Passer inaperçu

En cette fin d'après-midi, un jeune homme pénétra dans le hall d'un air naturel, tenant une grosse trousse à outils à la main. En le voyant, on aurait dit que ce brave ouvrier venait ici pour une réparation urgente. Il donnait l'impression d'avoir une chose très importante à faire qui demandait à ce qu'on ne le dérange surtout pas. Il traversa le hall en regardant droit devant lui, comme s'il voulait ignorer ce qui l'entourait. Il s'arrêta quelques instants devant le panneau d'affichage, mais il repartit presque aussitôt. Il commença à regarder les murs, à la recherche de quelque chose qu'il n'était pas ici...

*C'est pas possible, je ne vais jamais y arriver... J'aurais dû mieux préparer mon arrivée, trouver un plan détaillé de l'école, peut-être même réussir à me faire embaucher pour un petit poste. Enfin... Tant pis, maintenant que je suis dans la place, je ne vais plus reculer.*

Marc s'appuya contre une des parois, dans un coin à l'écart, et respira à fond. Quoi qu'il arrive, il savait qu'il devait garder son calme. Il était venu dans cet endroit alors qu'il n'avait aucun droit d'y être, il fallait donc se montrer discret. Certes, il était facile d'entrer... Mais le jeune homme se doutait qu'on ne le laisserait pas ressortir si on comprenait pourquoi il était là ! Encore une histoire qui risquait de se terminer au poste de police...

*Voyons... Puisque je ne trouve pas de plan de l'école, je dois agir avec méthode. D'après ce que j'ai lu dans ce petit carnet, les évènements ont eu lieu dans le sous-sol. D'ailleurs, c'est aussi ce que racontait ce petit article de journal. Etonnant que l'on n'entende plus parler de ce drame, quoique... Cet oubli veut sûrement dire qu'il y a des éléments réellement étranges ici.*

Tout en réfléchissant, Marc tenta de repérer le plus court chemin le menant à la cave qui l'intéressait. Malheureusement, il n'était pas simple de se repérer en partant du hall...

[Réservé]

Marc sursauta quand il entendit une voix derrière lui. Mais il reprit aussitôt le contrôle de lui-même, ce qui lui permit d'arborer un air fort naturel quand il se retourna vers l'inconnu. Il se retrouva face à un jeune homme enjoué, apparemment ravi de le rencontrer. Marc lui sourit à son tour, autant pour se montrer amical que parce que cet inconnu allait sans doute pouvoir l'aider. Et puis il aurait plus tombé sur bien pire... Genre un vieux croûton méfiant qui l'aurait soumis à un interrogatoire digne des pires examens. Heureusement, il avait rencontré à la place un garçon avenant et plutôt mignon.

"Bonjour ! Eh oui, vous avez tout compris. Je me suis perdu... Mon patron m'a envoyé ici pour effectuer quelques petits contrôles sur le circuit électrique. Malheureusement, il ne m'a pas donné de plan de cette école. Sans doute pensait-il que je trouverai le sous-sol facilement ou qu'un membre du personnel pourrait m'aider. Mais je n'ai croisé personne jusqu'à maintenant, ce qui est fort ennuyeux. Mon patron ne va pas être content du tout..."

Marc soupira et prit un air soucieux, pour montrer à quel point cette situation était gênante pour lui. Peut-être recevrait-il un blâme ? Peut-être perdrait-il même son travail ? C'est ce qu'il voulait faire croire pour que son mensonge paraiise le plus réaliste possible. Mais il ne voulait pas trop s'apitoyer sur lui-même non plus. Il sourit à nouveau au jeune homme.

"Désolé de vous embêter avec mes affaires. Ne vous en faites pas pour moi, je vais finir par le trouver, ce satané sous-sol !"

*Un adjectif qui lui va très bien...*

"Je ne me suis même pas présenté : je m'appelle Marc Cirnell. Et vous, quel est votre nom ? Je suppose que vous êtes un des élèves de cette école. D'après ce qu'on m'a dit, cet établissement est un des plus réputés de la région. Un des plus anciens aussi..."

