La Bible Noire
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 Un air de désolation... [réservé]

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Ayame Keita
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MessageSujet: Un air de désolation... [réservé]   Un air de désolation... [réservé] 37Jeu 22 Mai - 19:25

(bon je poste ça là vu qu'on va très vite finir dehors XD, mode grosse déprime on)

Ayame était dans un... Très sale état. La veille même, il lui semblait que sa vie s'était écroulée, tout ça à cause de personne, si ce n'était elle même. Cette... Chose qui s'était réveillée en elle, quoi qu'elle n'existât qu'à travers sa propre personnalité, cet "elle-même" aliéné, avait fini par la quitter. En réalité juste après s'être enfin libérée des désirs qui parcouraient son corps, elle avait perdu trois secondes connaissance, pour au réveil être de nouveau parfaitement normale... Sauf qu'elle ne pouvait rien effacer de ce qui avait été fait, et qu'elle se rappelait de tout, au moindre détail près. Elle avait bien manqué d'oublier l'hôpital. Choquée, elle s'était mise à sangloter durant de longues minutes, et n'avait fait d'efforts pour se relever et se rhabiller que parce que sa main gauche avait commencé à l'élancer de façon inquiétante.

Elle s'était dirigée avec aussi peu d'énergie qu'une limace radioactive vers l'extérieur du campus, puis s'était traînée jusqu'à l'hôpital, où elle s'était faite soigner. Elle avait bien manqué de ne pas rentrer, tellement elle était mal en point, mais Dieu savait comment, elle était parvenue à faire le chemin inverse, et à rentrer aux dortoirs, pour vite regagner sa chambre. Elle s'était sans attendre couchée, mais... N'avait pas réussi à dormir de la nuit. A défaut, elle avait pleuré tout du long, pliée en quatre, dévastée par une douleur qu'elle n'aurait jamais cru possible. Elle qui pensait être au comble de la dépression la veille, au bar... Elle comprenait maintenant qu'elle avait été bien loin du pire. Là, peut-être commençait-elle à l'atteindre. Lorsque plus rien n'existait au monde à quoi on puisse tenir, on pouvait encore avoir la certitude d'exister, d'être soi-même, n'est-ce pas...? Ce n'était même plus son cas. Pas une seconde ne passait sans qu'elle craigne de revirer, pas un instant sans qu'elle se blâme, se haïsse jusqu'à la moelle. Elle aurait voulu disparaître, ainsi que tout ce mal qu'elle transportait en elle... Elle avait blessé Kureno, elle avait pensé des choses affreuses à son sujet, et son repentir actuel n'était qu'une illusion qui plus était. Elle... N'était pas humaine, elle le savait maintenant. Elle n'était même pas celle qui guidait ses faits, gestes et pensées depuis trois ans. Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle était... Mais une chose était sûre. Elle était une véritable aberration. Comment pouvait-on être constitué des fragments de deux êtres, et continuer de se considérer comme véritablement vivant...? Son existence n'était qu'un artifice... Qui plus était un artifice maléfique.

Si elle ne savait plus sur quel pied danser, le pire restait de repenser à la manière dont la veille, elle s'était comportée avec Kureno. La manière dont elle s'était rendue propriétaire de son existence... La manière dont elle l'avait envahi sans lui demander son avis, à l'aide de son pouvoir... La manière encore dont, effrayé, il l'avait frappée, puis s'était sauvé à toute jambe... Comme elle s'en voulait. Il était venu l'aider, jusqu'au bout il l'avait soutenue, et il s'était sciemment mis en danger pour rester avec elle, et voilà comment ça se terminait!... Mais qu'avait-elle fait...? L'amertume se mêlait au reste des violents sentiments qui nageaient dans son coeur dévasté, déchiqueté. Il devait la haïr maintenant... Il devait avoir peur d'elle... Durant la nuit, elle avait pensé ne plus jamais réussir à l'approcher. La culpabilité bien trop forte l'avait cependant amenée à se lever en fin d'après-midi. Elle lui devait des excuses... Quitte à ce que ce soit la dernière chose, le dernier mot qu'elle échange avec lui. Si elle ne pouvait pas s'excuser, si elle devait lui laisser cette image d'elle, immonde, sans rien pour contrebalancer... Elle ne le supporterait pas. Elle allait devenir folle. Ce pourquoi, mains dans les poches, yeux fixement tournés au sol, elle avançait le long des couloirs du dortoir...

Elle était dans un état passablement inquiétant. Débraillée, la main plâtrée, le teint presque transparent tant il était pâle, les cernes qui ressemblaient à des valises plus qu'à autre chose, les cheveux emmêlés, l'air entre démence, trouble et désespoir, on aurait cru voir se balader l'un des patients à vie d'un asile de cinglés, ou bien un malade pas loin de l'agonie, ou bien les deux en même temps. La tête lui tournait, et bourdonnait douloureusement. Ca faisait dans les trente-trois heures qu'elle était éveillée, il fallait dire, et les dites heures n'avaient pas été de tout repos, physiquement comme moralement. Elle pensait bien ne pas avoir le courage de regarder Kureno en face, et elle craignait, plus que tout ce qu'elle aurait pu craindre, qu'il refuse de lui ouvrir, ou même de lui parler. Pourtant, elle prit son courage à deux mains, alors qu'elle arrivait devant la porte de sa chambre.

Elle leva un regard de chien battu sur cette dernière, se tourna pour lui faire face, et hésita dix secondes durant. Souffle fébrile. Elle leva la main droite, et toqua, deux coups timides. Pas de réponse... Elle serra les dents, et les larmes lui montèrent aux yeux. A cette heure, il aurait du être là... Soit il faisait semblant... soit il était véritablement absent, ce qui était encore plus inquiétant. Elle resta. Deux minutes après, elle appliqua de nouveau son poing contre la porte, et frappa plus fort. Pas de réaction.

Elle se mordit la lèvre à s'en blesser, et appliqua son front contre le battant. Un sanglot manqua de barrer sa gorge. Elle allait exploser... Ce qu'elle avait craint était en train d'arriver...

"Kureno... S'il te plait ouvre-moi... Il faut que je te parle..."

Son souffle lui revint en plein figure un peu comme si il était s'agit d'un yoyo surexcité... Manquant de s'étouffer elle eut un hoquet, et tapa trois coups encore, sans grand espoir. Même Andrei était absent... Ou bien il ne l'était pas. Kureno pouvait tout aussi bien lui avoir demandé de ne pas ouvrir... Si il avait peur d'elle, sans doute devait-il la fuir... Murmure suppliant:

"Kureno..."

Il lui sembla perdre l'usage de ses jambes, ou bien le mode d'emploi pour rester debout... En tous les cas ses genoux avaient lâché, et elle se retrouvait à glisser lamentablement contre la porte, tandis qu'une énième crise de sanglots pointait le bout de son nez; que des convulsions commençaient à secouer ses épaules, accompagnés de gémissement brefs, discrets, mais malgré tout déchirants. Elle se retrouva agenouillée, et se prostra. Ses bras de même glissèrent contre le battant jusqu'à ce que ses mains y soient plaquées, de chaque côté de sa tête. Nouvelle convulsion, plus forte, puis ce fut la fin. C'était clair, elle n'arriverait à rien réparer, elle était bonne pour vivre une existence de damnée, et c'était bien fait pour elle, si elle avait perdu Kureno à jamais... Elle n'avait mérité que ça. Elle était exécrable, tout simplement abjecte... En fait, c'était même pire que de perdre la seule personne à qui elle tenait vraiment, ce qu'elle méritait d'avoir... Elle méritait juste de crever. D'ailleurs...

"... Putain, je veux mourir... K.. Kur..."

Elle ne parvint à aller plus loin. Cette vérité énoncée, il lui sembla perdre l'usage de son cerveau. Ca faisait bien dix minutes qu'elle était là à attendre vainement devant cette porte, attendant un miracle qui n'aurait pas lieu... Il y eut une longue plainte pleine d'une souffrance aussi sincère qu'elle se sentait perdue, puis ses pleurs explosèrent pour de bon. Elle se fichait bien qu'on la trouve à chialer, par terre contre une porte qui n'était pas la sienne... Elle se fichait bien de ce qu'on pourrait penser... Qu'on la laisse tranquille, elle et ses fautes impardonnables, qu'elle ne pouvait même pas essayer d'expier, et qu'une partie d'elle déshinibée assumait fièrement. Kureno... Elle allait rester ici, attendre qu'il daigne lui ouvrir, ou bien qu'il rentre... Si rien ne se passait... Elle allait juste péter les plombs.
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MessageSujet: Re: Un air de désolation... [réservé]   Un air de désolation... [réservé] 37Ven 23 Mai - 20:24

[Désolé par avance si c'est confus/pas clair/chiant/etc. x_x]

Le problème, c'est que Kureno n'était pas dans sa chambre. Ni même dans les dortoirs... A la suite des événements de la veille, il n'avait rien trouvé de plus intelligent à faire que de fuir. Ayame l'avait laissé sortir, mais... Ces espèces de serpents ne l'avaient pourtant pas quitté. Ils avaient toujours été là, dans son corps, à réveiller en lui des envies qu'il avait eu tant de mal à refouler. Depuis que sa petite amie avait perdu son corps d'origine, le jeune homme avait vécu une période on ne peut plus chaste. Il ne pouvait rien faire, avec son amie coincée dans le corps d'un mâle, alors il a renfermé toutes ses envies quelque part, pour ensuite jeter la clé. Celui lui avait pris des mois... S'il avait eu du mal à supporter la perte de leur promiscuité au début, il avait fini par faire comme si de rien n'était. Il avait trop peur de céder à la tentation, d'aller voir ailleurs... Et d'exprimer les sentiments qu'il éprouvait pour Ayame auprès de quelqu'un d'autre. Il ne l'aurait jamais supporté. Il s'était fait violence durant tout ce temps... Pour rien. Il n'avait fait que s'éloigner d'elle, et elle en était arrivé à se saouler... Puis à... Hum. Kureno préférait ne plus y penser. Surtout maintenant... Les flux qui s'étaient immiscés à l'intérieur de son corps avaient finalement décidé d'aller voir ailleurs. Mais cela avait laissé quelques traces... A peine était-il sorti de la chambre qu'il s'était trouvé dans un sérieux état de manque. Il en avait encore honte...

C'était d'ailleurs la principale raison pour laquelle, à la base, Kureno avait cherché à fuir le plus loin possible du bahut. Il n'était même pas repassé dans sa chambre pour prendre des affaires ni rien. Non, ce n'était pas comme un enfant qui fait son balluchon en clamant haut et fort qu'il va fuguer et qu'il ne reviendra jamais, avant de changer d'avis dix minutes après quand sa môman lui fait son plat préféré. Kureno... avait atrocement peur de ce que lui même aurait pu être capable de faire. Il le savait de toutes façons... Il n'était plus humain. A supposer qu'il l'a été à la base. Cette capacité à se liquéfier, ce n'était pas normal. Il ne voulait pas... Devenir une bête sauvage. Cette nuit-là, il avait perdu tout son sang froid. Les larmes aux yeux, il avait détalé à toutes jambes vers la sortie des dortoirs. Et là, essoufflé, son esprit avait fait momentanément abstraction sur tout ce qu'il s'était passé quelques instants plus tôt. Son cerveau s'était simplement intéressé à tous les souvenirs les plus érotiques enfouis dans les méandres de sa mémoire. En passant par Ayame elle-même... Ca n'avait plus été un simple désir à ce stade... Mais un besoin. Quand il s'en était rendu compte, il en avait perdu toute volonté... Et il s'était retrouvé accroupi, les bras autour de deux jambes relevés, à trembler. A trembler à tout ce que son cerveau lui disait de faire pour calmer ses pulsions. Et pour... rendre la pareille à Ayame.

Mais encore maintenant... Il ne lui en voulait même pas pour ce qu'elle avait fait, et encore moins pour ce qu'elle LUI avait fait. Il ne s'en était pris qu'à lui-même, et cela continuait. S'il avait fait preuve de davantage d'attention à son égard, peut-être qu'ils... Non. Ce n'était plus la peine d'y penser. Elle ne voulait plus d'un petit copain tout gentil tout crétin comme lui. Il en faisait peut-être trop, mais... Il avait toujours mal digéré le "Il m'appartient". Kureno ne l'avait pas reconnue dans ces propos... Bien sûr, il savait qu'il y avait cette chose en elle, qui l'avait poussée à agir de la sorte. Mais quand même... Tout ce qu'il avait voulu faire, ces derniers mois, c'était se prouver qu'il n'aimait pas Ayame pour expérimenter le kamasutra... Mais pour bien plus que ça. Ca le blessait incroyablement de penser qu'il ne l'intéressait plus depuis qu'il avait décidé de jouer les chastes... Et à cause de quoi ? D'un stupide changement de forme. Kureno n'y pouvait rien s'il était hétérosexuel ! Et même... Ayame lui aurait demandé de tenter le coup qu'il n'aurait pas hésité. Au final, elle en avait souffert... Et voilà le résultat. Il s'en voulait terriblement d'avoir été aussi aveugle avec elle... Et maintenant qu'elle était en train de changer, elle n'aurait plus besoin de lui. A supposer qu'elle en avait eu besoin, de lui...

Deux jours...

