? Il fut sauvé lorsqu’ils entrèrent dans un bureau. L’hôte ne pu s’empêcher de rire à la remarque de l’employé. Si ce dernier les avait vu la nuit dernière il aurait été certain qu’ils n’étaient absolument pas père et fils. Tiens ? Il avait des papiers à remplir ?

"Merci."

Enishi s’assit et commença à lire le formulaire, un stylo à la main. Sans vraiment s’en rendre compte, il commençait à jouer avec le style sur ses lèvres et dans sa bouche. Un esprit pervers pouvait alors remplacer le stylo par autre chose. Petit coquin va. L’hôte réfléchissait donc bien avant de remplir. Lorsqu’il croisait le regard du banquier, il lui sourit gentiment, comme il souriait à ses clients. Vu le rouge sur les joues du mec, ça devait bien lui plaire ce qu’il voyait. Bon alors, qu’est-ce qu’ils demandaient exactement sur ce formulaire ? Nom de famille, prénom, date et lieu de naissance… Facile ! Bon pour l’adresse il mit celle du club et continua ainsi jusqu’à finir par signer. Bon par contre, il ne put mettre un coup de tampon vu qu’il n’en avait pas. A savoir s’il en avait un, il n’en avait aucune idée. Il rendit donc le formulaire, toujours avec son sourire d’hôte sur les lèvres. Quoi ? La somme d’argent ?

"Oh oui, tenez !"

Comme si de rien n’était, il ouvrit l’enveloppe pour en sortir l’argent qui s’y trouvait. Ca faisait quand même pas mal de billets. Et s’il y avait soudainement un courant d’air et que l’argent, imaginons donc, s’envole ? Est-ce que Seishirô lui en redonnerait ? Certainement que non. Il dit à l’employé qu’il ne savait pas vraiment combien il y avait, bon il savait mais il avait oublié. Enishi avait remarqué la tête des plus surprises du banquier. Il ne devait pas s’attendre à ce qu’il pose autant d’argent d’un coup. Manquait plus qu’il lui demande comment il avait une telle somme. Et normalement, il devrait poser autant d’argent à chaque fois. Oui, sur son formulaire, il avait juste mis étudiant et n’avait rien mis devant la case métier. Il n’avait pas envie de dire ce qu’il faisait en dehors des cours. Ca ne regardait que lui.

Seishirô attendit donc que Mikage-kun ait fini de remplir les papiers pour sortir le sceau. Et oui, en fin de compte, c'était pour ça qu'il était venu avec Enishi. Et pour lui faire une meilleure publicité: pas sûr qu'il aurait pu ouvrir un compte si facilement s'il était venu seul. Tandis que là, avec Mitsurugi-sama à ses côtés, il était pratiquement impossible qu'on lui refuse quelque chose, ou qu'on lui fasse une remarque déplacée.

Seulement, Sei n'avait pas prévu - pas plus que le banquier, apparemment - qu'Enishi mette autant de temps à répondre, et surtout, qu'il joue de cette façon avec son crayon. Sei ne put s'empêcher, cela dit, de rire intérieurement de la réaction du banquier. Hé, il voudrait pas un truc à trois lui ? Ca pouvait se négocier, ça non ? Mais revenons à ce formulaire. L'employé parut un peu gêné quand Enishi le rendit sans tampon. C'est alors que Sei sortit le sien:

" Je me porte garant en cas de problèmes. Je pense que vous n'y voyez aucun inconvénient... ? "

Sei avait ce regard qui ne tolérait aucun avis contraire. Le banquier était manifestement intimidé, voir effrayé, et laissa faire Seishirô très gentiment. Ca c'était fait. Pendant ce temps, Enishi avait pu sortir son enveloppe. Sûr que cette somme était impressionnante, mais ce n'était pas exceptionnel dans une telle banque de voir de si grosses sommes en liquide. Le banquier parut seulement étonné par l'âge d'Enishi. Et par le fait qu'il n'était qu'étudiant. Du moins sur le papier.

Mais le banquier n'était non plus né de la dernière pluie et savait bien qu'il y avait un truc pas clair sous ce fric. Espérons seulement que ce n'était pas de l'argent de la drogue. Il soupira, et recompta les billets, qu'il garda et rangea. Il rangea également le formulaire, et sortit plusieurs papiers qu'il tendit à Enishi. Il y avait un relevé d'identité bancaire, et puis un papier récapitulatif avec le numéro de compte et tout. L'employé demanda alors si Enishi voulait un carnet de chèques, et/ou une carte. Seishirô resta silencieux. C'était le compte d'Enishi, à lui de choisir.

Une fois ceci fait, le banquier annoncerait - ou pas - que la carte et/ou le carnet arriveraient - ou non - directement à l'adresse mentionnée. Mais pas grave, Seishirô se chargerait de récupérer ces précieux courriers avant que le gérant ne mette ses sales pattes poisseuses dessus. Bon. Ils avaient enfin finis avec la banque!

" On va au Midnight maintenant. Si tu as des griefs contre ton gérant, c'est le moment de m'en parler. "

Ouais, parce que là, Sei était bien parti pour faire parler de lui au Midnight Crow. Peut-être pas jusqu'à tapisser le bureau du gérant de la cervelle de celui-ci, mais jusqu'à l'étape 'lui péter les genoux', oui. La suite des évènements allaient être vraiment intéressante.

Oui Enishi prenait son temps pour remplir le formulaire. Il lisait même les petites lignes. Il jouait de façon un peu lubrique avec son crayon sans vraiment s’en rendre compte. Une fois le formulaire rempli, il le rendit, un peu gêné de ne pas y avoir apposé son tampon. Il n’en avait pas, ce n’était pas sa faute non plus. Mais heureusement Super Seishirô était là pour ça. Il allait se porter garant et apposé son sceau sur le formulaire. Enishi trouvait ça tout de même un peu bizarre que le grand patron fasse ça pour lui. Mais bon, il n’avait rien à dire et se contentait de sourire. Le jeune homme donna ensuite l’argent au banquier et attendait. Bon pas de question sur la provenance de l’argent et sur la somme vu son âge. Ca ne regardait que lui et personne d’autre… Enfin ça regardait peut-être aussi son patron vu qu’il était son garant. Il attendit alors pour voir ce qui allait se passer. Il prit les papiers en souriant.

"Un chéquier ou une carte de crédit ? Ben… Je crois que pour l’instant je me contenterai de la carte de crédit, merci."

Oh, sa carte de crédit allait arriver au Midnight ? Fallait la choper avant le gérant sinon ce dernier allait en profiter pleinement et lui prendre tout ce qu’il aurait mis sur son compte. Ils quittèrent le bureau et la banque pour se diriger vers la voiture. Maintenant ils devaient se rendre au club. De quoi ? Des griefs contre le gérant ? Oh il en avait plein mais ça ne risquait pas de lui retomber dessus après ? Il ne dit donc rien pour l’instant, juste le temps de faire le pour et le contre. Il s’installa dans la voiture, tenant ses papiers sur ses genoux. Seishirô pouvait prendre tout son temps pour revenir au Midnight. Déjà comment est-ce que le gérant allait prendre le fait de se faire engueuler par son patron ? A la base, il devrait se la fermer et écouter attentivement. Après, il pourrait peut-être se venger sur Enishi, se doutant bien que c’était de sa faute qu’il se fasse engueuler.

"Y a bien un truc… Tout les mois, il me fait passer une sorte de contrôle… Pour voir si je suis toujours un bon hôte… Et j’aimerai bien qu’il arrête… Dèjà qu’il m’a formé…" dit-il en regardant dehors.

[=> Midnight Crow / Grudge ]