Allez savoir pourquoi, Marc comprit vite que son interlocuteur ne se souciait pas de ce qu'il venait faire ici. Dans un sens, cela arrangeait le jeune homme qui, au vu de sa situation, n'avait pas trop envie de se lancer dans des explications détaillées... Par contre, Marc n'était pas sûr que ce garçon ait l'intention de lui montrer le sous-sol. Ou alors pas pour les raisons qu'il espérait... Pourtant, cette situation ne le gênait pas vraiment. Après tout, son interlocuteur semblait sympathique et plutôt mignon, ce n'était pas désagréable de se faire draguer par lui. Cependant, Marc ne perdait pas de vue son objectif : comprendre les évènements étranges qui avait frappé cette école !

"Désolé !" répondit-il en riant. "Je serais ravi de visiter votre salle de cours, surtout dans les moindres coins et recoins. Malheureusement, j'ai beaucoup trop de travail, je dois rejoindre le sous-sol tout de suite. Et il serait dommage que tout le système électrique tombe en panne pour manque de contrôle. Le directeur ne serait pas content..."

Mais apparemment, il en fallait plus pour décourager ce charmant jeune homme. Le faux électricien fut assez surpris d'apprendre qu'Antarès était un professeur, non un élève. Certes, il semblait plus vieux que lui, mais Marc était encore bien jeune. D'ailleurs, il avait hésité à se faire passer pour un élève, puis il y avait renoncé en pensant à tous les papiers à falsifier pour constituer un dossier correct.

"Mais, si le bâtiment est trop ancien, cela peut poser plein de problèmes de sécurité... C'est sans doute à cause de ce risque que mon patron m'a demandé de passer dès aujourd'hui. Aussi il faut vraiment que je trouve ce sous-sol très rapidement. Sinon on me dira que j'ai mal fait mon travail et on ne me renverra plus ici..."

Marc prit un air soucieux et désolé, ressemblant vaguement à l'expression d'un chien battu. Il ne tenta pas de résister à son aîné quand il l'attira dans un recoin plus discret. Il lui sourit d'un air amusé lorsque le professeur lui proposa de partir à la recherche du sous-sol avec lui.

"C'est trèèèèèèès gentil à vous de vouloir m'aider et j'accepte avec joie ! Vous trouverez sûrement des choses très intéressantes à faire dans ce sous-sol et moi aussi."

Sauf que Marc ne pensait pas à la même chose qu'Antarès... Enfin, il serait toujours temps d'aviser le moment venu.

"Beaucoup de personnes semblent avoir oublié l'existence de cette cave..." répondit Marc d'une voix sombre. "C'est sans doute pour cette raison que j'ai autant de mal à faire mon travail !" reprit-il d'un ton plus joyeux. "Mais je ne m'inquiète pas, je suis certain que nous la trouverons, si nous sommes deux à chercher."

Pendant quelques secondes, le faux électricien s'était perdu dans ses pensées. Le fait que le sous-sol soit aussi peu connu venait de lui rappeler d'étranges histoires lues à ce sujet. Des élèves invoquant des êtres démoniaques, en espérant s'approprier leur puissance... Un massacre oublié de tous, même des proches des victimes... Cependant, il préférait ne pas en discuter avec son guide pour l'instant. Peut-être lui en parlerait-il plus tard, s'ils avaient l'occasion de se revoir. Comme il voulait rester fidèle à son rôle, mieux valait qu'il n'ait pas l'air de se soucier davantage d'histoires de sorcellerie que de son travail...

"Oui, mais quelque part vous êtes mon employeur, puisque vous êtes l'un des professeurs de cet établissement", ajouta-t-il en souriant. "Mais je suppose que je dois obéir à celui qui m'embauche."

Pas de chance pour le pauvre Antarès, Marc pensait bien trop à ceux qui les attendait dans la cave pour répondre favorablement à des manoeuvres de séduction. En temps normal, qui sait ? Par contre, il paraissait fermé à toute tentative en cet instant. Lorsque son compagnon lui annonça qu'il venait de repérer un escalier étrange, il bondit vers lui.

"Oui, c'est sûrement ça ! Descendons vite !"