Cela faisait deux jours que Kureno n'était pas revenu à l'Université. Il s'était enfui dans la nature, tel un lycanthrope égaré, avec la ferme intention de ne plus y revenir. Les événements l'avaient profondément choqué, d'une manière comme d'une autre... Il en était arrivé à la déduction qu'Ayame serait plus heureuse sans lui. Après tout hein, qu'avait-elle à perdre ? Elle avait un corps d'étalon et du caractère, elle pourrait trouver bien mieux que lui sans difficulté. De son côté, il n'avait plus de but... Il n'avait vécu que pour elle ces derniers mois, et c'était un gros sacrifice qu'il se faisait à la laissant. Certes, il avait eu peur... Mais ce n'était pas d'elle qu'il avait peur, mais de ce qui s'éveillait petit à petit en elle. Il aurait voulu la protéger comme cette chose, mais il n'en était pas capable, comme il venait de le prouver cette nuit-là. Ce n'était désormais qu'une loque... Une loque qui n'avait mangé que quelques barres chocolatées en l'espace de quelques jours, qui n'avait atrocement soif, et qui n'avait parlé à personne durant tout ce temps. A qui aurait-il pu parler ? Il n'avait pas la capacité de parler aux animaux, et il voulait fuir le contact humain. De toutes façons, c'était réciproque... Les rares personnes à l'avoir vu ne le connaissaient pas, et l'ont tout bêtement ignoré.

Ce n'était pas étonnant non plus, en vue de son état. Il était plus blanc qu'un cachet d'aspirine, à l'inverse du contour de ses yeux, entièrement noirci par les larmes et la fatigue. Il tremblait de faim et de froid, torse nu, et sale. Il avait traîné dans la boue, et la pluie de la veille n'avait pas arrangé les choses. Les cheveux en bataille, la barbe à peine naissante... Il faisait peine à voir. Et il s'en moquait. Il n'avait plus rien à manger, plus rien à boire, et plus aucune raison de rester en vie... Il était dans une sérieuse phase de dépression là. Jamais il n'aurait cru que la perte d'Ayame serait aussi douloureuse pour lui. Il l'aimait terriblement... Et ça lui faisait atrocement mal de savoir qu'il ne valait rien par rapport à elle, qu'il n'aimait qu'un grain alors qu'elle était une plage, qu'il n'était qu'une goutte alors qu'elle était une mer. Il s'était toujours senti en dessous d'elle... Mais là, plus que jamais, ça ressortait. Il complexait réellement vis-à-vis d'elle, s'efforçant à croire qu'elle méritait bien mieux que lui. Bien mieux qu'un espèce d'ahuri efféminé pas fichu de faire tenir son couple plus de deux mois. Il n'avait plus de famille, depuis que celle-ci l'avait laissé dans cette université... Et il n'en avait strictement rien à faire. Des amis, il n'en avait pas vraiment, si ce n'est peut-être Andrei... A qui il légua généreusement sa moitié de chambre et ses affaires en se laissant mourir à petit feu. Il n'y avait plus eu qu'Ayame pour lui...

Avant, il avait vécu avec la nonchalance la plus totale. Il n'y avait pas vu d'intérêt là-dessus, mais ne s'était jamais posé de questions philosophiques du style "Qui suis-je ? Où vais-je ?". Il prenait simplement la vie comme elle venait... Et cela expliquait principalement pourquoi il n'avait jamais rien fichu au bahut. Ce n'était qu'un livre aux pages blanches, sans titre, sans couverture, mais qui s'en moquait. Il avait fini par s'attacher à cette jeune femme, dont il enviait la force physique comme morale. Puis... Il y avait eu cette incident, dans la salle de bains des filles. Et ils l'avaient fait pour la première fois. Le coeur de Kureno s'était mis à battre... Et enfin, l'encre s'était posée sur son livre vierge. Lui arracher Ayame, c'était abandonner son histoire au bout de quelques pages. Il ne voulait pas la continuer avec un autre, ou une autre. Jamais. Il préféra jeter le livre dans une cheminée, et en retourner à un sommeil éternel...

"A... ya..."

Il avait le sommeil agité, encore une fois. Mais il n'y prêtait plus attention. Assis contre le mur de la dernière maison d'une rue voisin, il observait quelques rares passants, au loin. Des promeneurs, des amoureux, un parent et son enfant... Toutes ces personnes qui traversaient le terrain vague face à lui. Et toutes les autres, bonnes ou mauvaises, qui vivaient dans cette ville. Il aurait voulu être comme eux... Ne pas avoir ce fichu pouvoir, et vivre avec sa petite amie le plus paisiblement possible. Seulement vivre... Maintenant, il voulait juste devenir poussière. Il avait besoin d'eau, et il n'en avait pas bu depuis deux jours. Il n'allait pas tarder à mourir éveillé, le plus naturellement possible. Et avec un peu de chance, personne ne le retrouverait, si ce n'est quelques rats et d'autres rapaces affamés pour faire disparaître le corps. Ayame ne le retrouverait jamais... Ne le rechercherait jamais... Et mènerait une vie heureuse. C'était tout ce qu'il souhaitait.
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Ayame Keita
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MessageSujet: Re: Un air de désolation... [réservé]   Un air de désolation... [réservé] 37Sam 24 Mai - 8:12

Combien de temps cela faisait-il exactement qu'elle était là, à attendre vainement?... Combien de temps exactement était-elle restée contre cette porte, à sangloter? Ayame ne savait plus... Il lui semblait avoir mis son cerveau sur pause là, elle était complètement abrutie de douleur, de désespoir, et d'inactivité... Elle ne savait plus quand exactement elle avait cessé de pleurer, mais ça faisait un bon moment. Les larmes s'étaient asséchées sur ses joues, qui la tiraillaient dorénavant, réclamant un peu moins de négligence de sa part... Son regard fixait le vide à ses genoux, ses mains avaient glissé le long de la porte, sa bouche entrouverte trahissait son absence mentale pas des moins troublantes, si l'on songeait à quel point ce genre de comportements était loin de sa personnalité... Enfin. SA personnalité...? Ou bien celle de la personne qu'elle avait cru être, par erreur...? La personnalité d'une moitié d'elle-même, pouvait-on se contenter de dire...

Kureno n'était toujours pas rentré, ni sorti. Au final il ne lui avait toujours pas ouvert... La nuit avait fini par tomber, et des pas avaient retenti dans le couloir. Encore un... Encore un qui ne serait pas Kuro. Comme tous les autres, il allait se contenter de lui jeter un regard perplexe, d'hésiter un instant à lui venir en aide, puis de repartir à ses occupations. Au pire si il essayait véritablement de le sortir de sa léthargie, elle puiserait dans le peu de réserves qu'il lui restait pour le virer de façon convaincante... L'oeil morne et vide, expression aussi lugubre qu'apathique, elle tourna la tête, et focalisa sa vision trouble sur la silhouette approchante... Une taille moyenne, des cheveux d'un roux foncé qui restait voyant, un sourire d'abruti et un air d'illuminé... Pas de doutes, il s'agissait d'Andrei, ce cinglé de voisin de chambre que se payait Kureno... Il devait sans doute revenir dune répétition tardive, ou d'une présentation, ainsi que semblaient vouloir le dire le sac rempli de partitions qu'il se trimballait, ainsi que l'étui derrière son dos. Il allait vouloir rentrer. Il allait donc falloir qu'Ayame se relève, ou du moins se pousse et... Il était déjà là, lui adressant une expression perplexe un peu embêtée.

"Oh pardonnez-moi de déranger votre sieste mais je crois que vous vous êtes trompé de seuil de chambre... Ici il s'agit du mien, et même si je sais que cette place est très confortable il va falloir que..."

Ayame n'était pas d'humeur à écouter ses salades, mais alors vraiment pas. Un sifflement énervé passa ses lèvres asséchées, qu'elle humecta un peu pour le couper de suite avant qu'il ne lui parle de lombrics à crête dure et de leur dilemme existentiel quand elle était au bord de la destruction personnelle totale et complète... Lorsqu'elle s'exprima, sa voix était rendue rauque par les pleurs et la fatigue.

"Ferme là à ce sujet et dit moi un truc... Est-ce que tu as vu Kureno...?"

Andrei sembla buguer un instant, pas du tout vexé de s'être fait envoyer paître. Il cligna des yeux, se redressa, les leva au ciel et sembla réfléchir un bref instant.

"Eh bien pas depuis hier... J'ai trouvé ça étonnant d'ailleurs, car cette nuit lorsque je me suis réveillé il n'était pas ici! Il y a quelques mois de cela ça arrivait couramment, mais ça faisait un moment qu'il n'avait plus été enlevé par les lilliputiens à têtes rouges, je pensais qu'ils s'étaient désintéressés, visiblement non, mais pas d'inquiétudes il en ressortira entier! Enfin, je suis désolé d'insister mais pourrais-je passer si vous n'avez pas été collé au sol? Sinon il va falloir vraisemblablement aller chercher..."

"... merci. C'est bon."

Au fur et à mesure du discours de l'illuminé de service, les yeux d'Ayame s'étaient écarquillés, elle avait pâli jusqu'à en devenir livide, et avait perdu toute contenance. Pas quelle croyait à ces histoires débiles de lilliputiens à têtes rouges, mais il y avait au moins une conclusion à tirer du blabla du cinglé... Kureno n'était pas rentré la nuit dernière. Andrei ne l'avait pas vu de la journée, et visiblement la chambre était vide. Kureno était totalement... porté disparu. Non...! Les événements de la veille l'avaient-ils à ce point choqué..? La fuyait-il...? Allait-il..? Allait-il bien au moins? C'était insupportable. Insupportable d'attendre, de ne pas pouvoir lui parler, réparer ce qui pouvait l'être... Ayame se poussa histoire de laisser passer l'autre déjanté de service, et fit abstraction de ses salutations. Elle se laissa tomber assise contre le mur, et sentit de nouvelles larmes monter, ainsi qu'une sensation d'étouffement la gagner. Elle appuya son crâne contre la paroi, et sa respiration se fit frémissante. Nouvelle irrigation fine le long de ses joues... Kureno... Où était-il? Elle ne pouvait supporter le fait de ne pas savoir où le trouve, de ne pas savoir que faire pour l'aider... Elle ne pouvait supporter d'être évitée de la sorte... Il avait disparu sans même lui laisser d'indice... C'était vraiment fichu. Elle n'avait que ce qu'elle méritait... Un nouveau gémissement douloureux passa ses lèvres, puis elle se releva, chancelante... ses yeux rouges et explosés étaient en effet le reflet de son âme morcelée, et qui lui semblait se morceler en continu... La douleur n'était peut-être d'ailleurs pas la seule responsable... Peut-être était-elle encore en train d'évoluer, maintenant que ce mécanisme sordide avait été par accident débloqué, en elle... Au fur et à mesure que le temps passait il lui semblait sentir des câbles casser de partout dans sa tête, comme si son cerveau et son esprit étaient en train de se déglinguer... Elle commençait à ne plus bien réussir à réfléchir, et ses réactions se faisaient de moins en moins logiques, de plus en plus guidées par les sensations brutes qui étaient en train de la rendre complètement cinglée... Qui était-elle? On s'en fichait... Kureno, où était-il...? Elle n'avait pas à le savoir. A quoi bon être venue ici, pour se repentir...? Ca ne servirait à rien. Elle ne méritait pas le pardon, ce que l'absence de Kuro signifiait. Il lui en voulait, et il avait raison. Il avait peur, et il avait raison. De toutes les manières du moment où ses pulsions premières reprendraient le dessus, ça serait de nouveau la fin des haricots, elle lui ferait encore du mal, elle le prendrait une nouvelle fois pour son objet, alors qu'elle aurait voulu savoir contenir cette jalousie presque maladive qui avant même qu'elle ait commencé à "cracher des flammes" rendait déjà la vie dure à Kuro... Non en fait... Le mieux était qu'elle ne le revoit plus, qu'elle disparaisse elle plutôt que lui... Qu'elle le laisse vivre sa vie, et que cette aberration qu'elle constituait s'efface... Un rire léger, mais démentiel, lui échappa. Rire qui se mua en gémissement déchirant. Un souffle de vent frais atteint ses joues, et un frisson parcourut son dos. Il faisait particulièrement froid ce soir, ou bien était-ce elle qui supportait moins le froid qu'avant...

Elle avait fini par quitter le pavillon, clopin clopant, manquant de se ramasser à plusieurs reprises... La tête lui tournait, le manque de sommeil commençait à se faire cruel... Elle n'avait jamais eu autant envie de disparaître, de mourir, d'effacer à jamais son existence de l'Histoire de cette planète pou le bien de tout le monde... Et c'est alors qu'elle gagna les rues de la ville, et se mit à errer, lamentablement. Vêtue d'une chemise à moitié débraillée, d'un pantalon pas bien différent de celui de l'uniforme réglementaire, elle tremblait de tous les bouts, mais elle ne sentait plus le froid... Il lui semblait ne plus rien voir de ce qui l'entourait, ne même plus faire partie de ce monde... Tout lui parvenait comme à travers une vitre sale, comme si elle n'avait pas eu de réelle présence ici bas, et qu'elle n'était qu'un spectre spectateur d'un monde dans lequel il n'avait pas le droit d'intervenir... Elle manqua à plusieurs reprises de se faire renverser, et ne s'en rendit pas compte. Elle heurta plusieurs personnes, mais continua sa route sans un regard, sans un mot... Elle ne s'en rendait toujours pas compte. Ca tenait de la crise de démence. La nuit passa de la sorte, elle errait, sans but, cherchant la mort inconsciemment... Puis la lumière d'un triste lendemain pointa, et elle continua sa marche au travers des rues, repassant certaines fois deux, trois, cinq fois par le même endroit... Ses neurones lui auraient coulé du nez que ça n'aurait pas été mieux.

