Ga-Bneh

[=> Ville / Appartement d'Antarès Brown]

Certes, le crépuscule était magnifique, mais à part ça, il n'influençait pas Antarès outre mesure, ce dernier étant bien plus occupé à redouter le moment où il lâcherait cette jolie mimine. Il marchait donc main dans la main avec Andrei, et dans un silence presque complet, jusqu'à ce que ce dernier se mette à fredonner un air qu'Antarès ne connaissait pas. Cela dit, il ne dit rien, et se laissa bercer par la douce voix d'Andrei.

La nuit tombait, certes, et que ce soit le fait de Nyx ou de Ray Nolds, le dieu des Pots à Crayons qui avait renversé son encre sur le ciel, cela ne changeait rien. Antarès aimait le crépuscule, et il aimait aussi l'aube. A vrai dire, il aimait voir les deux, avec entre deux la nuit, sombre et silencieuse. Antarès était un animal nocturne, que ce soit pour sortir en boîte, ou aller picoler sur une plage ou dans la forêt. Seulement maintenant, il avait un boulot, et s'il ne voulait pas être totalement mort la journée, il fallait bien qu'il dorme à un moment ou à un autre. Il regrettait beaucoup le temps où il était étudiant, en fait.

Et c'est donc toujours main dans la main qu'Andrei et lui franchirent l'enceinte de l'université, peu inquiété du fait que le directeur le surprenne. S'il était viré, de toute façon il savait quoi faire. Il pourrait être un hôte plutôt cool non? Cette pensée le fit sourire mais le déprima aussi. Il savait qu'il ne s'était encore jamais fait prendre, mais ça arriverait peut-être un jour. Il se ferait peut-être même virer du Japon, qui sait?

A cette pensée, et une fois dans le hall du Pavillon des garçons, il serra soudainement Andrei contre lui. Sans trop de violence non plus, il était pas si bourrin quand même. Puis, il le lâcha, complètement, et s'éloigna d'un pas.

" Bon... hé bien... bonne nuit, et à demain... "

Arf, non il ne pouvait pas le laisser comme ça, quand même, si? Antarès plongea ses yeux bleus dans ceux à la couleur étrange - et à l'expression non moins étrange - d'Andrei, mais il ne put se résoudre à l'embrasser. Il suffisait que quelqu'un vienne... Tiens, c'était bien la première fois qu'il pensait à ça tiens. Au fait, les professeurs étaient admis dans les chambres des étudiants?

" Ah, pendant que j'y pense, Andrei, tu as un colocataire? "

La question on ne peut plus intéressée, avec l'idée derrière la tête tellement grosse qu'elle dépassait de ses cheveux. Antarès sourit doucement, mais ne fit pas d'autre geste pour se rapprocher d'Andrei.

Andrei et Antarès arrivèrent donc finalement à destination, soit dans le hall du pavillon des garçons, dans lequel l'attendait sa chambre et ses intruments. Il s'arrêta de chanter au moment même où la porte du bâtiment fut franchie. L'ambiance n'y était plus, et l'envie lui était passée d'un coup, de ce fait. Rêvassant toujours a propos de nombre de choses qui lui passaient par la tête pour en ressortir à peu près directement - bandes dessinées carnivores, chèvres à rateau et autre joyeuses andreiades - il ne vit pas le coup venir, et se retrouva donc dans les bras d'Antarès avant même d'avoir compris ce qu'il lui arrivait. Pas de surprise, par contre, la transition se faisant certes en retard, mais en douceur, entre rêve et réalité.

Ah oui, c'était vrai... Ils étaient rentrés, alors maintenant, ça allait être le moment de se quitter, même si ce n'était vraiment pas drôle. Andrei n'avait doublement pas envie de voir son professeur partir, maintenant qu'ils en étaient à ce moment fatidique, à croire qu'il était vraiment en train de s'attacher. Preuve était qu'il regrettait de devoir retourner dans ses quartiers, il se servit de ses bras balants pour étreindre à son tour Antarès, et posa son front contre son épaule, juste un instant, vu qu'ils ne restèrent pas enlacés bien longtemps.