Marc répondit d'une voix fébrile, peut-être un peu trop enthousiaste pour la découverte du lieu où il pourrait effectuer sa réparation. Il suivit Antarès en courant et... Sa déception fut à la mesure de sa joie...

"Oh non, ce n'est pas possible !" s'écria-t-il. "Je croyais pourtant que l'entrée n'était plus condamnée après autant d'années ! J'avais même lu que des cambrioleurs avaient tenté de s'introduire dans le sous-sol... Ils on sans doute échoué pour la même raison que nous..."

*Quel imbécile ! J'aurais dû mieux préparer mon expédition !*

"Qu'est-ce que je vais faire maintenant ?" dit Marc d'une voix désolée.

Il parlait plus pour lui-même que pour son compagnon, dont il avait un peu oublié la présence.

Bien entendu, cette cave avait été scellé il y a de cela quelques années. Depuis, seul ceux qui n'avaient pas besoin de clefs pouvaient y pénétrer sans encombre. Les deux hommes qui cherchaient un passage vers le sous-sol n'avaient pas la capacité nécessaire pour passer de l'autre côté de ce mur Même en parlant elfique avec entrain. Cependant, peut-être que la chance leur sourirait, ou peut-être était-ce autre chose...
Tout d'abord il y eut comme un souffle d'agonie, peut-être était-ce le vent qui arrivait à passer sous la porte condamnée, peut-être était-ce l'imagination des deux hommes, ou autre chose, quoi qu'il en soit après deux courts souffles, le silence se réinstalla pour quelques secondes, le temps qu'un autre bruit semblable a des griffures le long de la paroi se fasse entendre.
Pouvait-on croire qu'une quelconque bestiole du style rongeur puisse faire un telle crissement sinistre ? En tout cas, si l'un d'entre eux était assez courageux pour approcher l'oreille contre la paroi, le bruit disparaîtrait, pour reprendre vivement par traitrise. Es-ce que Marc voulait vraiment savoir ce qu'il y avait en bas, caché derrière ces scellés ? Etait-il prêt à découvrir ce que tous avaient oublié ? Tout ce qu'il avait voulu savoir se trouvait là, juste là, à quelques pas, c'est ce que lui murmura une voix que lui seul pouvait entendre. Suivrait-il ce qu'elle lui murmurait ? Approcher, approcher par la curiosité, et découvrir... les secrets de l'université. La voix se tut, plus rien ne bougea, ne se fit entendre, d'ailleurs, les deux hommes n'entendaient plus rien, pas même les élèves qui passaient dans le hall à quelques pas. Juste un silence pesant, comme celui précédant un évènement terrible.

Marc sursauta quand son compagnon lui dit qu'il avait trouvé quelque chose. Il bondit pratiquement sur le jeune homme, qui commençait à dégager quelque chose sur le mur. Le faux électricien semblait surexcité à l'idée d'entrer dans cette fameuse cave. Et il parut d'autant plus déçu quand il comprit que ce panneau n'était pas une porte providentielle... Il ne put retenir un mouvement d'humeur, en donnant un coup de poing dans le faux mur.

"C'était trop beau pour être vrai ! Pourtant, je suis presque certain que cette pièce a été ouverte récemment. Mais je ne connais personne qui..."

Soudain, Marc s'immobilisa, comme surpris par quelque chose.

"Tu... Tu as entendu, toi aussi ?" finit-il par murmurer, en se tournant vers Antarès.

A cet instant, le jeune homme entendit comme des bruits de... grattement. Oui, on avait l'impression qu'une créature s'acharnait contre le mur derrière eux. Aussitôt, Marc colla son oreille à la paroi pour comprendre ce qui se passait. A part un insecte, aucune bête n'aurait pu être enfermée dans un lieu condamné comme celui-ci. Et quel insecte pourrait se montrer aussi bruyant ? Non, il y avait autre chose de l'autre côté de ce mur...

"Si seulement cette porte était ouverte..." dit-il à voix basse. "Je suis sûr qu'on découvrirait un phénomène passionnant !"