Elle n'avait toujours pas dormi, ni mangé, ni bu. Ca commençait à devenir véritablement dangereux pour sa santé, quoi que son organisme fonctionnât son doute différemment d'un organisme humain normal, vu qu'elle n'était pas humaine. Fin de matinée... Cheveux épars, valises et teint pâle, début de barbe, air maladif plus qu'inquiétant, elle était loin de se douter qu'elle était en train de concourir avec Kureno pour le prix du gars anciennement sexy rendu le plus méconnaissable par la dépression... Quoi qu'il en soit, il fallait s'y attendre, alors qu'elle passait dans une rue relativement étroite elle buta sur une poubelle, et finit par s'étaler par terre. Autant dire qu'elle ne se releva pas. Bam. Elle s'échoua au sol lourdement, sa tête buta contre l'asphalte, et il lui sembla qu'une douleur explosait à l'intérieur de son crâne. Elle frémit, et dans ses yeux mi-clos, les pupilles vacillèrent un instant entre rondeur et forme allongée. Elle l'avait bien senti, ce vacillement.. Son coeur avait vacillé avec, assez pour lui redonner un semblant de conscience, mais aussi assez pour que sa gorge se noue, et qu'elle soit de nouveau prise d'un effroi sans nom. Vraiment, il fallait qu'elle crève. Elle ne voulait pas vivre en étant cet individu immonde qui sommeillait derrière ses allures d'humain(e) ronchon(ne) au caractère bien trempé... Kureno... Elle aurait tellement voulu lui dire combien elle regrettait de n'avoir pas été juste Ayame, combien elle regrettait ce qu'elle avait fait hier... Mais elle faisait mieux de se laisser mourir, en espérant qu'il se portait bien... Elle ne devait pas être loin du bout du rouleau maintenant, depuis le temps qu'elle se laissait dépérir... A condition qu'elle puisse crever si simplement. Elle se tourna lamentablement sur le côté, se prostra, et doucement commença à fermer les yeux. On aurait dit un insecte agonisant par terre, prit d'une respiration spasmodique, frêle.Elle ne méritait que ça... Il voulait mourir. Elle allait mettre fin à ce cauchemar avant qu'elle n'ait l'occasion de faire du mal à Kureno ou même à quiconque d'autre... Il ne ferait plus de mal à quiconque non, il ne se le permettrait pas. Elle commençait à voir trouble... Il allait perdre conscience... Le noir se faisait progressivement et bientôt son cerveau se mettrait en mode veille... Définitivement. Noir. Coupure. C'était la fin.

... Ou pas? Plusieurs heures avaient du passer alors qu'Ayame se laissait agoniser par terre... Elle fut réveiller par une douleur aiguë dans les cotes. Le soleil et le ciel étaient cachés par un ensemble de silhouettes à contre-jour... Des silhouettes penchées sur elle, dont elle ne voyait pas l'expression, mais qui dans tous les cas ne semblait pas fort sympathiques, surtout si l'on en jugeait au coup de pied qu'elle venait de se payer dans les côtes.

"Hey mais regardez-moi ça... Si j'avais pensé ne serait-ce qu'une seconde que de prendre notre revanche serait aussi facile...!"

... La voix des mecs de l'autre fois. Elle reconnaissait le blondinet pseudo Tae-jinien qui semblait avoir repris un peu de poil de la bête, face à un ennemi à moitié mort... Elle s'en fichait, d'eux. Si seulement ils avaient pu savoir à quel point elle en avait rien à faire de leur existence ou même de leur revanche, ils en auraient pleuré... Mourir comme ça ou autrement, ça n'importait que peu... Elle sentit une main passer dans ses cheveux... On la soulevait par la tignasse. Elle serra instinctivement les dents, son cuir chevelu prenant feu - au sens figuré - alors qu'un visage s'approchait tout près du sien. Yeux mi-clos toujours, elle ne voyait pas de qui il s'agissait... Elle s'en foutait de toutes façons.

"Eh ben... T'es dans un sale état mec. Tu fais pitié, même un paillasson vaut mieux que ça... Tu te rappelles de nous au moins j'espère?"

Il souriait visiblement... Aucun intérêt. Elle grogna un coup, et un murmure d'outre-tombe passa ses lèvres. C'était ses derniers mots, personne ne la ferait plus parler après ça.

"J'en ai rien à taper... Tue moi si ça peut te faire plaisir..."

BAM. Elle se prit un coup de poing dans la mâchoire qui lui explosa la lèvre, de laquelle s'écoula sans attendre un petit filet de sang. On la soulevait par les bras...

"Attend, attend... Tu crois quand même pas t'en sortir si facilement? Tu nous a piqué pas mal de fric, toi et ton copain vous nous avez complètement humiliés, c'est notre tour maintenant, on va mettre ça au point un peu plus loin ok...?"

Frapper un adversaire à terre. Ces mecs ne valaient rien, décidément. Mais Ayame n'en avait rien à taper. Qu'ils la trainent. Qu'ils la torturent. Qu'ils lui fassent ce qu'ils voulaient... Rien à battre. Elle ferma les yeux, et se laissa traîner. Ses vêtements lui semblèrent soudain humides... On la traînait dans la boue. Haha, haha, sublime métaphore. Paf, on la lâcha, et elle tomba comme une merde sur le sol mou. Nouveau coup de pied dans les côtes, dans le ventre... Quant à elle, aucune réaction. Elle aurait pu être déjà morte que ça n'aurait pas été mieux. On la souleva à nouveau par les cheveux, et... Bang, dans la mâchoire encore. Un pied vint s'abattre douloureusement au niveau de son entrejambe, et elle ne put s'empêcher un grognement. Ca, ça devait-être le mec qu'elle avait manqué de castrer en lui envoyant une barre de fer où il fallait pas, si il était déjà en état de retourner dehors... Dingue. Ils devaient vraiment lui en vouloir hein parce que les coups fusaient de partout... Elle aurait sans doute pu tenter de se défendre, mais elle n'en avait ni l'envie, ni le courage... Bang, coup de pied dans l'estomac qui lui coupa le souffle. Cette fin était parfaite pour elle, après tout. Elle n'avait même plus l'amour propre nécessaire pour vouloir mourir de façon plus glorieuse... Elle n'avait même pas remarqué la silhouette qui, à quelques mètres, trainait contre le mur d'une maison, dans un état à peu près aussi pitoyable que le sien. Et ses tortionnaires non plus.
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MessageSujet: Re: Un air de désolation... [réservé]   Un air de désolation... [réservé] 37Sam 24 Mai - 12:03

La journée était pourtant partie pour être calme, du côté de la tête bleue. Kureno n'avait toujours pas l'intention de bouger de sa position. C'était humide, c'était sale, et ce n'était pas très confortable, mais il avait décidé que c'est là que son squelette pourrirait. Et la vision glauque qu'on pouvait en tirer ne lui faisait pas froid aux yeux... C'était calme, c'était tranquille, et personne n'aurait l'idée de lui jeter quelques pièces pour qu'il aille s'acheter du pain. Il allait rester là, et ne plus se relever, sauf cas de force majeure... Mais très majeure alors. Genre un tremblement de terre doublé d'une éruption volcanique non loin d'un tsunami. Et encore, l'idée de finir broyé/noyé/brûlé ne lui faisait ni chaud ni froid (même s'il en serait autrement si cela devait arriver, haha). Bref, il n'avait vu personne aujourd'hui, si ce n'est un chat errant qui l'avait tout d'abord pris pour un poisson, avant de le fuir au moment de voir son visage. C'était tranquille... Tellement tranquille qu'une bande d'imbéciles a décidé de pratiquer un autre genre de rituel que celui dont il ne voulait plus jamais entendre parler. Un gang traînait quelqu'un pour lui faire sa fête, visiblement. La victime était traînée dans la boue, et ne bougeait même pas... C'était à se demander si elle était encore en vie.

Auparavant, Kureno serait déjà parti à la rescousse, en vaillant chevalier qu'il n'est pas. Et comme il savait tout de même se défendre, il aurait pu permettre au pauvre individu de s'enfuir. Seulement voilà... Il n'avait plus de forces, physiquement, et mentalement. Il ne voyait aucun intérêt à secourir cet homme, déjà. S'il n'était en rien un misanthrope ou même un égoïste, il voulait pertinemment fuir le contact humain, et tomber dans l'oubli. Et même s'il avait voulu l'aider, comment aurait-il fait ? Il était à peine capable de garder les yeux ouverts. Et même s'il ne tenait plus à la vie, il préférait tout de même se suicider lentement. Alors il se contenta d'observer la scène, de loin.

"Bande de cons..."

Un soupir s'échappa de sa bouche. Il n'en avait rien à faire de ce spectacle navrant. Ce n'était pas comme s'il connaissait cette person... Hein ? Il écarquilla les yeux en remarquant la chevelure de la dite personne. Il ne connaissait que très peu de personnes avec de longs cheveux rouges. Ce n'était pas... ? Non, impossible ! Elle ne se serait jamais laissée faire ! Et qu'aurait-elle fait là ?... Pourtant, en y regardant de plus près, on aurait vraiment dit que c'était Ayame. Le jeune homme rassembla toute sa cosmo-énergie dans les jambes, et parvint à se relever, à l'aide du mur derrière lui. Lui qui aurait voulu rester là toute la journée, sans bouger d'un doigt... C'était réussi tiens. Il s'avança en direction de la scène... Et malheureusement, il ne s'était pas trompé. C'était bien elle ! C'était bien Ayame...

Bon sang, mais que fichait-elle ici ? Kureno voulait la fuir, pour ne plus gâcher son existence... L'avait-elle... cherché ? Mais pourquoi aurait-elle fait ça ? Ils n'étaient plus compatibles, pour tellement de raisons, et elle avait été la première à s'en rendre compte... Et pourtant... ? Oups ! Kureno glissa et se retrouva la mâchoire dans la boue. Il n'avait plus beaucoup de points en réserve, hélas ! Dans son état, faire une dizaine de pas avait demandé un effort considérable... Mais de l'énergie, ces individus en avaient à revendre. Et bien entendu, l'un d'eux entendit Kureno, à six mètres d'eux.

"Attendez les mecs ! On a un témoin !"

Un amas de rires mauvais se fit entendre. Evidemment, ce n'était pas tant le fait de se faire pister qui les gênait... Leurs neurones ne devaient être connectés que pour leur permettre d'assouvir leurs pulsions animales. C'est ainsi que l'un d'eux, un blond, s'avança vers Kureno pour lui attraper les cheveux, le soulever, et le regarder plus en détail.

"On sent qu'il a plu, c'est la saison des limaces ! Retourne dans ton bled papi, on aime pas être dérangés quand on fait du business."

Kureno ne cala même pas qu'il l'avait implicitement insulté. Il était seulement préoccupé par l'état de son amie... Il détourna le regard vers elle, vaguement. Son visage exprimait la fatigue, et un peu de mélancolie. Il était épuisé... Mais il trouva quand même la force de répliquer, même si cela s'était fait dans un murmure à peine audible.

"Lai... Laissez-le tran... quille..."

Le blondinet leva un sourcil à sa première syllabe, puis le second, très vite. Et il ne tarda pas à éclater de rire tout en replaçant violemment la tête du jeune homme là où il l'avait trouvé, l'enfonçant dans la boue. Il se releva finalement pour poser un pied contre son dos nu, et s'adresser à ses comparses.

"Vous avez entendu ça ?! Zombinator nous demande de lui foutre la paix au rouquin !"

Les rires se firent davantage entendre. Ils étaient tellement forts qu'on aurait pu les entendre dans les cinq cents mètres à la ronde... Oh, mais bien sûr, ça ne voulait pas dire que quelqu'un allait débarquer et les tirer d'affaire ! Kureno ne voulait pas de ça de toutes façons... Il voulait juste qu'Ayame survive. Très vite, le blondinet se baissa en direction de la tête bleue, puis murmura quelques mots trèèèès rassurants au creux de son oreille.

"T'es un marrant toi... Un gros tas de merde puante, mais un marrant ! Je crois pas que t'es super bien qualifié pour jouer les héros... Mais comme tu nous as bien fait marrer, on te laisse déguerpir sans trop de dommages... On t'enverra les morceaux, si tu veux, hein. On est pas toujours d'humeur clémente, alors profite en pour filer la queue entre les jambes !"

Un sourire vicieux se dessina sur son visage, tandis qu'il donna un violent coup de pied dans le ventre de Kureno. Celui-ci se retrouva sur le dos, les yeux mi-clos, le visage rempli de boue. Nouvel éclat de rire de la part de l'imbécile, qui retourna à ses occupations. Mais le jeune homme n'allait pas les laisser faire... S'il était resté indifférent en apparence, il n'en était rien. Il avait la ferme intention de lui faire ravaler ses mots... Surtout quand il a parlé de lui ramener les "morceaux"... Une colère calme mais profonde se déchaînait en lui. Kureno rassembla toutes ses forces, une nouvelle fois, pour tourner... Il se retrouva à quatre pattes, face à la scène. Plus personne ne faisait attention à lui. Et sans plus réfléchir, il attrapa un caillou de taille raisonnable pour le jeter de toutes ses forces en direction de la joue du blondinet. Il frappa violemment, un peu plus haut...