Une fois liberé, à regret, de l'étreinte d'Antarès, c'est déjà un peu plus réveillé qu'auparavant qu'il leva les yeux sur lui, et le regarda/l'écouta prendre congé de lui.

"A toi aussi! J'essaierai de ne pas trop en dire alors demain, surtout si il y a un agent secret de caché dans la classe..."

... Ou bien comment revenir au sujet qui les avait réuni lui et Antarès, ce soir là, soit celui de ses problèmes en Histoire, et de ses connaissances qui quoique que justes ne devaient pas être divulguées au grand public, celles-ci étant considerée comme top secrètes, quoi qu'Andrei ne vit pas bien pourquoi. Il manqua à son tour de partir de son côté, cela dit Antarès s'arrêta au dernier moment pour lui poser une nouvelle question, qui le fit donc se retourner... Et bien peu se demander quoi. Quiconque à sa place aurait deviné de suite pourquoi Antarès lui demandait un truc pareil... Mais lui, non, naif qu'il était, il ne s'imaginait rien de bien beau. Tout sourire il se contenta de répondre au plus juste, le plus naturellement du monde:

"Eh bien oui, j'en ai un, du moins pour le moment... Il pourrait bien en arriver à vouloir changer de chambre. Pourquoi cette question?"

Et comme le montrait son expression pûrement bienveillante, tout comme le ton sur lequel il avait parlé, il n'avait là aucun soupçon... Si il demandait ça à Antarès, c'était bien par pure curiosité, quoi qu'Antarès eut pu aussi, selon lui, résonner sur cette même logique presque trop pure pour être vraie.

Antarès avait presque oublié cette histoire d'agent secret qu'il avait lui-même inventé pour permettre à Andrei d'avoir des bonnes notes. Même s'il était convaincu de la bonne foi de son élève, il ne pouvait vraiment pas lui mettre des notes acceptables sachant que si Andrei continuait, il n'aurait pas ses examens.

Il hocha donc la tête en souriant aux paroles d'Andrei, ne sachant trop quoi ajouter ou répondre à cela. En fait, Antarès pensait déjà au cours du lendemain, qu'il n'avait d'ailleurs toujours pas préparé, et qu'il devrait faire devant son lapinou en sucre adoré. C'allait être bien marrant ça tiens, mais Antarès avait vraiment hâte.

Seulement, il ne voulait pas quitter Andrei tout de suite, vraiment pas. Il lui demanda donc s'il avait un colocataire... s'il n'en avait pas, ils pourraient peut-être prolongé la soirée. Hélas, Andrei répondit par l'affirmative, tout en suggérant que ce dernier demanderait à être déménagé. Antarès sourit tristement et lui répondit quant à la raison d'être de cette question:

" Oh, rien comme ça. Je voulais savoir si tu allais avoir de la compagnie autre que ta flûte... et... enfin... c'est pas grave. "

Ohlala... après tout ce n'était que l'affaire d'une nuit, il le reverrait demain ! Antarès sourit donc, s'inclina un peu avant de déposer un baiser sur le front d'Andrei et de se diriger vers la sortie du hall.

" Bon, hé bien à demain, mon lapinou en sucre roux! "

Lança-t-il alors avec un grand sourire et une grimace aussi espiègle que ridicule, avant de passer la porte du hall, et se retraverser le parc. Elle était étrange cette journée, quand il y repensait. Cet élève loufoque sorti de nulle part, et lui qui ne trouvait rien d'autre à faire que de s'en amouracher et de le ramener chez lui pour le déflorer... Bon, il ne regrettait pas non plus, fallait pas déconner, surtout qu'Andrei avait été consentant. Antarès était obsédé mais pas violeur.