Soudain, Marc perçut une voix derrière les bruits de griffes. Il se figea sur place, incapable de dire un mot de plus. Il écouta très attentivement les étranges paroles, essayant de les retenir par coeur. Il se sentait bien trop fasciné par ce qui lui arrivait pour éprouver de la peur. Après tout, c'est ce qu'il espérait en venant ici, non ? Oui, il voulait découvrir les phénomènes surprenants qui s'étaient déroulés ici ! Peu importe ce qui lui arriverait !

"Je suis allé trop loin pour reculer maintenant ! Il faut que je parvienne à ouvrir cette porte !"

Le jeune homme parlait d'une voix ferme et décidée, sans se soucier du silence qui les entourait. En fait, il n'y prêtait guère attention pour l'instant... Il se plaça devant le panneau de bois et commença à le manipuler dans tous les sens. Il tira dessus, frappa, appela, s'acharna pour l'ouvrir de toutes les manières possibles...

*Je vais y arriver ! Pas question de partir sans avoir vu ce qu'il y a derrière !*

La curiosité est un vilain défaut, Marc Cirnell, c'est ce qu'en tout cas le vieille adage raconte. Et au moment même où se déroule ces faits, le cher curieux aurait dû prendre l'exemple de son compagnon du moment, et rebrousser chemin face à ce bruit étrange et cette atmosphère qui pesait de plus en plus.
L'irresponsabilité apparente du professeur d'histoire géo cachait en fait un homme plein de bon sens, mais ce bon sens Marc n'en était pas équipé, et comme tout bon curieux gonflé d'espoir, d'envie et d'excitation, le faux électricien s'approchait de ce qu'il aurait du laisser tranquille. La voix qui distillait ses invitations attirait l'homme inexorablement, comme une abeille l'est d'un pot de confiture.
C'est alors que le châtain clair s'approcha, touchant la porte qui frémît sous ses doigts, celle qui n'attendait que la folie d'un homme pour s'ouvrir, allait bientôt pouvoir laisser échapper ces années de scellage. Mais alors que l'apprenti détective s'escrimait sur la dite porte, un visage livide et fantomatique y fit irruption quelques secondes, juste assez pour filer les jetons, et juste assez pour disparaître et laisser la question raisonnable du "es-ce que je viens d'imaginer ?"
Les grattements s'intensifièrent lentement, au fur et à mesure que l'excitation de Marc traversait la porte qui ne voulait pas bouger. Seuls ceux qui avaient été en contact avec le livre disparu avait réussi à pénétrer cet ancien lieu de culte, mais pour cette fois, la porte ferait peut-être une petite exception. Peut-être, car elle n'était pas encore satisfaite de Marc. Rien n'était donné gratuitement dans ce bas monde...

- Exsurgent mortui et ac me veniunt.... Exsurgent mortui et ac me veniunt... Exsurgent mortui et ac me veniunt... Exsurgent mortui et ac me veniunt!"

Voilà ce que l'on pouvait entendre porté par le sifflement du vent, comme des voix... les voix de ceux qui, il y a longtemps, passaient leur soirée dans le fond de cette cave. Une vieille incantation, une bribe, un souvenir qui restait coincé là, et n'attendait qu'un curieux pour se manifester.

[ Euh... Si je dis que mon perso est tombé dans un trou spatio-temporel pendant deux mois, c'est crédible comme excuse pour le retard @__@ ? ]

"Mais non voyons !!!" répondit Marc, un poil énervé. "Les rats ne parlent pas et je viens d'entendre une voix ! Il y a sûrement une créature derrière cette porte. Et si elle n'a pas été ouverte depuis des années, il ne peut pas s'agir d'un être humain... Quelle chance d'être arrivé ici au bon moment !"

Fasciné par ce qu'il était en train de vivre, le jeune homme se retourna vers la porte. A première vue, il se fichait complètement de ce que pouvait éprouver le pauvre Antarès. Pourtant, ce n'était pas vraiment le cas. En fait, il désirait tellement assister à ce phénomène exceptionnel qu'il avait du mal à comprendre qu'on puisse vouloir se trouver à des kilomètres d'ici... Oui, si tout allait bien, ils seraient bientôt les témoins d'un évènement fantastique, dans tous les sens du terme ^^

"Bien sûr qu'il faut l'ouvrir ! Comment pourra-t-on voir ce qui se cache derrière si on la laisse fermée ?"