Un hurlement mit fin aux rires bêtes de ses grossiers compagnons... Kureno devait avoir frappé le globe oculaire, car l'individu avait tout de même porta la main à son oeil. Du sang se déversait le long de sa joue... Et la tête bleue ne pensa même pas à un "Bien fait !" ou à un "T'as eu ton compte, ducon ?!". Ca aurait été plutôt de la graine d'Ayame... Et même, il n'était pas en état pour chercher à les provoquer de la sorte. Il se releva simplement, comme il le pouvait encore. Ses bras maigres et tremblotantes supportaient à peine le poids de son corps...

"Je vous ai dit... de le laisser... tranquille..."

Cela ne fit pas plaisir au gang, pour sûr. A peine Kureno s'était-il redressé qu'un compatriote du blond fonça dans sa direction pour lui donner un violent coup de poing dans la joue. Il n'avait même plus la force d'essayer de se protéger... Il chancela, mais ne tomba pas. Pour l'instant. Son adversaire continua de le frapper, cette fois-ci en pleine poitrine, avant de crier à l'attention de ses collègues.

"On se le fait ! On va lui apprendre à ce connard à se foutre de notre gueule !"

Les autres approuvèrent avec cris et insultes, abandonnant ainsi la rouquine. Kureno eut un petit sourire à cette idée... Elle allait en profiter pour fuir, maintenant qu'elle n'avait plus personne pour l'en empêcher. Pour sûr... Cela rendait Kureno heureux, de savoir qu'il lui aura au moins permis ça. Et tandis que les autres le frappaient dans la mâchoire, ou dans le ventre, il s'adressa à Ayame, de la voix la plus forte qu'il pouvait avoir.

"Sauve-toi Ayame... ! Sauv... to... !"

Le gang allait-il faire attention ? Non, ils ne l'avaient même pas écouté. Mais cela ne les empêchait pas de lui demander gentiment de "fermer sa putain de gueule". Et ils étaient repartis... Dans la joue, dans les côtes, dans le ventre... Kureno ne tiendrait plus longtemps debout, déjà qu'il n'avait pas l'étoffe d'un tank en temps normal. Il chancela à nouveau... et tomba en arrière. Mais deux du groupe le rattrapèrent, chacun attrapant l'un de ses bras, pour le resserrer et lui empêcher de fuir. Comme s'il avait encore l'envie de s'échapper ! Le jeune homme fut redressé à la manière d'un punching ball... Le blondinet, quant à lui, finissait de frotter son visage, dont la moitié était tâché par le sang qui s'écoulait de sa blessure. Rouge de colère, il serra les dents comme s'il voulait les briser. Il plaça un poing américain sur sa main droite... Pour corser la chose ? Kureno n'avait pas fait attention aux coups qu'il avait reçus, même s'il les avait bien sentis physiquement. Cela ne pourrait que lui faire du bien, dans un certain sens. Le blondinet recula de quelques pas, et sans attendre, fonçant en direction de la tête bleue, poing en arrière.

"Va pourrir en enfer, DUCON !"

Et BAM ! Il envoya son poing en plein dans la poitrine du jeune homme, histoire de lui défoncer les organes internes. Sauf que... Au moment de l'impact, cela eut le même effet que s'il avait frappé un ballon rempli d'eau. Kureno se liquéfia sous le choc, dans un hurlement à en réveiller un mort. Ses vêtements, abandonnés, ne tardèrent pas à tomber dans la boue... L'eau dont s'était alors composé le corps de Kureno, en revanche, avait été propulsé en arrière. Et le tout s'éparpilla au sol... Et cela avait follement surpris notre brochette d'imbéciles. Tous regardaient les vêtements du jeune homme de deux yeux grands ouverts. S'ils n'avaient pas eu un menton à peu près normal, leur mâchoire se serait retrouvée par terre. Aucun n'en revenait de ce qu'il venait de voir ! Et sûrement pas le blondinet, qui trembla à l'idée d'avoir lui-même "explosé" littéralement son adversaire. Kureno ne donnait plus aucun signe de vie... Mais cela avait-il bien servi à quelque chose ? Ou bien... Ayame... était-elle toujours là ?
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MessageSujet: Re: Un air de désolation... [réservé]   Un air de désolation... [réservé] 37Sam 24 Mai - 17:27

Ayame n'allait pas tarder de perdre conscience à ce rythme... Les coups ne cessaient plus de pleuvoir, elle avait déjà fermé les yeux, et se sentait comme un grain de sable balayé ça et là dans un univers noir et confus, où des lames invisibles se heurtaient à elle en continu... Les abrutis devaient être frustré, c'était sans doute pour ça que leurs coups se faisaient de plus en plus violents... Elle n'avait aucune réaction digne de ce nom. Même la souffrance n'était plus capable de la faire crier. L'un qui devait en avoir marre de taper dans une poupée de chiffon remarqua sa main plâtrée, et lui marcha dessus avec grand joie... Le plâtre cassa, rentra dans sa main déjà bien abîmée. Ses sourcils tressaillirent, une ombre de gémissement passa ses lèvres, mais ce fut tout.

Qu'ils continuent de la frapper... Qu'il la fassent souffrir le plus possible... En fait, cette douleur, elle en voulait. Elle se sentait tellement coupable, tellement blâmable... Chaque coup porté à ce corps était un pas de plus sur le chemin de l'expiation... En soi elle n'avait encore rien fait de mal si ce n'est avoir eu des pensées et des intentions immondes, et avoir un peu abusé de son pouvoir sur Kureno, mais... C'était déjà trop. Elle avait entrevu ce dont elle était capable, et elle voulait d'avance s'en punir. Et si possible crever pour éviter d'un jour passer à l'acte réellement...

Sauf que les coups cessèrent. Elle mit bien dix secondes à s'en rendre compte, et à entrouvrir les paupières, étonnée, peut-être un peu contrariée... Eh bien quoi? Pourquoi cessaient-ils...? Elle entendit une voix, des mots, dont la signification commencèrent par lui échapper... Puis qui prirent progressivement forme dans son esprit. Laissez-le... Tranquille? Qu'on la laisse tranquille..? Non... Qu'importe qui était cette personne venue à son aide, mais elle ne voulait pas être aidée, ni même être sauvée... Elle avait ce qu'elle voulait. C'était stupide de s'impliquer là dedans, et de s'attirer des ennuis pour elle, alors qu'elle souhaitait juste que ça continue... C'était un coup d'épée dans l'eau, de toutes les manières elle comptait se laisser dépérir... Trouvant une bribe de volonté dans les réserves de secours de ses réserves de secours, elle appliqua une main sur le sol ductile, et tenta de soulever son buste, juste un peu... Bon sang elle n'avait véritablement plus de forces. Son bras tremblait presque, ça lui était difficile de rester dans cette position, certes relativement inconfortable... Elle regarda du côté de l'intrus... Qui semblait être aussi mal en point qu'elle, quoi qu'elle ne parvint pas à réellement voir ce qui était en train de se passer. Sa vision était trouble... Tout lui parvenait comme à travers une vitre opaque... Elle voyait juste une silhouette par terre, et une autre, triomphante, le pied sur son dos... Mais qui pouvait avoir été assez abruti pour se foutre dans une telle situation pour une saloperie dans son genre franchement...? Elle n'avait jamais demandé d'aide, et n'en demanderai jamais. Elle n'en voulait pas... Voix toujours aussi rauque, portée par des cordes vocales abîmées et exténuée, elle tenta de faire comprendre à son pseudo-sauveur qu'il avait tout intérêt à ne pas rester...

"Ne te mêle pas de ça, je mérite pas qu'on m'aide..."

Ce qui provoqua quelques rires côtés gros porcs. Ils devaient être assez d'accord avec cet détail... Mais pourtant ils valaient moins qu'elle. Enfin... Moins que ce qu'avait été sa partie humaine. La chose qu'elle constituait était pire que tout. Elle ne tenait plus... Son corps retomba au sol, son visage dans la boue, tourné sur la scène qu'elle continuait d'inspecter d'un oeil, tandis que l'autre essayait de ne pas tremper son globe dans la pâte couleur peu ragoutante qui jonchait le sol. Sa respiration se faisait plus fébrile... Au fur et à mesure que sa conscience se réveillait, la conscience de la douleur lui revenait... Putain. Elle avait la main explosée. Mais on s'en fichait: elle allait crever. sur le fil, entre évanouissement et lucidité, elle vit le gang se ruer sur l'autre victime, car il était devenu une victime à part entière maintenant... Elle le vit se faire rouer de coups à sa place... Tss. Quel gâchis. Tout ça pour éviter à une chose dans son genre de souffrir plus longtemps...

"Pauvre fou..."

Elle allait fermer les yeux, et se laisser sombrer lorsque... La voix, retentit de nouveau, plus forte. Et si auparavant, le fait de connaître extrêmement bien cette voix n'avait pas heurté sa conscience fort abîmée, là, elle ne pouvait plus faire erreur... Son nom résonna clairement... Cette personne qui se faisait frapper... Qui lui disait de se sauver, alors qu'elle était en difficulté... Ses yeux s'écarquillèrent très soudainement, son visage se déforma dans une grimace d'horreur, et son corps se crispa. KURENO???!! Alors là... C'était l'énergie que lui procurait la stupéfaction, sans doute, qui lui permettait de bouger... D'une traite elle se redressa, s'appuyant sur ses deux bras sans faire attention aux os de sa main gauche qui jouaient du xylophones les uns sur les autres... Elle tourna les yeux sur la scène, et focalisa sa vision... Vision d'horreur. Kureno, au sol, affaibli, voire mourant, comme elle. Kureno dans un état défiant tout état dépressif possible et imaginable. Durant plusieurs secondes elle perdit ses moyens. Que faisait-il ici?? Pourquoi était-il venu à son aide?! Que pouvait-il faire seul contre un groupe, MERDE?! Elle lui avait causé déjà bien des soucis... Elle ne voulait PAS qu'en plus de ça de sa faute il ne se fasse tabasser! L'ironie du sort était vraiment trop cruelle... Il aurait du la laisser crever, il était le premier à devoir lui en vouloir... Comme dans un film au ralenti, elle vit un caillou fuser, entendit un hurlement s'élever et... Elle s'étala de nouveau, sans s'en rendre compte. Mais cette fois, bien loin d'elle l'idée de se désintéresser de la situation... De nouvelles larmes pointaient à ses yeux, une rage sans nom montait, contre elle, et contre cette bande d'abrutis... Qu'ils fassent ce qu'ils veulent, qu'ils détruisent le monde même, tant qu'on ne touchait pas à Kureno! Il fallait absolument qu'elle fasse quelque chose. Sa main gauche se leva, hésitante... Elle avait peur... Tellement peur... Elle qui n'avait que très rarement expérimenté ce sentiment était complètement effrayée... Mais elle ne pouvait plus bouger, elle devait avoir plusieurs fractures, son organisme ne tenait plus la route... Elle n'avait plus grandes solutions. Elle devait aider Kuro... Sa décision fut rendue plus rapide par un événement qui la frigorifia de terreur. Un hurlement terrible, et... Plus rien. Il venait de se liquéfier... Mais quelque part, ça ne la rassurait pas des masses. Et si... Et si... Et si ce pauvre con venait de le tuer, HEIN??! Rien ne se passa au bout d'une seconde, ni de deux, ni de trois... Bon sang, il ne se reconstituait pas!? La terreur finit par prendre le contrôle sur le reste de ses sentiments, et cette appréhension brûla bien vite en une énergie... Furieuse. Elle leva la main, elle bouillonnait intérieurement, et ses pupilles allèrent même jusqu'à se fendre à moitié tandis qu'un cri dont elle ne se serait plus cru capable résonnait, comme un avertissement effrayant...

"Et toi tu veux pas l'expérimenter l'enfer?? CA ARRIVE!!!"

Elle allait tous les buter... Les griller sur place pour avoir osé faire du mal à Kureno... Personne n'avait le droit de lui faire du mal... PERSONNE! Faisant fi du plâtre, elle alluma sa main levée... Un grand claquement, une mèche rougeoyante et... L'intégralité des gars se tourna vers elle, effrayée. Sa pupille s'était remise à trembler en tous sens, mais elle tenait bon... Elle ne se laisserait pas sombrer... Pas avant qu'elle n'en ait terminé avec eux... Un sourire sadique s'étira sur ses lèvres avec une largeur inquiétante, et elle accentua le flux de combustion. Il eut une grande gerbe, et des petits zoziaux humains commencèrent à piailler d'effroi, courant en tout sens pour éviter de se faire rôtir, criant au monstre et à elle ne savait pas trop quoi d'autre... Mais ils en avaient trop fait. Elle ne les laisserait pas s'échapper, oh que non...

"CREVEZ TOUS! Et apprenez qu'il ne faut pas me chercher, au cas où vous vous réincarneriez!!"