Bref, alors qu'il rejoignait la ville, bifurquant dans la petite rue menant à son appartement, Antarès sourit en pensant que même s'il était plutôt étrange et original, peut-être était-ce enfin La bonne personne à rencontrer. Il ne s'en voulait absolument pas de lui mentir sur ses fantaisies, puisqu'il aimait beaucoup entendre Andrei lui raconter de telles choses. Anta rentra chez lui, retira ses chaussures et alla directement s'effondrer dans son canapé en allumant la télé. C'était quoi le programme de demain déjà? Ah oui... la guerre de Corée. Passionnant.

Andrei resta un court instant un peu perplexe. Si il allait avoir de la compagnie autre que sa flûte? Oh eh bien oui, il y aurait son violon, sa guitare... Il avait même un triangle de fourré sous son lit, quoi qu'il ne l'utilisât pas beaucoup vu le peu d'intérêt qu'on pouvait trouver à taper sur un morceau de métal avec un autre et unique morceau de métal, cela dit il n'y avait que la flûte de possedée. On ne pouvait pas vraiment dire que les autres lui tiendraient fort compagnie... Ah. Et bien sûr, son colocataire. Mais ce n'était pas comme si il s'entendait à merveille avec ce dernier. Un peu long à la détente pour le coup, il ne comprit qu'au dernier moment où Antarès pouvait bien vouloir en venir. La compréhension se fit, et son sourire plus large avec:

"Ah! Mais tu sais je ne pense pas que ça le gênerait beaucoup que tu viennes, je ne lui parle pas énormément mais pour le peu que je sâche il n'a pas l'air trop associable, en fait..."

A côté de la plaque, encore une fois. Si les visites ne gênaient pas son colocataire, celle d'un professeur, pour les choses que le dit professeur pourrait avoir envie de faire avec lui, risqueraient déjà de nettement plus le surprendre. Bref. Quoi qu'il en soit, Andrei n'insista pas. Ce n'était pas comme si Antarès et lui se quittaient pour ne plus jamais se revoir, non plus... Demain, ils seraient réunis dans la même salle de classe, alors bon, c'était vraiment loin d'être tragique à ce point.

Cette fois, si Andrei ne voyait toujours pas ce qu'il avait d'un lapin ou d'un sucre, et même si le surnom lui convenait sans problème, il fut au moins d'accord pour dire que "roux" le qualifiait plutôt bien. Amusé par la grimace d'Antarès, il leva une main pour lui-même le saluer, brièvement:

"A demain, oui!"

Puis Antarès partant pour de bon, il se retourna, et se mit en route pour regagner sa chambre, où l'attendait son instrument magique, et ses autres instruments d'ailleurs, moins magiques quant à eux. Vu l'heure, il ne pourrait pas beaucoup s'entraîner ce soir, d'autant que sans compter le règlement son colocataire risquait de ne pas être très content si il lui cassait les oreilles trop longtemps dans la soirée. Tant pis, il se rattrapperait une autre fois... Après tout, ce qu'il s'était passé ce soir valait bien cette petite entorse à son emploi du temps! Plutôt heureux de son après-midi en fait, et ne se posant pas de questions, tout lui semblant clair comme de l'eau de roche, et inutile à mâcher et remâcher mentalement, il regagna donc sa partition et son challenge... Allait-il réussir à la faire, cette fichue nuance? Ou bien sa flûte avait-elle décidé d'être jalouse, et ne le laisserait-elle pas atteindre le but qu'il s'était fixé dès maintenant... Il aurait été bien de boucler cette affaire avant que le poltergeist de la chambre d'à côté ne soit plus sous calmant! Andrei n'avait plus de cacahouètes grillées, et malheureusement, c'était là le seul aliment et même la seule substance qui parvenait à le droguer. Les poltergeist à caleçons rayés étaient particulièrement contraignants, sur ce point... A croire qu'il aurait fallu interdire à la vente les caleçons rayés. Il suffisait que quelqu'un meure dans d'atroces circonstances en portant un sous-vêtement de ce genre pour que cela devienne un véritable enfer de cacahuètes pour ceux qui devraient le supporter...