Raisonnement tout à fait logique, mais peut-être pas tout à fait au goût d'Antarès. Par chance, les deux hommes n'eurent pas besoin d'attendre que la porte cède sous leurs efforts pour voir une nouvelle étrangeté. Soudain, un visage fantomatique apparut juste devant eux pour se fondre aussitôt dans la cloison. On aurait presque pu croire à une illusion... Mais Marc était persuadé de l'avoir vu !

"Il... Il ne faut pas s'enthousiasmer trop vite... On ne sait pas d'où ça vient... Peut-être... Peut-être qu'il s'agit d'un trucage ? Mais vraiment... Très bien fait... Rare de voir une telle réussite..."

Soudain, Marc colla de nouveau son oreille contre la porte. Il entendait une voix très faible, mais bien distincte. Il percevait certains mots... Ils lui rappelaient quelque chose, comme une formule de certains cultes étranges... Malheureusement, le faux électricien était si tendu qu'il ne comprenait pas ce que ces mots voulaient dire. Il les murmura à plusieurs reprises pour mieux les retenir.

"Exsurgent mortui et ac me veniunt.... Exsurgent mortui et ac me veniunt... Exsurgent mortui et ac me veniunt..."

Sa voix ressemblait à l'écho de cette phrase venue d'outre-tombe. A un moment, Marc se souvint de la présence d'Antarès. S'il était professeur, peut-être comprendrait-il cette phrase ?

"J'entends une phrase derrière cette paroi... Exsurgent mortui et ac me veniunt. Est-ce que tu sais ce que cela veut dire ? Je ne m'en rappelle plus, même si je suis sûr de l'avoir déjà lue..."

[non ! tu seras châtié ! Pour la peine Marc se fera démembré :p]

Une créature derrière la porte, non pas vraiment, à moins qu'un livre poussiéreux pouvait être considéré comme une créature pensante et vivante. Quoi que, avec le choixlivre, on en était pas loin. La chose faite de cuir et de papier, de sang et de souvenirs jouait avec les nerfs des deux hommes. Fascination et crainte... comme il était aisé de jouer avec le cœur des hommes, les pousser jusqu'à leur dernier retranchement, dans la terreur qui les attiraient tant.
Si les deux là était en quête de sensations fortes, ils allaient être servi ! D'abord, les voix, puis les bruits, ensuite les hallucinations trop réelle, et maintenant les incantations latines qui ne laissait rien présager de bon. Sans le savoir, ces deux là seraient la première pierre de l'édifice afin d'amener Ante versus à renaître.
Puisque Marc était toujours contre la porte, il était temps de la rendre intangible, afin que le faux électricien passe à travers et dévale les escaliers sans finesse jusqu'au fond de la cave sombre et inquiétante, maculé de traces de sang, et à l'odeur nauséabonde. Rien ne lui serait épargné, ni le décors, ni l'impression de vrai. Ainsi des squelettes blanchis s'amoncelaient par terre.
Les mains de l'électricien essayeront sans doute de le remettre sur ses pieds, Marc rencontrerait tripes et boyaux encore chauds et fumants sous ses belles mimines, avec toute l'odeur oh combien bileuse qu'ils pouvaient dégager. Si Antares se sentait l'âme d'un explorateur, il pourrait lui aussi traverser la porte, après tout plus on est de fou, plus on rit, l'acces ne s'était pas refermer, et si il posait une main sur la porte elle passerait au travers comme Marc.
Posé sur une stèle, un livre, entravé qui n'attendait que d'être libéré d'une trop longue inertie.
Si Antares descendait les escaliers, un certain mauvais génie lui attraperait la chaussure, en une farce pas drôle pour qu'il rejoigne dans les viscères fumantes son compagnon de galère, à moins qu'il ne se rattrape de justesse avec la rampe couverte de sang poisseux.
Bienvenue dans le sous sol de l'école messieurs, lieu d'horreur et de culte, de morts et de zombie. Et puisque maintenant il(s) étai(en)t l'(es) invité(s) du vieux livre, il(s) allai(en)t en avoir pour leur argent ! Faites place à la lumière, afin qu'il(s) puisse(nt) admirer dans quoi il(s) pataugeai(en)t !