Un rire douloureux secoua sa poitrine, et elle serra les dents... Hmpf. Elle avait imprimé un mouvement rotatif à son poignet gauche, et ça avait été extrêmement douloureux... Pourtant, les flammes lui semblaient comme anesthésier le reste de sa main, baigné dedans... Pourtant elle avait l'impression de sentir des petits craquètements de tous les côtés, comme si son corps avait gardé en mémoire sa structure "normale" et était en train d'essayer de remettre en place ce qui devait l'être... Est-ce que les flammes favorisaient la régénération de son organisme...? Elle ne savait pas, mais qu'importait... Elle allait tous les griller... la torche autour de son bras s'enroula tel un fanion soumis à un trop fort vent, et bientôt, une sorte de liane, ou de fouet de feu, remplaça la simple flamme... Elle renforça le flux, et toujours avec un méchant sourire, se roula un peu sur le côté, histoire de libérer sa seconde main... Elle vint la plaquer à la première, et fit jaillir ses flux architectes de l'auriculaire gauche, les enroula au droit, passa sa main à travers les flammes et entoura de ce fait la liane du fil d'énergie... Les frissons la parcouraient... Sa chemise prit feu, et bientôt son torse entier fut baigné d'une chaleur tout simplement exquise... Elle étendit les doigts de la main droite d'un coup, et les flux... Jaillirent, se mêlèrent au flux source, s'emmêlèrent presque jusqu'à fusionner, et donner à main gauche et main droite une entente parfaite. Les doigts de la main droite coulèrent le long du bras gauche, la gerbe de feu se rétracta puis... Grand geste rotatif, accompagné d'un cri rageur. La liane de feu se déplaça en coup de serpe, et happa d'un coup trois des voyous en présence, qui prirent feu dans un hurlement terrible.

Joie démentielle, qui passa dans ses yeux, et la transfigura... Certains étaient déjà loin... Mais un dernier restait à sa portée, malgré son état critique, qui l'empêchait de maîtriser totalement la situation... Comme si elle allait le laisser partir. Satisfaite, elle ramena sa main droite à elle, visa avec la pointe de la paume de cette dernière le fuyard... Puis l'élança un grand coup en avant. Suivant son mouvement de recul puis son élan, la flamme jaillit une nouvelle fois, et l'atteint, dans un grand SCHLAF rougeoyant. Les câbles d'énergie se défirent... Elle en avait fini, et ne voulait pas évaporer Kureno mais... Il y avait quelque chose d'étrange... Comment savait-elle faire tout ce qu'elle avait fait là... Et d'où lui venait le sadisme dont elle venait de faire preuve...? La forme de ses pupilles redevint normale au moment même où les flammes revenaient en elle en une surcharge d'énergie qui manqua de la faire défaillir pour de bon. Elle resta interdite un instant... Puis hagarde, perdit son sourire, pour pâlir doublement, et tourner la tête du côté d'un corps, encore en feu... Un corps. Car oui... Ceux qui avaient été touchés se l'étaient jouée torche vivante avant de finalement succomber... Ca sentait gravement le cochon grillé... Elle venait de faire un joli massacre.

Une inspiration horrifiée, et elle n'attendit pas pour se retrouver de nouveau inondée de peurs, d'horreur, et de haine envers elle-même... Ca avait fini par arriver... Au bout du deuxième jour seulement qu'elle avait ces pouvoirs, elle était devenue une meurtrière... Face à Kureno qui plus était, si il était encore en vie. Elle laissa retomber ses bras au sol, et resta inerte un moment... Elle ne parvenait à y croire... La réalité la rattrapa pourtant vite. Elle eut un gargouillement, puis un hurlement déchirant, tandis qu'elle se prostrait, prenait sa main gauche dans la droite. Les sanglots montèrent, et pour la énième fois la secouèrent, agrémentés de gémissements et de hoquets divers et variés... Elle avait de nouveau subit une brève variation dans sa personnalité... Elle avait aimé ça, tuer ces pauvres gars avait été jouissif... Et Kureno était peut-être mort pour sauver la vie d'une horreur dans son genre. Elle ne pouvait vraiment plus être pardonnée...
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MessageSujet: Re: Un air de désolation... [réservé]   Un air de désolation... [réservé] 37Dim 25 Mai - 12:50

L'orage était passé, d'une certaine manière. Les imbéciles avaient eu leur compte, et il ne restait plus d'eux qu'un tas de chair. Ca pouvait paraître choquant, mais... Kureno se moquait royalement de leur sort... Kureno ? Etait-ce seulement en vie ?... La liquéfaction lui avait sauvé la mise sur le coup. Il ne voulait pas en arriver là, un instinct de survie brûlait encore en lui, au fond de son corps. Le violent coup de poing du blondinet avait activé cette chose... Et son corps avait réagi de façon autonome. Ce fut particulièrement violent pour le jeune homme, mais ça avait payé. Bien sûr, ce n'était plus que quelques flaques, mais il était en vie... Sans ça, ses organes auraient gravement souffert, et son coeur en aurait sûrement pris un coup. Le problème, c'est qu'il n'y avait pas beaucoup d'eau, et elle était éparpillée. Si seulement il avait bu, ne serait-ce qu'une fois en l'espace de ces deux derniers jours... Il n'en serait pas là. Les flaques ne bougèrent même pas, malgré les efforts du jeune homme, et il peinait à garder connaissance. Puis... Peu après la fin du combat, il se mit à pleuvoir. Comme si quelqu'un avait décidé d'éteindre les flammes d'Ayame, et d'étouffer cette odeur de barbecue qui avait quelque peu envahi les lieux. Les gouttes se déversaient sur le sol, les unes après les autres. Et les flaques ne firent bientôt qu'une.

Au bout de quelques minutes, la pluie avait redoublé de force. Et Kureno... Aussi étrange que cela puisse paraître, il avait retrouvé de l'énergie. Se régénérer par le biais de l'eau, ça pouvait être drôlement pratique. La flaque se mit à luire légèrement, tandis qu'elle changeait de forme. Bientôt, une main apparut... Puis un bras... Et l'on vit le dessus de la chevelure du jeune homme. Au bout de quinze secondes, il s'était reconstitué. Nu mais indemne, il reposait sur le sol, à quatre pattes et frigorifié. C'était... vraiment étonnant. Mais il ne se soucia pas longtemps de ses capacités qu'il continuait de découvrir, et se dirigea vers ses vêtements. Et plus particulièrement vers son amie, d'un air inquiet.

"Ay... Ayame... !"

Il se mit à tousser, manquant de retomber dans la boue. Mais cela ne l'arrêta pas. Il était bien trop perturbé au sujet de tout ce qu'il s'était passé. Elle était restée là, au lieu de fuir... Elle tenait visiblement encore à lui. C'était assez mitigé... Il savait que là, il lui avait encore posé bien des soucis. Mais au fond de lui, ça lui faisait chaud au coeur de savoir qu'il valait quelque chose à ses yeux, malgré tout. Il se redressa et... S'avança finalement vers elle, rapidement, un sourire triste sur les lèvres. Sans plus tenir, il se jeta sur elle sans ménagement, pour la serrer contre lui. Qu'importe sa nudité ou l'apparence de son amie. Le plus important était là : Ayame était sauve. Et ils s'étaient retrouvés... Même si pendant tout ce temps, il avait cherché à la fuir. Si les événements de l'autre nuit avaient été moins violents, il en aurait sûrement parlé avec elle. Mais qu'importe. Il ne voulait plus y penser, pas tout de suite...

"Je... Je suis content de te voir..."

Elle avait tué cinq "malheureux innocents" ? Et alors ! Il préférait de loin ce dénouement que l'inverse ! Il ne voulait pas qu'il lui arrive malheur... Et il n'était pas prêt de la lâcher de sitôt. Il était trop heureux de l'avoir retrouver... Ils pourront s'expliquer plus calmement à présent. Enfin... Sûrement pas ici. Il faisait froid, ils étaient trempés, et les cadavres brûlés n'étaient pas du meilleur goût.
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Ayame Keita
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MessageSujet: Re: Un air de désolation... [réservé]   Un air de désolation... [réservé] 37Dim 25 Mai - 14:24

Rien... Rien ne se passait. Ayame continuait de sangloter, et à côté de ça, tout était mort... Les corps continuaient de flamber, le silence n'était entrecoupé que par ses hoquets, et... Kureno ne semblait pas vouloir réapparaître, comme si sa présence ici n'avait été que le fruit d'une hallucination. Mais Ayame savait que ce qu'il venait de se passer était vrai... Plus les secondes passaient, plus son coeur se serrait... Pourquoi ne réapparaissait-il pas, hein? POURQUOI? L'avait-il fui...? Etait-il déjà loin, ou bien... Etait-il...? Elle ne voulait pas croire à cette éventualité, et pourtant, plus le temps passait, plus elle s'imposait à elle, violente. Outre sa détresse, due au quadruple meurtre qu'elle venait de faire, elle commença très sérieusement à s'inquiéter à propos de Kureno... Jusqu'à finalement céder à ses peurs, et lâcher un beuglement terrible, comme si on l'avait mise à mort. Pourquoi fallait-il que ça se termine ainsi...? Pourquoi, alors qu'elle avait fait son possible pour le préserver, allant jusqu'à sacrifier sa - certes pitoyable - existence pour lui permettre de vivre libre...? Un gémissement échappa à ses lèvres...

"Ku... reno... Revient... Je t'en supplie..."

Sa main droite se resserra sur la gauche, jusqu'à la blesser. Elle serra les dents, prise d'un sentiment très paradoxal de satisfaction... Oh que oui elle voulait souffrir... Souffrir pour se punir... Elle avait tué ces gars, et de sa faute, Kureno était mort... Kureno? Mort? Impossible... Son esprit n'acceptait pas d'y croire... Et si c'était vraiment le cas... C'était raison de plus pour mourir. Si Kureno n'était plus là, Ayame n'avait véritablement plus aucune raison de vivre... Les gouttelettes commencèrent à tomber sur son visage, puis devinrent plus nombreuses, plus rapides... Jusqu'à totalement la tremper. Un frisson de désagrément secoua son échine. La pluie...? Qu'avait-elle contre...? Rien... et pourtant, de sentir les gouttes lui tomber dessus lui procurait un malaise qu'elle n'avait jamais testé avant ça... Sa conscience se perdait progressivement, noyée sous les larmes, la tristesse, la fatigue et la mélancolie... Ses sanglots se tarirent, ses paupières se fermèrent, et silencieusement elle continua de se vider du peu d'eau qui lui restait, prête à enfin cesser de vivre... Chaque seconde de plus était un enfer... Quelle ironie.

Lorsque Kureno se reconstitua, prouvant qu'il n'avait pas, comme elle le pensait, passé l'arme à gauche, Ayame n'était plus en état de s'en rendre compte... Abandonnée à terre, comme déjà morte dans un état plus que pitoyable, elle n'était plus que l'ombre d'elle même, et qui plus est une ombre à moitié conscient seulement. Il fallut qu'il prononce son nom pour que ses sens soient appelés au réveil, et qu'enfin, ses paupières daignent papilloter, pour finalement s'entrouvrir... Elle voyait une silhouette entre ses cils resserrés, mais n'était pas assez éveillée pour comprendre ce que cette perception pouvait bien signifier en terme de réalité... Il fallut bien que Kureno se jette sur elle et la prenne dans ses bras pour que son esprit veuille bien tirer les sonnettes d'alarme, et allume l'alimentation de secours. Elle ouvrit les yeux soudainement, eut un battement de coeur violent... C... Comment?! Comment était-ce possible...? Comment Kureno pouvait-il l'enlacer puisqu'il était...? Euuh... Etaient-ils morts tous les deux, ou bien..? Non. Vraisemblablement ils étaient vivants. Elle n'était pas en mesure de réfléchir à comment cela pouvait-être possible... Elle préféra passer ses bras dans le dos de son ami, rassurée... Même si une petite voix aiguë continuait en elle de lui répéter qu'elle n'avait pas le droit à ce réconfort, elle se sentait soulagée de cette étreinte, une étreinte qui lui avait terriblement manqué... Une étreinte qui tout à la fois lui faisait mal. Vraiment elle ne méritait pas tant d'égards... Elle plongea son visage dans son cou, tremblante et de froid et d'émotion. Elle se fichait bien de leurs deux apparences peu présentables... Il y avait tant qu'elle voulait lui dire... Elle aurait voulu le fuir tant qu'il était encore temps, contradictoirement, mais elle n'en avait à l'instant même plus la force... Elle aussi était heureuse de le voir, heureuse d'être près de lui et heureuse de constater qu'il tenait encore à elle... Mais... Rien n'allait, malgré ça. Les premières paroles qui lui échappèrent furent celle qu'elle brûlait de lui transmettre depuis le début, celles pour lesquelles elle était allée le chercher dans sa chambre...

"Je suis désolée... Tellement désolée... Si tu pouvais savoir comme je m'en veux... Je... Je..."

Les aveux devaient être sortis trop vite... Le débit fit céder le barrage, et un nouveau sanglot la secoua, tandis qu'elle s'accrochait à Kureno comme à une planche de survie... Elle avait tellement besoin de parler... Tellement besoin qu'il comprenne, qui plus est... Elle n'avait que lui pour dire ces choses, que lui à qui elle avait véritablement envie de les dire...

"J'ai peur... Je veux pas changer... Je voudrais juste que tout soit comme avant..."

Elle passa une main tremblotante le long de son dos, jusque dans sa nuque, pour passer les doigts dans ses cheveux, comme du temps où la vie était encore rose pour eux... Dire que toute une partie d'elle trouvait ses actuelles préoccupations stupides... . Un hoquet douloureux lui échappa encore, avant qu'elle n'achève dans un soupir fébrile:

"J'en ai marre... J... Je voulais juste être avec toi... Rien d'autre..."