[ C'est Anta-chou qui va être content de ramasser les bouts qui traînent ]

L’oreille collée à la porte, Marc ne faisait pas très attention à ce que lui racontait Antarès. Cependant, il retint la traduction que lui donna le professeur. Des fantômes… Des morts renaissant à la vie… Dire qu’il ne pensait trouver ici que quelques maigres indices sur un événement oublié depuis des années… Ce qu’il venait de découvrir dépassait ses espérances les plus folles ! Non, il ne pouvait pas s’en aller sans savoir ce qui se cachait dans cette pièce. Néanmoins, il lui restait assez de raison pour s’apercevoir que son compagnon ne semblait pas vraiment du même avis.

"Tu devrais peut-être retourner à l'étage... Après tout, on ne sait pas ce qu'il y a derrière cette porte. Si quelque chose de grave se produit, il vaut mieux que l'un d'entre nous puisse demander de l'aide rapidement. Je pense que la situation sera beaucoup plus agitée d'ici quelques inst..."

Soudain, la porte disparut, ce qui fit basculer Marc en avant. Il ne comprit son erreur que lorsque son corps heurta les dures marches de l'escalier menant vers... Le Néant ? L'Enfer ? Un cagibi ? Difficile de le savoir dans une obscurité pareille. Le jeune homme tenta de se retenir à ce qui se trouvait à portée de sa main, sans succès. Il s'étala au pied des marches, dans une substance visqueuse et puante, imprégnée de l'odeur du sang pourri... Marc se redressa d'un seul coup, effrayé pour la première fois depuis qu'il était arrivé ici.

*C'est pas possible... Mais où est-ce que je suis tombé ici ?*

Il tendit avec prudence sa main, pour tenter de reconnaître ce qui recouvrait le sol. Mais ce qu'il rencontra ne s'avéra pas du tout rassurant, bien au contraire... Sur le coup, le garçon n'osa plus bouger... Pourtant, il ne pouvait pas rester ainsi, assis sur le sol, au milieu de... choses pas très saines ! Soudain, la lumière se fit, éclairant la pièce sinistre.

"AAAAAAAAAH !!!"

Marc bondit sur ses pieds en hurlant, prêt à partir en courant pour ne plus jamais, jamais revenir. Malheureusement, l'une de ses chevilles avait dû souffrir de sa chute, car il faillit s'écrouler quand il tenta de s'enfuir. Il serra les dents pour rester debout et se mit à respirer profondément pour se calmer. Mais il faillit s'étouffer à cause de l'odeur régnant dans le sous-sol.

*Je... Je dois me détendre... Je... Je suis venu pour ce genre de choses, non ? Alors je ne dois pas m'en aller à présent, pas sans savoir ce qui se passe ici... Pourtant, tout ce que je vois n'est pas normal...*

"Vous êtes certain que cette pièce est restée verrouillée jusqu'à aujourd'hui ? Ce n'est pas possible, si l'on voit ces... ce qu'il y a par terre... Il... Il y a dû y avoir un massacre ici récemment... Et il faudrait prévenir l'école de ce qui se trouve dans cette piècve. A... A moins que..."

*Que tout ceci n'est qu'une simple illusion... En tout cas, elle est très réussie !*