Elle aurait du se sauver pour son bonheur, trouver la force de s'enfuir, de s'achever... Mais elle ne pouvait actuellement plus résister à ses inclinaisons profondes. Elle avait envie d'être avec lui... Envie de ne plus jamais le quitter, de toujours veiller sur lui... C'était égoïste, mais elle ne voulait plus le lâcher... Ce pourquoi elle s'huîtrait fermement...

"Je les ai tués..."

Aucun lien mais... Ca la préoccupait ça aussi. Pourtant, elle en avait déjà fait, du mal, à ce genre de voyous... Gémissement déchirant... Décidément, tout allait mal.
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MessageSujet: Re: Un air de désolation... [réservé]   Un air de désolation... [réservé] 37Dim 25 Mai - 15:17

Kureno aurait été télépathe qu'il aurait sans aucun doute nié les pensées d'Ayame. Elle ne méritait pas tant d'égards ? Si, bien sûr que si. Elle méritait toute son attention, et l'avait toujours mérité, quoiqu'il arrive. Et Kureno ne voulait pas l'abandonner pour une raison X ou Y. Ca la ferait souffrir, et ça le ferait souffrir également, en conséquence. Il voulait juste être auprès d'elle... Aussi, il frissonna derechef en sentant son visage dans son cou, et la resserrant davantage contre lui. Les larmes commencèrent à lui monter aux yeux... Il n'aurait pas dû fuir. Pas sans en avoir discuté avec elle. Ils n'en seraient pas arrivés là... Kureno aurait dû en parler avec elle, lutter contre la peur qui avait noué ses entrailles. Et lui parler, simplement lui parler. Ca aurait grandement arrangé la situation... Son visage s'attrista quand elle en arriva à s'excuser pour l'autre nuit. Elle n'avait pas à le faire... Ce n'était pas sa faute. C'était cette chose qui s'éveillait en elle, qui la transformait petit à petit. Ca l'effrayait, oui. Mais... Ayame lui avait bien dit de fuir. Et Kureno ne l'avait pas écouté. Il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même... Délicatement, sa main passa dans ses cheveux, et il prit la parole à son tour.

"Ce serait plutôt à moi de m'excuser... Je... J'ai mal agi l'autre soir..."

Il ferma les yeux, d'où s'écoula un premier filet de larmes, et posa son visage dans les cheveux de son amie. Un soupir s'échappa de ses lèvres, avant qu'il ne reprenne.

"Pardonne-moi..."

Kureno se sentait vraiment mal dans sa peau, à chaque hoquet de la jeune femme. Il avait été si immature avec elle, malgré tous ses problèmes. Il s'en voulait cruellement... Il l'avait frappée... Il l'avait fuie... Et avant ça, il portait moins attention à elle, malgré ses sentiments. Il tenait à elle... La douleur envahit davantage son visage, tandis qu'elle exprimait sa peur... Sa peur de changer. Kureno ne répondit sur coup que par une étreinte plus forte, toujours plus douce. Il avait toujours aimé Ayame, quoi qu'elle ait pu faire. Mais il ne pouvait décemment pas lui dire que ça ne changerait rien pour lui... Ce serait hypocrite dans le sens où il en avait réellement peur, lui aussi. Et surtout... le coeur du problème n'était pas là. Kureno ne le savait que trop bien, tandis que cette capacité se réveillait en lui, et s'étendait... Pour son amie, le problème était d'autant plus grave qu'il touchait aussi sa personnalité. Il la laissa glisser ses dogits dans ses cheveux, frissonnant davantage. Ca lui manquait ce contact... Et la forme d'Ayame importait peu. Le plus important, c'était elle.

"Moi aussi... Je veux seulement être avec toi... On était heureux avant qu'il n'y eut..."

Il se tut. Il ne voulait pas reparler du jour où Ayame avait perdu sa forme féminine. Et elle aussi, n'avait pas forcément envie d'en reparler. Profiter de l'instant présent, et anticiper le futur... C'était ça la chose à faire. En attendant, cet avenir, il voulait le partager avec elle. Si elle avait essayé de s'enfuir, il l'en aurait empêché. Les sacrifices n'avaient plus d'importance pour lui... Elle était décidément la seule chose à l'animer encore. C'était égoïste, mais... Si elle voulait encore de lui, si elle était heureuse à ses côtés, il ne voyait plus de raison de fuir. Faire le bonheur d'Ayame, c'était tout ce qu'il comptait pour lui. Et qu'importe... Qu'elle ait les tués. Kureno ne fit preuve d'aucune peur, d'aucun dégoût, quand elle le lui annonça. Au fond, il s'en moquait. De toutes évidences, si elle en était arrivée à une telle extrémité, c'était...

"... à cause de moi. C'était pour me protéger... Pas vrai ?"

Il ne lui en voulait pas. Kureno n'avait décidément pas l'âme d'un philanthrope, et il estimait que ces hommes l'avait bien cherché. C'était une solution extrême, oui... Mais ce n'était pas comme si elle l'avait souhaité de tout coeur. Il n'avait pas eu l'occasion de voir ce qu'il s'était passé, oui... Et peut-être en aurait-il été effrayé... Mais au fond, Kureno se moquait presque du sort de ces hommes.

"On est tous les deux... C'est le plus important."

Naïf ? La tête bleue devait l'être pour s'exprimer de la sorte. Il le savait... Mais ça n'avait pas d'importance. Il voulait continuer de croire. Il ne voulait pas perdre d'espoir. Elle seule pouvait lui apporter le bonheur, il en était convaincu. S'ils ne pouvaient pas être ensemble... Il n'aurait plus qu'à se laisser mourir. Et au fond... Peut-être était-ce pour ça, aussi, qu'elle était dans un état aussi déplorable. Mais ça... Ils auront l'occasion d'en discuter davantage plus tard. La pluie redoubla de violence, et les cordes aqueuses s'abattaient sur le dos de nos deux tourtereaux. Kureno, malgré son "élément", était frigorifié. Et Ayame devait l'être tout autant, malgré ses habits. Le jeune homme avait continué de pleurer, toujours plus, au fur et à mesure que le temps passait. La pluie avait au moins le mérite de camoufler ses larmes... Mais il préféra se mettre à l'abri, avec elle. Avec Ayame.

"Retournons au dortoir... Tu veux bien ? On sera bien mieux au chaud..."

Il aurait pu s'éloigner d'elle pour aller chercher ses vêtements, mais à quoi bon ? Ils étaient sales et trempés. Et Kureno n'avait pas la tête à jouer les pudiques... Il préférait de loin rester après d'Ayame, et ne plus la lâcher. Même pour repartir... Alors qu'il commença à se relever, l'incitant à faire de même, il la tenait toujours serrée dans ses bras. Ces deux jours sans lui parler, c'était deux jours de trop.
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MessageSujet: Re: Un air de désolation... [réservé]   Un air de désolation... [réservé] 37Dim 25 Mai - 16:42

A Kureno de s'excuser...? Qu'est-ce que c'était que cette bêtise si...? Ce n'était pas de sa faute si elle changeait, malgré ça quitte à prendre des risques il avait fait son possible pour l'aider, et pour le remercier qu'avait-elle fait...? Elle préférait ne pas y repenser... Ses actes de l'autre soir lui donnaient la nausée... D'autant plus quand elle se disait qu'à tout moment, ça pouvait la reprendre, l'envahir, et lui faire changer du tout au tout sa façon de voir les choses... Elle aurait tout le temps de lui dire qu'il n'avait pas à s'en vouloir, là actuellement elle était avant tout partie pour pleurer et gémir, et vomir ce qui la tracassait, voire ce qui la torturait...

Elle hoqueta encore, sentant les bras de Kureno se resserrer contre elle. C'était réconfortant oui... Il n'y avait rien à dire de toutes les manières. Si elle changeait, personne n'y pouvait rien, personne ne pouvait l'empêcher... Elle ne pouvait que l'accepter et faire avec, mais c'était dur... L'accepter, hein...? Elle en était encore bien loin, elle refusait complètement de redevenir cette chose qui avait "abusé" de Kureno, qui avait manqué de retourner la situation que ce salopard d'Angra s'était fait une joie de provoquer... Pourtant... Elle le savait maintenant, ce n'était pas comme si elle était véritablement en train de devenir autre... Elle l'avait toujours été. Seulement, une partie du drôle de machin qu'elle faisait était restée endormie tout ce temps, et avait attendu jusqu'à il y avait deux jours pour se réveiller... Elle se mordit la lèvres, et ses pleurs redoublèrent. Ils avaient été heureux, avant que tout ne tourne au cauchemar, mais maintenant... C'était fini, n'est-ce pas? Rien ne pourrait empêcher et leur séparation, et sa métamorphose noire...?

C'était déprimant... Quitte à devoir continuer de vivre, quoi qu'elle ne le sentit pas, mais alors vraiment pas, elle voulait éviter d'y penser. Pourtant elle n'avait jamais apprécié de fuir, mais là... LA... Elle ne parvenait pas à rester forte. A force de lui taper dessus et de lui appuyer sur la tête, le destin finissait par la noyer... Quant à ces gars qu'elle venait de faire rôtir sur place... Etonnée, elle releva la tête, et posa deux yeux rougis mais toujours cristallins dans ceux de Kuro... Que... Que racontait-il...? Bien sûr qu'elle l'avait fait pour le protéger... Bien sûr... Mais ça n'excusait rien, et surtout pas la manière dont elle y avait pris plaisir... Liquéfié, peut-être ne l'avait-il pas remarqué... Dans tous les cas elle ne voulait pas qu'un malentendu s'instaure... en vue des circonstances ils ne pouvaient plus se le permettre. La main qu'elle avait dans sa nuque glissa le long de sa mâchoire, ses yeux se surchargèrent de larmes, mais elle parvint à retenir les sanglots, le temps de s'exprimer, la voix tremblante:

"Au début oui... Mais le dernier qui était en train de fuir, tu crois vraiment que c'était pour te protéger...? Je l'ai tué parce que j'en avais envie..."

Sa voix sembla comme tomber en panne... En contrepartie elle préféra enfouir de nouveau son visage dans le cou de Kureno, espérant qu'il ne la rejetterait pas... Ca avait été difficile de prononcer ces mots, ces dures vérités... Elle avait peur que Kureno perde encore plus confiance en elle que ce n'était déjà fait à les entendre, mais... Objectivement, il aurait raison. C'était ainsi que ça devait se passer, même si ça ne lui faisait pas plaisir... Etre tous les deux, c'était le plus important?... Si seulement les choses avaient été si simples... Dans tous les cas, oui... Ce n'était plus l'heure de mourir, pour le moment, mais l'heure de rentrer, le temps de se remettre un minimum, de discuter, et de mettre les choses au point... Vu l'état plus qu'inquiétant dans lequel elle avait "trouvé" Kureno, état vaguement similaire au sien, elle avait conscience que sa disparition n'entraînerait à l'heure actuelle que celle de son ami... Etre tant attachés l'un à l'autre... Ils étaient fous. Mais elle aurait voulu que Kureno soit un petit peu moins fou qu'elle, parce que même si ça lui procurait un plaisir immense, et qu'elle lui en était infiniment reconnaissante, l'angoisse qu'elle nourrissait à cet égard était proportionnelle... Il allait leur falloir souffrir encore un peu. Peut-être qu'à force de maltraitances de la part de son "elle-même libérée", il finirait par se détacher... Elle pourrait alors peut-être essayer de remédier au problème que posait son existence avant de définitivement virer... Autant de pensées glauques qu'elle ne pouvait décemment pas se permettre d'échanger avec lui. Elle acquiesça simplement à sa proposition, renifla, et suivit comme elle le pouvait le mouvement instauré par Kureno... Heureusement qu'il la tenait, sans quoi elle se serait effondrée... Mais d'ailleurs...? Comment tenait-il debout lui..? Avait-il retrouvé des forces? Visiblement oui, mais les détails seraient pour plus tard parce qu'il y avait d'autres priorités...

Elle chancela un peu, et dut s'accrocher doublement à son ami histoire de ne pas se ramasser. Elle serra les dents, et appuya son front contre son épaule... Punaise. Elle aurait voulu éviter de peser comme ça sur lui alors qu'il était lui-même affaibli - enfin, normalement - mais là... Elle n'avait plus aucune forces. Et pas seulement. Des élancements tiraillaient sa cage thoracique, son épaule lui faisait extrêmement mal, et pour simplifier, pas une seule partie de son corps ne lui était pas douloureuse... Ces salauds l'avait bien eue!

"Pas trop vite, je crois que j'ai des trucs cassés..."

Outre sa main, qui restait douloureuse. Mais l'hôpital se serait pour un peu plus tard, parce que c'était loin déjà, et qu'ils n'avaient pas la force de s'y trimballer. Puis qu'ils avaient tous deux envie de rentrer en l'occurrence. Bon... Elle parvenait très vaguement à tenir sur ses jambes, mais c'était très vague, alors ils avaient intérêt à se dépêcher, ou bien elle allait crever sur place de faim, de froid, de soif et de fatigue. Malgré ça, elle ressentit le besoin de s'exprimer sans attendre à propos du futur... Kureno devait savoir à quoi s'attendre, au plus vite...

"Je ne suis pas humaine, ni humain... Je ne suis même pas qui je pensais être tu sais...? J'ai juste piqué la personnalité d'une des deux âmes qui constituent la mienne jusqu'à présent... Ne me demande pas comment je le sais, je le sais, parce qu' "il" le savait avant de perdre conscience et de mourir... Tu ne peux pas savoir à quel point ce que je cache est abject, tu ferais mieux de t'éloigner de moi tant que c'est possible..."