Haaa qu'il était doux d'entendre les humains hurler leur frayeur, certes, certes, ça faisait un bien fou. Et puis on voyait ceux qui avait la présence d'esprit de s'enfuir, de sauver leur peau et leur âme. Il y avait aussi les irréductibles qui s'approchaient, qui touchaient le mal et l'obscurité de leur cœur, de leur âme aussi...
Marc était de cette espèce là, curieux jusqu'à la moelle. Il était fort à parier qu'il perde son âme avant la fin de sa vie.
Une vision de chaos, de massacre oui, mais rien de récent, enfin pas réellement. Es-ce que le vieux livre leur avait fait un tour de magie, ou bien les deux hommes étaient parti pour un petit voyage dans le passé ? Qui le savait. Mais si ces deux-là remontaient pour tout raconter, il était fort à parier qu'ils feraient un tour chez le psy et ce très rapidement !
Antarès était un cas spécial, la bible savait au fond que Marc était le seul fautif à son arrivée ici, le roux, lui, il garderait son âme, car au fond, il ne voulait qu'une seule chose, partir. C'était pour cette raison qu'elle avait choisi le blond, et non le professeur d'histoire.
Une courte lueur rouge essaya de captiver le regard des deux hommes vers l'autel anciennement utilisé par le club de magie. On pouvait encore y discerner les cadavres figés des bougies rouges et noires qui se tenaient il y a plus d'une dizaine d'année sur le dessus de la pierre. Le choixlivre n'en avait pas fini, nan pas encore, il voulait s'amuser, se faire libérer... C'est pour ça que la lueur rouge se matérialisa une seconde fois.
Ils ne pouvaient pas avoir loupé cette courte lumière à la fois douce et envoutante, non ? Et pour les faire céder un peu plus, ils purent entendre des pleures, ou plutôt des sanglots. Comme ceux d'un enfant perdu qui se serait caché derrière l'autel apeuré par cette vision d'effroi.
Nous avions là un professeur, et il était fort peu probable que le roux n'essaye pas de secourir un enfant ? Non ? Même si celui-ci n'était plus... comment dire... très frais ? Très... réel ? Chuuuut... ça, il ne fallait pas le dire !
Le sommet d'un crâne apparu derrière l'autel, recouvert d'une toison argentée, les pleures venaient bien de cet endroit, d'ailleurs le petit être releva un fin visage, d'une grande beauté d'ailleurs, -trop grande pour être réelle, si on y réfléchissait bien- vers les deux hommes avant de s'éclipser sous l'autel. Une voix tremblante s'éleva, rien à voir avec les murmures de morts auxquels ils avaient eut droit tantôt...

- Vous allez me faire du mal ?"

Pauvre, pauvre petit enfant qui allait les amener à l'act irréparrable...

Marc sentit une violente crampe lui nouer l’estomac. Sa chute, les tripes puantes, son angoisse… Cela commençait à devenir un peu trop difficile à supporter. Le jeune homme s’appuya contre le mur le plus proche, priant pour que son malaise disparaisse rapidement. Tout compte fait, Antarès avait sûrement raison de vouloir partir d’ici le plus vite possible. Pourtant… Non, il ne pouvait pas s’en aller maintenant, pas après ce qu’il venait de voir. Cela faisait des années qu’il rêvait d’un instant pareil ! Il comprenait très bien que son compagnon ne veuille pas risquer sa vie ici, mais fuir était trop lui demander. Marc lâcha le mur et s’avança au milieu de la pièce en boitant. Il passa un mouchoir sur son visage pour essuyer la sueur âcre qui dégoulinait de son front.

"Tu as raison, il vaut mieux que tu t’en ailles… Moi, je vais rester ici au cas où il se passerait quelque chose. Ne t’inquiète pas pour moi, ça va aller…"

Soudain, le garçon aperçut une lumière, au-dessus d’une table où s’étalaient les restes de bougies consumés. Oui, cela ressemblait à une sorte d’autel… Mais quels sacrifices sinistres avait-on perpétré en ce lieu ? Au milieu de l’obscurité, cette lueur rougeâtre sonnait comme un rappel des récents massacres… Malheureusement, Marc ne pouvait pas résister à la tentation. Il voulait savoir ce qui s’était passé dans cette cave, à n’importe quel prix ! Au moment où il émettait cette pensée, il entendit des pleurs venir de la lumière.

*Hein ?!! Non, ce n’est pas possible, cela ne se peut pas… Imbécile, il y a quelqu’un caché derrière l’autel, tout simplement !*

Quelques secondes plus tard, le jeune homme vit une petite créature s’écarter de la table avec beaucoup d’hésitation. Au début, il préféra pour éviter de l’effrayer. Puis, quand l’enfant lui demanda s’ils allaient lui faire du mal, il s’approcha de lui en souriant.