Une lueur de douleur passa ses yeux... Elle ne voulait PAS se séparer de lui mais... Avaient-ils vraiment d'autres choix? Dans tous les cas on ne pourrait pas dire qu'elle n'avait pas essayé de le prévenir.
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MessageSujet: Re: Un air de désolation... [réservé]   Un air de désolation... [réservé] 37Mar 27 Mai - 18:57

Evidemment, en vue de ce qu'il venait de se passer, un peu de réconfort n'allait pas être suffisant pour rassurer Ayame. Après tout, oui, elle avait tué des êtres humains... Certes méprisables, mais cela l'avait forcément choquée d'en être arrivée à de telles extrémités. Bien sûr... Et elle ne put s'empêcher de sortir quelques courtes explications, supposées choquer Kureno, et lui faire perdre toute confiance en elle. Supposées seulement. Le jeune homme la regarda simplement, quand elle affirma qu'elle avait tué le dernier parce qu'elle en avait envie. Il n'ouvrit pas les yeux de surprise, ne trembla pas de peur, ne montra aucune gêne. Il était pour ainsi dire impassible... Quoique non, pas tout à fait. En réalité, il paraissait ainsi car il gardait bien en tête le problème dans lequel elle était plongée. Ce changement, cette double personnalité qui n'en était pas vraiment une. Il était bien conscient qu'elle n'était plus maître de ce qu'elle pouvait faire. Et puis... C'était tout de même "pour la bonne cause" non ? Kureno n'avait pas du tout plaisanté quand il lui avait demandé si c'était bien pour le protéger. Il le savait... Ca montrait bien une chose, qu'elle tenait à lui. Ca le rassurait... L'inverse de ce qu'une personne censée aurait pensé. "Et si Ayame me brûlait aussi ? Et si elle me tuait sur un coup de colère ! Oh mon dieu, faut que je la fuis vite et loin !" ... Non. Kureno n'aurait jamais eu ce genre de pensées en tête. Après tout, s'il était parti végéter loin de l'université, c'était pour une autre raison. "Elle l'avait tué par plaisir"... Le jeune homme porta un regard triste, mais sincère, vers celui de son amie. Et un petit sourire gêné apparut sur ses lèvres, peu avant qu'il ne reprenne la parole.

"Pour être franc avec toi... Si j'avais eu tes pouvoirs... Et si ces brutes t'avaient gravement blessée..."

Il détourna le regard, un peu honteux à l'idée d'avouer ce qui allait suivre.

"Je leur aurais arraché les tripes sans hésiter."

Sa voix s'était faite plus douce, moins audible... Mais on pouvait tout de même y percevoir un soupçon de haine envers les "victimes" de cette histoire. Au fond de lui, il hurlait de joie à l'idée de savoir ces êtres rôtis. Peut-être... n'en aurait-il pas pensé de même s'il n'avait pas s'agit d'Ayame. Mais en aucun cas il ne craignait pour sa survie ou pour celle des autres. Ce n'était décidément pas le fruit de ses préoccupations...

"L'essentiel... C'est que tu sois saine et sauve."

Il resserra son étreinte, doucement. Tel qu'il était là, il aurait sacrifié tout un monde pour elle. C'était dans ces moments-là qu'il ne se montrait vraiment pas raisonnable... Mais qu'importe. Il l'aimait, et ça n'allait pas changer de sitôt. Il ne l'avait pas vue depuis seulement deux jours, et juste avant elle l'avait indirectement blessé. Et pourtant... Qu'est-ce qu'elle lui avait manquée. Kureno voulait parler avec elle, simplement discuter. Ca lui redonnerait sûrement la pêche. Même s'ils devaient aborder des sujets franchement déprimants, ce serait toujours mieux que de se laisser mourir dans un coin... Non ? Espérons qu'ils ne retombent pas là-dedans prochainement. En attendant, il leur fallait rentrer... Ils avaient besoin de se soigner et de se reposer, tous les deux. Ils étaient blessés et ils étaient toujours frigorifiés, à découvert sous ce ciel pluvieux. Ce serait difficile, mais ils devraient rentrer. Ca ou appeler quelqu'un pour qu'on vienne les chercher. Mais vu l'état des lieux, et celui de nos deux compères... C'était une solution à éviter de préférence.

Même Kureno n'était pas tout à fait établi, malgré les apparences. Il avait beau forcer... A l'intérieur de lui, il était toujours aussi cassé. Il le sentait à peine, mais les faits étaient là, il avait besoin de prendre du repos. Liquéfaction ou pas, il était incapable de se régénérer en un clin d'oeil, qu'il pleuve ou qu'il vente. Et même en faisant abstraction des blessures... Il avait faim, il avait soif, et il était épuisé. Ces deux derniers jours avaient marqué des points noirs sur son physique et sur sa santé. Mais ça ne l'empêcha pas de vouloir trop en faire. Il sentait bien qu'Ayame était dans un état plus grave que le sien, entre une chose et l'autre. S'il était pressé de rentrer à l'Université, il ne voulait pas forcer la dose. Réduire leurs chances de survie était bien la dernière chose dont il avait envie... Non pas qu'ils étaient en danger de mort, mais ils faisaient vraiment peine à voir, tous les deux. Quand Ayame demanda à son ami de ne pas aller trop vite, il se montra plus doux, et s'excusa timidement. Son regard était vague... Tout ce qui s'était passé ces derniers temps flottait dans son esprit. Il ne se déplaçait que machinalement, ou presque. A force de sentir Ayame contre elle, fatiguée des derniers événements, il ne put s'empêcher d'essayer de la porter... Il glissa un bras le long de sa taille pour l'attraper par les jambes, sous le genou, et la soulever à cinquante centimètres du sol avant de repartir. D'autre part, elle en arriva à lui parler, malgré la fatigue. Elle voulut lui donner plus de détails sur cette chose en elle, histoire de ne pas tarder davantage. Kureno, là encore, montra de l'intérêt sans pour autant trop le montrer. Un simple coup d'oeil vers elle, avant de repartir, doucement... Puis de glisser aux derniers mots de son amie, et de se retrouver à genoux. Il avait tout fait pour ne pas lâcher Ayame, afin qu'elle ne soit pas davantage blessée par sa faute. Et ça avait plutôt bien marché, les pieds de la jeune femme avaient à peine frôlé le sol. Mais d'un autre côté, un cri de surprise et de douleur lui avait échappé, et au moment de se retrouver à terre, il venait de se mordre la langue. Le jeune homme jurait intérieurement... Mais il se retint de le faire oralement. Il préféra dire autre chose... Comme un simple :

"Tais-toi."

Kureno s'était exprimé sur un ton à la fois doux et sérieux. Il ne voulait pas se montrer sec auprès d'elle, mais lui aussi, voulait mettre quelque chose au point. Faisant abstraction de la douleur à ses jambes, il porta un regard grave, mais triste, en direction du visage de son amie. Et il reprit la parole.

"Tu es suffisamment fatiguée comme ça... Et j'ai moi-même du mal à bien assimiler ce que tu essaies de me dire. S'il te plaît... Je veux seulement qu'on arrive dans notre chambre en un seul morceau. On en discutera après, quand on ira mieux... Mais pas maintenant."

C'était plus une demande qu'un reproche. Au fond, Kureno s'inquiétait réellement pour elle à ce sujet. Mais il y avait d'autres choses inquiétantes qui pressaient davantage, comme sa santé physique. Il était incapable de discuter sur un sujet aussi déprimant et de se déplacer tout en la portant. Son état physique était déplorable, et son mental était en miettes. Alors autant ne pas tenter le diable... D'autant que Kureno ne put s'empêcher d'en rajouter, tandis qu'il détourna les yeux, dans un soupir.

"Accorde-moi une faveur... Ne me demande plus de m'éloigner de toi."

Si les larmes ne coulaient pas déjà de ses yeux depuis tout à l'heure, il se serait bien vite remis à pleurer, à la suite de ces quelques mots. Il ne voulait pas la fuir... Il avait fait une erreur et il s'en rendait bien compte à présent. Et plus que tout, Kureno ne supportait pas qu'elle se dise abjecte, même indirectement. Même si elle cachait réellement quelque chose de son calibre en elle, et même si elle changeait dans le mauvais sens à cause de ça, cela ne changerait rien dans le cas présent. Il voulait l'amener dans leur chambre... Oui, LEUR chambre, comme il l'avait dit. Ca faisait ambigu, mais il considérait que d'une certaine manière, ils étaient toujours ensemble. Il voulait rester avec elle. Elle voulait rester avec lui. Y avait-il besoin d'une autre raison pour ne pas se séparer ? Une entité démoniaque incorporelle qui possédait Ayame et qui venait de se réveiller ? Ca n'avait pas empêché Kureno de se relever, et de repartir, doucement... Quitte à devoir s'écrouler au bout d'une dizaine de mètres. Il voulait trouver un abri pour eux deux, c'était tout ce qui importait pour lui. Ils avaient faim, ils avaient soif, ils avaient froid, ils étaient blessés, et ils étaient épuisés. Et s'ils restaient là, ça pourrait très vite devenir de pire en pire. Le jeune homme n'était plus animé que par cette pensée. Même si le ciel leur tombait sur le crâne, il serait bien fichu de le prendre sans même s'en rendre compte. Il voulait juste conduire Ayame en lieu sûr...
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MessageSujet: Re: Un air de désolation... [réservé]   Un air de désolation... [réservé] 37Mar 27 Mai - 20:14

Les larmes avaient cessé... La tristesse était toujours là, profonde, mais elle s'était faite froide, son torrent avait commencé à se calmer, pour en contrepartie devenir noir et pénétrant... En un sens ça faisait encore plus mal, parce qu'une part d'Ayame luttait de toute ses forces contre l'idée même d'accepter un instant ce qu'il lui arrivait, tandis que toute une autre part, plus raisonnable, se rendait bien compte qu'il allait lui falloir se résigner... Le choc des deux était une véritable torture intérieure, silencieuse, pernicieuse... Cette torture, elle était sienne, elle ne devait pas la partager... Ce pourquoi elle regarda ailleurs, peu convaincue, lorsque Kureno lui annonça qu'à sa place, il n'aurait pas fait mieux que ce qu'elle avait fait.

Le problème ne venait pas de là... Même dans son état normal, Ayame aurait pu avoir des envies meurtrières à l'égard de ces abrutis, vu ce qu'il s'était passé. Là ça n'avait pas été que ça... Ca avait été jouissif, ça lui avait rappelé des choses... Comme une réminiscence qui ne voulait pas s'imposer à sa conscience, mais qui venait tout de même titiller ses sensations... Elle avait une fois encore été étrangère à elle-même. Enfin... Etrangère à cette part d'elle-même à laquelle elle s'identifiait, à laquelle elle ne voulait pas si vite renoncer... Enfin. C'était compliqué. Et qu'elle soit saine et sauve n'était qu'un détail... Elle se souciait plus de l'état de Kureno que du sien! Du même temps, elle essayait de lui faire comprendre l'ampleur du problème dans lequel ils baignaient...

Enfin... Elle aurait du se concentrer un peu plus sur ce qu'elle faisait parce qu'en l'occurrence elle avait beau penser, le Kureno dont il était question eut le loisir de la porter. Elle aurait bien essayé d'échapper à ses bras si elle n'avait pas été en train de dire les choses qu'elle était en train de dire, extrêmement importantes... Elle se rendit compte qu'elle aurait mieux fait de répondre à ses pulsions premières plutôt que de laisser passer, lorsque Kuro glissa par terre, et qu'ils atteignirent tous deux le sol d'une manière qui n'avait rien de très délicate... Enfin, façon de parler. Elle était restée en suspension, portée par Kureno. L'amortissement avait juste été un peu violent. Son épaule se mit à chanter de l'opéra, ses côtes jouèrent des percussions et sa tête manqua d'exploser, tandis qu'elle se mettait à avoir le tournis mais... Tout allait bien. Elle serra les dents. Et... TAIS-TOI? Ah en fait non, tout n'allait pas bien. Ses yeux s'écarquillèrent sans attendre, et elle les noya dans ceux de Kureno, étonnée. Ce qu'elle avait dit était certes dur à entendre... Et la manière dont il avait rejeté ses mots n'avait pas été sèche au point de croire qu'il refusait juste de l'écouter mais... Quand même. Pour elle, ces choses constituaient une priorité vitale. Ca lui était dur, de devoir les retenir... Dur de rester seule, de laisser Kureno dans une incompréhension passible de fausser la donne...

"Mais..."

Visiblement il n'y avait pas de mais qui tenait... Kureno ne voulait pas discuter maintenant. Il voulait juste rentrer. Et c'était compréhensible... Elle baissa les yeux, eut une inspiration douloureuse, et soupira. D'accord. Ce serait comme il le souhaiterait. Sauf que la dernière des choses qu'il lui demanda était véritablement difficile à soutenir. Ne plus lui demander de s'éloigner d'elle... Hein? Elle détourna les yeux, très clairement, tandis que de nouvelles larmes y montaient. Ca ne lui faisait pas plaisir... Elle se doutait bien que ça ne lui faisait pas plaisir à lui non plus mais... Pouvaient-il franchement y couper, hein...? Pas sans de gros sacrifices... Et des sacrifices non pas de sa part, mais de celle de Kuro. Elle ne voulait pas que ça se termine ainsi. et voilà qu'il était sur le point de se relever, pour continuer à avancer en la portant... Non mais il n'allait pas bien??! Comme si elle allait passer ça! Pour combattre l'affliction, l'ensemble de ses nerfs lui envoya un bon gros coup de jus, qui la fit descendre de son perchoir, fermement. Que Kureno essaie de l'en empêcher un peu, pour voir...! Elle chancela, mais sourcils froncés passa sans attendre le bras de Kureno autour de son cou, posa son propre bras qui restait de libre derrière la nuque de son ami, de sorte à créer une structure qui leur permettrait plus ou moins de reposer l'un sur l'autre. Il n'allait pas fort, lui non plus, hors de question qu'elle le laisse faire n'importe quoi! Elle ferma son esprit à la douleur et... Une, deux!! Appuya pour réussir à les relever tous deux pour de bon. Son épaule manque de la faire gémir un bon coup, mais elle tint bon... Au moins ça lui donnait une raison double d'avoir les yeux qui pleuraient...

"Accorde moi en une à moi, de faveur... N'essaie plus de me porter quand tu es dans ce genre d'états, tant que j'ai mes jambes je peux marcher..."

Quelques secondes de latence... Elle n'osait plus le regarder dans les yeux. Elle ne pouvait pas promettre qu'elle n'essayerait jamais de l'éloigner d'elle... Parce que... Soudain sa voix s'était faite de nouveau nettement plus timide, même si timide pour Ayame ça restait un bien grand mot.

"J... J'ai peur de te faire du mal... Je ne veux pas en arriver là... Rappelle t-en d'accord? Empêche moi... Si ça vient à mal tourner, ne me laisse pas faire... Je sais pas ce dont je suis capable..."

Elle en avait encore trop dit alors que ce n'était pas le moment... Mais elle n'avait pas pu s'en empêcher. Elle eut un regard pour ce qui restait en derrière... Des corps encore fumants. Il fallait espérer que les survivants auraient trop peur pour parler de quoi que ce soit, car sinon, si il trouvaient le moyen de l'accuser efficacement pour son crime, malgré le côté extrêmement surnaturel de la chose... C'était elle qui était cuite. Décidément, il n'y avait rien pour la rassurer...
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MessageSujet: Re: Un air de désolation... [réservé]   Un air de désolation... [réservé] 37Mer 28 Mai - 20:12

Kureno n'était pas le seul à vouloir forcer la dose visiblement. La jeune femme préféra ne plus se laisser porter pour faire appel à ses jambes, et user ses dernières forces à ses côtés. Il aurait été davantage en forme qu'il aurait essayé de l'en empêcher... Pour le moment, il luttait surtout pour tenir debout. Il la laissa donc se replacer, prêt à agir au cas où elle devrait subir des dommages supplémentaires. Tout du moins... Il SAVAIT pertinemment qu'elle avait mal, et ce n'était pas pour se faire plaisir qu'il la laissa marcher à ses côtés. Il était conscient que d'essayer de l'arrêter serait inutile, les ralentirait, et pourrait même aggraver la situation. Sans avoir répondu à la demande de son ami, Ayame lui en fait une autre à son tour. Ne plus essayer de la porter quand il était dans un état pareil... Cela surprit Kureno, mais pas assez pour lui faire lever les sourcils. Il jeta un vague coup d'oeil vers la jeune femme, tandis qu'elle détourna le regard. Le coin de sa lèvre ne tarda pas à se relever. Que pouvait-il répondre ? "Ouais t'as raison, je tiens trop à mes jambes pour ça !" ? Il était touché par la demande de son amie, mais en même temps... Cela ne faisait que renforcer l'incertitude dans laquelle il avait vécu ces derniers jours. C'était un fait, Kureno était faible. Pourquoi diable aurait-elle besoin de lui ? Il n'y croyait plus... Après tout, si elle lui avait demandé de s'éloigner rapidement et plus le loin possible d'elle... Ca n'avait pas seulement été parce que "vous ne m'aimerez pas quand je suis en colère". Ne pouvait-elle pas lui faire un minimum confiance ? Enfin... Kureno s'efforça tout de même de répondre sur un ton plus optimiste, ce qui était accentué par un petit sourire sur ses lèvres.

"T'en fais pas... C'est pas comme si mes minutes étaient comptées."

Il savait que ça pourrait s'aggraver, mais il ne voulait pas y penser. Se jeter à terre en hurlant à l'aide n'était franchement pas la meilleure solution... Surtout en étant nu sous la pluie. Là encore, c'était une chance que personne ne soit dans les parages, et que le déluge formait une petite brume pour qu'il y ait encore quelques soupçons. Mais même sans ça... Kureno craignait tout sauf d'être attrapé pour attentat à la pudeur. Au pire, il répondrait toujours qu'on les a battus et qu'on lui a volé ses fringues à la mode. Caleçon compris, parce que c'était une marque, même que ouais. Ce serait dur à avaler, mais il n'avait vraiment pas la tête à réfléchir à une autre solution. Il voulait rentrer, mettre Ayame à l'abri, et prendre une douche chaude ! Point ! Happy end ou pas, il s'en moquait bien pour l'instant. Tout allait pour le meilleur du m... Oh ? Oh ben non. Ayame n'avait décidément pas envie de tout garder pour elle, et la voilà repartie. Elle ne savait pas de quoi elle était capable... Et elle avait peur de lui faire du mal... Si seulement.

Kureno ne put s'empêcher de soupirer de tristesse, doucement, et d'afficher à nouveau une tête de dépressif, poches sous les yeux et filets de larmes en cadeau. La seule chose qui avait réussi à blesser profondément Kureno, c'était l'idée de devoir se séparer d'elle. Au fond de lui, il ne voyait pas l'ampleur de la situation... Parce qu'il se moquait de combien elle pourrait lui faire mal. Il n'était plus à ça près de toutes façons ! Il avait failli se faire tuer pour qu'elle ne se fasse pas massacrer par quelques brutes, haha ! Ca le laissait franchement indifférent de savoir qu'elle était capable de le transformer en poulet rôti à tous moments. Quoique... Oui et non. Une part de lui criait à l'aide, et cela depuis qu'Ayame avait découvert qu'elle avait un avenir brillant de pyrokinésiste devant elle. Ces flammes... Cette silhouette... Ce n'était pas une phobie, c'était un souvenir. Du vécu ou seulement de l'entrevue, il n'en savait rien. Mais c'était un peu comme une photo collée dans un album, qui l'effrayait, et dont il voulait se débarrasser. Quitte à jeter tout l'album au feu. Sauf que la photo ne voulait pas brûler, elle était toujours là, dans les cendres, à le narguer... Mais ! Mais à quoi pensait-il ? Le revoilà courbé à trop philosopher sur le côté déprimant de sa vie et de ce qu'il avait pu vivre auparavant ! Encore un peu et il tombait en avant, Ayame avec ! Ayame... Il se ressaisit tout de suite, comme frappé par la foudre. Il devait tenir bon... Il s'était promis de la ramener dans sa chambre, et il allait le faire. Et pour cela, commencer par chasser les idées noires de son esprit ! Ses lèvres tremblèrent, tandis qu'il s'efforçait de dessiner un nouveau sourire. Il lui fallut bien douze secondes pour former une petite courbe, un peu de travers. Et sur un ton vaguement plaisantin, il chercha à la rassurer... d'une manière très Kuroesque.

"Je te dis que ça va aller... ! Et même s'il arrivait quelque chose maintenant, dans mon état, je ne vois pas ce que je pourrais faire !"

Autant dire qu'il y avait mieux quoi. Il pouvait difficilement faire autre chose, surtout qu'il n'avait plus la tête à réfléchir. Mais il se força tout de même... Ce serait son dernier effort mental de leur retour. Après il aurait épuisé tous ses neurones, à part les deux ou trois qui rêvent encore de douche chaude. Son sourire n'avait pas tenu deux secondes, mais il ne trouva pas le courage d'en refaire un autre. Jetant un vague coup d'oeil en direction d'Ayame, il reprit la parole, une dernière fois, sur ce sujet délicat.

"Ma décision est prise de toutes façons... Ca n'arrangera pas les choses d'en discuter maintenant, tu sais. Le plus urgent, c'est de se reposer... D'accord ?"

Inconsciemment, il afficha tout de même un petit sourire, discret. Kureno lui-même ne s'était pas rendu compte de la forme qu'avaient pris ses lèvres. Au fond... Ce qu'il venait de dire résumait sa pensée plus que tout. Bien sûr qu'il était conscient du problème, et qu'il comprenait qu'Ayame passait une période difficile là. Surtout avec son côté "peu humain" qui avait décidé de reprendre le dessus... Mais que pouvait faire Kureno ? Même si elle lui expliquait tout, et même s'il l'écoutait avec toute son attention, la meilleure chose qu'il pourrait faire, ce serait se ramasser par terre... Et puis, quoi ? S'attendait-elle à ce qu'il la laisse en pleine rue ? Qu'il lui dise que finalement il ne voulait plus d'elle ? Pour finalement rentrer à cloche-pied, quitte à se ramasser une nouvelle fois ? C'était inconcevable... Elle n'allait rien changer à en discuter maintenant, c'était certain. Kureno voulait vraiment en discuter avec elle... Mais là ? Non, ce serait inutile, et il pensait avoir convaincu Ayame à ce sujet. Bref... Même si elle continuait à en parler, il n'écouterait plus qu'à moitié. Les quelques cellules de son cerveau se focalisaient sur un et un seul point, comme on pouvait le remarquer à ses murmures... chantonnées.

"Une douche chaude, et du ramen... Une douche chaude, et du ramen... Du ramen, et une douche chaude..."

C'était encore la seule chose capable de lui redonner un peu de volonté. Ca, et l'espoir de pouvoir arranger sa relation avec Aya... Sauf que dès qu'il y repensait, ça le faisait plus déprimer qu'autre chose, de voir à quel point il était inutile. Tellement qu'elle en avait même été jusqu'à... Oula, stop ! On arrête les pensées macabres, on chasse les nuages, et on repart ! Tranquillement, doucement, mais sûrement ! Pour la douche chaude et le ramen ! Et au-delà ! Ou pas.
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Ayame Keita
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MessageSujet: Re: Un air de désolation... [réservé]   Un air de désolation... [réservé] 37Jeu 29 Mai - 13:10

Tu parles que ses minutes étaient pas comptées tiens...! Dans leur actuel état, Kureno et Ayame ne tiendraient pas les prochaines heures, si ils ne parvenaient pas à Hokubu avant, ne se nourrissaient pas et ne prenaient pas de repos! Enfin... Kureno semblait se porter un peu mieux maintenant qu'avant mais... Quand même. Ils étaient deux à être dans un sale état, ça n'aurait pas été normal que Kureno assume leurs blessures pour deux. Ayame aurait eu trop honte de se faire porter de la sorte juste parce qu'elle était mal en point! Puis elle aurait culpabilisé en plus. Bref. Hors de question de revenir sur sa décision! Soit ils revenaient bras dessus bras dessous, soit rien du tout!

Quelques paroles difficiles passèrent outre ses lèvres et de suite, elle se sentit à nouveau nettement moins bien. La réponse de Kuro ne fut pas pour la soulager... Mais franchement, c'était normal. Qu'aurait-il pu lui répondre d'autre...? Rien. Elle restait sceptique. Ca irait hein...? Ouais... Espérons le quoi, mais elle doutait fortement que ça puisse aller si elle pétait un câble et se mettait à harceler Kureno, à le violer, et à le considérer comme sa chose... Hm.

"Si tu le dis..."

Elle l'avait bien vu, que Kureno n'avait pas été ravi qu'elle ramène le sujet sur le haut de la discussion... Mieux valait qu'elle se la ferme dorénavant, même si ça l'obsédait. Il le lui rappela explicitement, et elle détourna les yeux, honteuse.

"E.. Excuse moi. C'est juste que... Ca me fout tellement les jetons que j'arrive plus à penser à autre chose... C'est comme si plus rien n'avait d'importance sauf éviter que "ça" arrive..."

Rire nerveux. Elle leva les yeux au ciel, avec un sourire crispé. Elle essayait d'empêcher les larmes de se remettre à couler contre son visage, mais c'était un peu loupé, deux ou trois roulèrent le long de ses joues...

"... C'est stupide mais bon..."

Elle souffla, et tenta d'évacuer tout ça... Les murmures chantés de Kureno ne parvenaient même pas à la soulager, ne serait-ce qu'un peu. Pourtant, elle essayait. Elle ferma les yeux un court instant, et tenta de se laisser bercer. Ses nerfs parvinrent à regagner leur calme, la douleur la tenait un minimum éveillée... Elle rouvrit tout de même les mirettes, histoire de ne pas marcher de traviole, et de savoir où elle allait.

"J'ai plutôt envie d'un curry géant, un truc bien consistant avec la méga dose de riz... Depuis le temps que j'ai pas vu de près des baguettes je crois que je pourrais manger un éléphant..."

Elle tenta de sourire de son semblant de plaisanterie pas drôle, mais ça sonnait faux... Le sourire se transforma en grimace tandis qu'elle baissait la tête, et attrapait l'épaule de Kureno plus fermement. Allez, on se laissait pas abattre... et on avançait!

"On est pas loin, on va y arriver..."

Il suffisait d'y croire! Quant aux jours à venir... Bien. Elle allait tenter de les oublier, pour l'instant. Une fois rentrés ils se prépareraient, calmeraient leur estomac, puis sombreraient dans le sommeil pour un temps nécessaire... Le reste viendrait après.
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