"Mais non mon bonhomme, nous sommes les gentils, nous ! Moi, je m’appelle Marc et je suis jou… réparateur. Le monsieur en haut des escaliers est professeur : il se nomme Antarès. Et toi, comment t’appelles-tu ?"

Marc n’osa pas lui demander ce qui avait pu se passer ici. Vu ce qui traînait par terre, le petit garçon avait certainement assisté à des horreurs… A moins qu’il ne se soit caché tandis que d’autres commettaient de terribles crimes. En fait, la présence d’un enfant si petit avait quelque chose de déstabilisant dans un endroit pareil… D’ailleurs, comment avait-il pu arriver jusqu’ici. L’université Hokubu accueillait-elle des élèves aussi jeunes ? Et depuis combien de temps se trouvait-il dans ce sous-sol ? Pourrait-il témoigner du massacre que les deux hommes venaient de découvrir ?

"Petit, il ne faut pas que tu restes ici… Antarès va t’emmener avec lui voir d’autres gentils messieurs. Il faudra que tu leur dises d’où tu viens et tout ce dont tu te souviens. Tu veux bien venir avec moi ?"

Marc tendit la main vers l’enfant, le laissant s’approcher de lui à son rythme.

Antarès allait vraiment se pisser dessus, si ça continuait. Et Marc qui semblait carrément sur un nuage ! Pas qu'il n'était pas effrayé, mais Anta voyait bien la lueur malsaine dans ses yeux. L'Anglais était peut-être un peu limité, mais pas à ce point: il avait bien remarqué que Marc n'était pas celui qu'il disait être, et que la seule chose qu'il avait cherché ici c'était bien ce qu'il avait en face des yeux. Une horreur sans nom.

Y'avait du sang partout, et ça puait la mort, au sens propre. Antarès crut qu'il allait vomir, mais il réussit à faire encore un pas en avant. Il fallait qu'il sauve Marc de sa propre folie !

" Ca va aller ??? NAN MAIS TU TE FOUS DE MOI ?!? T'as bien vu ce qu'il y a autour de nous, j'espère, t'es pas encore aveugle ! Non, rien ne va 'aller' ! On se casse d'ici ! Ca craint ! Et tu viens avec moi ! "

Antarès s'avança et attrappa Marc par la manche. Il s'apprêtait à tourner les talons direction la sortie, quand soudain, une plainte se fit entendre. Y'avait un autre truc vivant ici ? ... Ou alors... pas vivant ? Antarès sursauta, et un très long frisson remonta le long de son échine. Horrifié, il se tourna lentement, et lâcha Marc dans sa surprise.

Ce dernier s'était déjà précipité vers l'enfant, et lui faisait la conversation comme si de rien n'était. Anta hallucinait, c'était pas possible autrement. La goutte qui fut de trop, c'était quand il fit les présentations:

" MARC !!! DONNE LUI MON NOM ET MA DATE DE NAISSANCE TANT QUE TU Y ES !!! "

Antarès était paniqué. Il savait que les esprits asiatiques, ou du moins ce que les asiatiques en pensaient, ne pouvaient pas grand chose sur quelqu'un s'ils ne connaissaient pas leur nom, prénom et date de naissance. Les yeux écarquillés, une expression de terreur sur le visage, Antarès se remit à hurler de plus belle:

" NAN MAIS J'EMMENE RIEN MOI !!! TU VOIS PAS QU'IL EST PAS NET CE GOSSE ??? BORDEL MAIS SI TU VEUX CREVER C'EST SANS MOI ! CE MOME EST UN PUTAIN DE FANTOME !!! OUVRE LES YEUX !!! "

Le professeur d'Histoire esquissa un pas en arrière, puis un deuxième. Son visage rougi était tendu de toutes parts, et ses yeux étaient si écarquillés qu'on pouvait se demander s'il pourrait les fermer ensuite. Un autre pas en arrière. Mais Antarès était encore trop humain: il ne pouvait se résoudre à laisser Marc Cirnell ici seul. Le pauvre allait crever, et ce serait sa faute. Non, Anta ne pouvait pas partir.